En juin 1973, une équipe d’astrophysiciens avait organisé une mission scientifique à bord de l’avion supersonique français pour suivre le parcours d’une éclipse solaire. La mission « Eclipse 1973 » avait filmé et photographié le spectacle durant 74 minutes, en restant dans l’ombre de la Lune. La télévision avait largement couvert l’événement.
Quelques mois plus tard, trois des membres français de l’expérience dévoilaient dans le journal télévisé de 20h00 une information extraordinaire : durant la poursuite du soleil, ils avaient capturé l’image d’un ovni. Une image prise au-dessus du Tchad qu’ils n’avaient découverte qu’avec le développement des milliers de clichés pris pour l’expérience, et que le présentateur du journal montrait aux téléspectateurs.
Un cliché inattendu
Sur l’image, on apercevait un point lumineux, entouré d’un cercle se transformant en disque à force d’agrandissements. Un disque aux contours nets apparaissait à l’écran, le journaliste précisant que les techniciens de l’Institut d’astrophysique de Paris « avaient pris leur temps » pour vérifier sa véracité, « avant de le présenter » publiquement.
De fait, pendant plus de sept mois, les scientifiques avaient envisagé toutes les hypothèses possibles, « de l’illusion d’optique à la foudre en boule », précisait le présentateur, pour en arriver à l’hypothèse la plus surprenante, celle de la « soucoupe volante ». Le journaliste prononçait prudemment les lettres composant l’acronyme O.V.N.I., rappelant qu’elles signifiaient « objet volant non identifié » et ajoutant qu’à l’Institut d’astrophysique, on se gardait bien d’attribuer à ce cliché « une quelconque valeur scientifique ».
Ce 31 janvier 1974, trois membres de la mission avaient accepté de raconter à Michel Chevalet leur découverte aussi incongrue qu’inexpliquée. La photo présentée plein cadre allait d’abord être commentée par l’un des photographes de la mission. Il expliquait dans quel contexte elle avait été prise, juste après l’éclipse, à travers le hublot de l’appareil. Il précisait qu’il n’avait rien vu d’anormal lors de l’expérience dans le viseur de l’appareil et que ce n’était qu’au moment du développement qu’il s’était aperçu « qu’il y avait quelque chose d’insolite sur ce cliché ».
Un objet étrange
L’astrophysicien Serge Koutchmy, à son tour interrogé, déclarait avoir pratiqué une expertise de l’image méticuleuse. Il affirmait « que l’on pouvait très raisonnablement exclure toute une série d’effets optiques ou photographiques d’origine accidentelle ». Mais sa révélation s’avérait particulièrement troublante. Selon lui, l’objet était immobile, se situant à 15 ou 20 km du Concorde, avec une dimension « de l’ordre d’une centaine de mètres », et obligatoirement situé dans la stratosphère, au-dessus de l’avion.
Michel Chevalet interrogeait ensuite le professeur Jean-Claude Pecker (directeur de l’Institut d’astrophysique de Paris de 1972 à 1979) sur l’emploi du mot « objet ». Visiblement embarrassé, le scientifique parlait d’une « image » et ajoutait « moi aussi ça me gêne. En fait, nous ne savons pas ce que c’est. Nous avons un élément unique, un cliché unique ». Il pouvait néanmoins affirmer qu’il ne s’agissait ni d’une erreur technique ni d’un reflet, tout en ignorant sa nature. À l’évocation du mot « soucoupe volante », Jean-Claude Pecker restait prudent, préférant parler de « phénomène stratosphérique ».
À la fin de l’interview, Michel Chevalet lui demandait s’il croyait à l’existence des extraterrestres. Là aussi, le directeur de l’Institut d’astrophysique préférait rester évasif, se contentant de répondre croire « à une vie extraterrestre très probable, mais la communication avec la vie extraterrestre me parait très improbable ».
Une explication rationnelle
Lors de cette interview, les astrophysiciens étaient restés très prudents, mais néanmoins catégoriques sur la véracité de l’objet. Pourtant, quelques jours plus tard, le 4 février, le professeur Pierre Guérin, astrophysicien et maître de recherches au CNRS, venait lire en direct un communiqué du professeur Serge Koutchmy mettant un terme définitif à l’hypothèse ovni.
Dans le magazine « Actuel 2 » présenté par François de Closets, consacré aux ovnis, il livrait une explication astronomique du phénomène. Désormais, selon son collègue, l’objet aperçu sur la photo prise dans le Concorde n’était qu’un phénomène météorologique, un nuage stratosphérique ou mésosphérique qui aurait été provoqué par le passage ou la désintégration d’une météorite diurne. Et le professeur de commenter avec enthousiasme :
« cette explication colle trop bien, elle est manifestement magnifique ».
Concorde avait donc eu rendez-vous avec des météores, mais pas avec des extraterrestres, le débat était clos.
Source : ina.fr