M. Georges de Dubor, l’érudit auteur des Mystères de l’Hypnose (1920), a publié la description suivante d’une maison hantée qu’il tient de personnes absolument honorables, intelligente, et dont la sincérité ne peut être suspectée. Le chef de la famille, M. Boussoulade, occupe au ministère des Finances une importante situation. C’est un homme posé, sérieux, estimé de tous. Voici les faits, d’après une déclaration écrite de Mme Boussoulade, certifiée exacte par les autres membres de la famille, témoins des phénomènes.
Le 1er juillet 1914, je quittais Paris pour le village de Vodable, en Auvergne, avec une de mes cousines, ses enfants et mes deux jeunes filles âgées de neuf et douze ans. Nous avions loué une propriété dans un site ravissant; nous dominions une riche vallée. La maison, bâtie sur les restes d’un château féodal, avait au rez-de chaussée des murs épais et de solides voûtes. Habitée de longue date par la même famille, elle était remplie de vieux meubles et de portraits.
En voici la disposition : au rez-de chaussée, salon-bibliothèque, salle à manger; au premier étage, antichambre meublé et orné de portraits, trois chambres, les miennes, puis deux autres occupées par les domestiques.
Le mois de juillet s’écoula dans le calme; août nous apporta les angoisses de la guerre, et le 1er septembre, ma soeur arriva, fuyant Paris menacé, accompagnée de son fils âgé de dix-neuf ans, garçon grand et robuste. – Ils étaient à peine remis des fatigues de leur long et pénible voyage, que commencèrent à se produire les phénomènes qui font l’objet de cette lettre.
Le 7 septembre, vers 8 heure et demi du soir, réunis dans la chambre rouge du premier étage, celle de ma soeur, nous entendons sonner la cloche, située dans l’antichambre. Personne n’avait tiré le cordon de cette sonnette, qui se trouvait sous nos yeux.
– Le 8 septembre, nouvelle sonnerie, à plusieurs reprises, à la même heure que la veille. Ensuite, dans l’antichambre, un portrait tombe sur la tête de mon neveu. Nous remettons à leur place clou et tableau.
– Le lendemain matin 9, un sabre provenant d’une panoplie fixée au mur de la bibliothèque, au rez-de chaussée, est trouvé sur le sol, sans sa gaine, les clous le retenant au mur étaient intacts. Le soir de ce jour, la sonnette du premier étage recommence son tintement; le tableau tombe à la même heure que la veille.
– Le 10, rien. Le 11, sonneries fréquentes, le soir, entre 9 heures et 9h30. Impatientés, nous mettons du papier dans la sonnette; ce papier tombe et le tintement recommence. Je prie alors mon neveu d’arracher ce battant insupportable; la chose est faite, non sans peine. Un instant après, un des portraits du vestibule s’agite violemment, allant de droite à gauche, dans un mouvement de balancier.
– Le 12, les tableaux de la salle à manger sont trouvés penchés. À 7 heures du soir, un cache-pot de cuivre, placé sur une fenêtre de l’escalier, à mi-étage, descend avec fracas, sur son fond, les marches de pierre et ne s’arrête qu’au rez-de-chaussée. Remis à sa place, il redescend à nouveau.
– Le 13, en voulant pénétrer dans ma chambre, au second étage, vers 7 heures du soir, je constate avec terreur que ma porte est fermé à double tour, la clef étant resté en dedans; il en est de même pour la porte du couloir, qui commande la seconde chambre; impossible donc de rentrer chez moi. On arrive à crocheter la serrure et à pénétrer dans les pièces. – Le même soir, réunis tous dans la bibliothèque avec deux visiteurs, nous voyons un portrait se détacher du mur et tomber au milieu de la pièce; le clou est au mur, le cordon intact. Nous montons visiter nos chambres; derrière nous, une malle tombe du haut d’une armoire, une porte est fermé à clef; la clef cachée par ma soeur dans un tiroir connu d’elle seule, a disparu.
– Le 14, un grand feu s’allume dans la cheminée du salon; un tableau de l’antichambre est projeté au-dessus de la tête de la femme de chambre, son clou est au mur, son cordon intact. En nous mettant à table le soir, nous voyons s’abaisser le cordon de la sonnette de la salle à manger et celle-ci se met à sonner. Dans la bibliothèque, sous nos yeux, un tableau tombe, violemment arraché du mur avec les clous qui le retenaient.
– Le matin du 15, ma cousine est enfermée dans sa chambre comme dans une prison; les clefs des portes ont disparu et nous les cherchons vainement. Le serrurier arrive et aussitôt les clefs tant cherchées sont retrouvées très en évidence. Depuis ce jour, nos clefs resteront toujours sur nous et nos chambres demeureront fermées en notre absence pour éviter toutes nouvelles plaisanteries, et pourtant chaque soir, ma cousine, ma soeur, mon neveu, trouveront dans leur lit en se couchant, des plants de navet, des pincettes, des assiettes, des chardons et jusqu’au buste de l’ancien propriétaire du logis.
– Le 16, le cache-pot de cuivre remonte au premier étage; le sabre tombe à terre, hors de son fourreau.
– Le 17, une assiette caché dans le lit de mon neveu, puis posée sur un autre meuble, est violemment projetée à terre; en face, sur un autre meuble, un chandelier est jeté aussi.
– Le 19, je pars avec mes enfants pour Bordeaux où se trouvait mon mari; heureuse de fuir cette maison inhospitalière, mais mon départ ne devait pas arrêter le cours de ces facéties, qui se continuèrent en mon absence.
Le 20, mon neveu, près de s’endormir, se sentit soulevé par une force invisible avec son lit fort lourd en acajou presque verticalement. Ma soeur, ma cousine, accourues à ses cris, ont été témoins du fait. – En présence de ces phénomènes, aussi étranges que troublants, le départ pour Paris est décidé; alors, les facéties, se multiplient. Le buste de l’ancien propriétaire est trouvé dans le lit de la chambre rouge, la tête sur l’oreiller, les couvertures remontées sous le menton et, plus tard, dans le lit de mon neveu. Un cache-pot de cuivre, placé dans l’antichambre, fait un bond prodigieux pour retomber au milieu de l’escalier; replacé sur la fenêtre, il descend les marches comme la première fois sous les yeux des assistants. Un pot de grès bondit à travers la cour de la remise où il se trouvait et vient se briser sur la table de la salle à manger, en passant par la fenêtre ouverte.
– Le 24, jour du départ, on replace les tableaux tombés précédemment; ils retombent à nouveau. Les meubles du salon – pièce où rien encore ne s’était passé – sont renversés; on les relève; ils tombent une seconde fois; il en est de même, aucun siège ne reste debout. Réunis pour le dernier repas autour de la table de la salle à manger, les convives voient cette table s’agiter, se soulever et se diriger du côté de ma soeur. – Rentrés à Paris, ma soeur, ma cousine et mon neveu ont retrouvé le calme dont je jouissais moi-même à Bordeaux, oublieuse des événements fantastiques dont j’avais été témoin. – Dans le courant de décembre, je reviens à Paris avec mon mari et mes enfants
. Le 17 de ce mois, nous nous trouvons réunis chez ma cousine, pour un dîner de famille, à la veille du départ de mon neveu pour l’armée. A peine étions-nous assis autour de la table que celle-ci s’agite et se soulève. Le bois fait entendre des craquements ininterrompus. Nous questionnons la table – un coup, oui; deux coups, non – les réponses sont ridicules ou incohérentes. Nous achevons de dîner à grand-peine. Durant la soirée, trois sonnettes électriques tintent d’elles-mêmes.
– Le lendemain, nouvelle réunion chez moi pour déjeuner. La table fait de véritable bonds dès que nous sommes assis autour d’elle et s’agite plus fortement encore que la veille à tel point qu’il faut, pour la maintenir, toutes nos forces réunies. Dans le salon, après le repas, un cache-pot de bronze quitte son support sous nos yeux et bondit au milieu de la pièce à trois reprises; un fauteuil est jeté à terre par trois fois aussi. Au moment du départ, nos convives cherchent longtemps leurs chapeaux disparus et les retrouvent dans les lits ou derrière les meubles. – Ma cousine part, et le calme se rétablit; elle revient une heure après et, de nouveau, la table s’agite, les objets sont lancés à travers la pièce, tout cesse après son départ. – Sur ces entrefaites, mon neveu est parti pour l’armée (il a été tué au mois de mai 1915) et, depuis lors, nous n’avons plus eu aucun fait de ce genre à enregistrer.
vous avez des info récente sur cette maison car elle doit être a 10 ou 15km de chez moi et j’irai bien y passé quelque vacance pour votre site