L’ogre va bientôt rugir !
Non, non et non! Je ne parle pas de Shrek ni d'un monstre légendaire caché quelque part dans une grotte dans une région éloignée de la population.
Alors Steevee de quoi tu parles ?
Je parle d'un corps qui a une masse de 4 millions de fois notre Soleil. Si vous vous connaissez un peu sur l'astronomie, vous avez compris que je parle d'un trou noir. Le trou noir que je vais parler est celui de notre galaxie, la Voie Lactée.
Trou noir… galaxie… Oui oui! Pour ceux qui ne le saurait pas encore, la plupart des grosses galaxies comme la Voie Lactée ou Andromède, notre jumelle qui est à 2,2 millions d'années lumière, ont en leur centre un trou noir. Une question persiste dans l'esprit des astronomes et astrophysiciens : est-ce que les trous noirs existent avant la formation des galaxies ? Surement ils auront une réponse d'ici quelques dizaines d'années avec toutes ces découvertes que la science nous dévoile depuis ces dernières années.
Un trou noir attire tout ce qui l'entoure et qui s'approche jusqu'à une certaine distance. Il arrive que des étoiles commencent à se regrouper autour d'un trou noir et commencent une danse qui pour certaines étoiles devient une danse funéraire.
Revenons à nos moutons… Ou plutôt à ce gros mouton….
Comme je disais notre galaxie a en son centre un trou noir. Dernièrement il a eu de la visite et il a décidé de se prendre une bouchée. D'ici quelques temps les astrophysiciens devraient voir des rayons X venir du trou noir. Et oui! Car lorsqu'un trou noir "digère" son repas, il émet des rayons X. Un autre indice que les astrophysiciens utilisent pour trouver des trous noirs dans l'Univers.
La pitance qui vient de nourrir le trou noir est en fait un nuage de poussière et de gaz froid de trois fois la grosseur de la Terre. Je vous mets un dessin (ci-dessus) qui explique un peu ce qui se passe au centre de la Voie Lactée avec l'arrivée de la pitance qui nourrit le trou noir. Ces informations seront publiées dans la revue Nature au mois de janvier.
Depuis 20 ans que le centre de notre galaxie est sous observation par l'équipe internationale d'astropysiciens (Allemagne, États-Unis, Chili) dirigée par Stephan Gillessen du Mac Planck Gesellchaft et aidé par l'Observatoire europé.en austral (ESO). Ce programme de recherche utilise les télescopes de 8,20 mètres du VLT, installés sur le Mont Paranal, dans les Andes chiliennes, sous un ciel d'une pureté cristalline, sec et sans pollution lumineuse (Photo du centre galactique ci-dessous).
Le centre galactique a toujours intrigué les scientifiques, de l'Antiquité jusqu'à nos jours. Ces trous noirs supermassif se niche au centre gravitationnel. Ils sont d'une classe à part. Leur existence découle de la concentration en un volume très petit d'une masse gigantesque.
Au point que sa force de gravité définit une "vitesse de libération" – celle qui permet de sortir de son puits de gravité (Einstein) – qui excède la vitesse de la lumière. Donc, en théorie rien ne peut en sortir, même les photons véloces (sauf le rayonnement de Hawking).
Expliquons un peu comment les astrophysiciens font pour découvrir les trous noirs.
Ils se signalent par une absence de rayonnement. La cartagraphie précise des mouvements d'étoiles autour d'un trou noir supermassif situé au centre de notre galaxie (regardez l'animation ci-dessous). Cette animation a été produite par l'égide de Stefan Gillessen qui a permis de s'assurer de la présence du trou noir, trahi par son influence gravitationnelle.
Lorsqu'un trou noir absorbe des éléments, cette matière émet une lumière "violente" de rayon X et gamma qui signe de manière caractéristique la présence du trou noir. Cest exactement cela qui arrivera bientôt pour le trou noir de notre galaxie.
L'élément "digéré" est un nuage de gaz de plusieurs masses terrestres, traqué depuis sept ans par les télescopes du VLT. Le nuage de gaz accélère rapidement à l'approche du trou noir. L'équipe de Stefan Gillessen et Reinhard Genzel a vu le parcours se courber sous l'attraction croissante du trou noir à mesure de l'approche. La vitesse du nuage a doublée et est rendu à 8 millions de km par heure, ce qui amène une dislocation du nuager.
Dans l'image vous verrez le nuage de gaz depuis 2002, dans le cercle rouge.
Durant l'année 2013, le nuage passera à 40 milliards de kilomètres du trou noir, soit 36 heures lumière, ou environ 50 fois la distance Soleil – Jupiter. Pour l'échelle cosmique cette distance est petite et permet de vous montrer la puissance d'un trou noir. Il faut tout de même préciser qu'une partie seulement du nuage sera happée.
Les gaz et poussières chauffés à blanc par cette chute de plus en plus rapide, vont émettre des flots de rayons X et peut-être des photons gamma. Ils devraient être visibles pour les télescopes terrestres. Pour finir la lumière sera absorbée par le trou noir et disparaîtra derrière ce que les astrophysiciens ont baptisé "l'horizon des évènements". Une preuve simple à dire, mais lourd en conséquence car cela veut dire qu'on ne sait rien de ce qui s'y passe puisqu'il est impossible de l'observer.
Depuis plusieurs paragraphe je parle du nuage de poussières et de gaz. Ce nuage serait constitué de jeunes étoiles massives proche du centre galactique. Elles évacuent du gaz très loin, en raison d'un vent solaire très fort. L'attraction gravitationnelle des étoiles aurait constitué ce nuage, qui maintenant se dirige vers l'ogre sans fond!
Pour info il y a une semaine une équipe affirme avoir découvert les deux trous noirs les plus massifs de l'Univers, soit près de 10 milliards de masses solaires. Ils sont situés aux centres des galaxies NGC 3842 et NGC 4889.