La nouvelle a fait grand bruit en 2005 !
Des tissus mous ont été retrouvés dans le fémur brisé d’un Tyrannosaurus rex mort voici 68 millions d’années…
« Impossible !!! », se sont alors écriés des spécialistes, car les vaisseaux sanguins comme ceux trouvés ne peuvent théoriquement pas être conservés si longtemps…
En effet, dans les meilleures conditions possibles et selon des modèles, ils se désagrégeraient, quoi qu’il arrive en moins d’un million d’années…
Pour ces détracteurs, Mary Schweitzer université d’État de Caroline du Nord, États-Unis et ses collaborateurs se sont donc probablement trompés…
Pourtant, l’équipe en question est parvenue à extraire des protéines de collagène de leurs échantillons…
Présentés en 2007, les résultats de leur séquençage n’ont laissé aucun doute : ces molécules présentent de nombreuses similitudes avec le collagène du poulet…
Or, cet animal n’est autre qu’un descendant des dinosaures au sens classique du terme, puisqu’il s’agit d’un oiseau…
En 2012, l’utilisation d’une technique immunologique localisation de l’épithope OB 3.7 sur des protéines PHEX a une nouvelle fois confirmé l’origine animale, et non bactérienne, des échantillons…
Face aux preuves avancées, il devient difficile de nier l’évidence : des tissus mous de dinosaures nous sont bien parvenus…
Mais comment l’expliquer ? En répondant à cette question dans les Proceedings of the Royal Society B, l’équipe de Mary Schweitzer vient peut-être de fournir des éléments qui devraient convaincre les derniers sceptiques…
Le secret de cette conservation exceptionnelle porte un nom :
Le fer, un élément largement présent dans le corps des vertébrés…
Le fémur du tyrannosaure juvénile d’où a été extrait le collagène…
Les restes fossiles de ce dinosaure carnivore ont été découverts dans le Montana, aux États-Unis. « © Museum of the Rockies … »
Les tissus mous trouvés chez le Tyrannosaurus rex, mais aussi chez un Brachylophosaurus canadensis, ont été observés au moyen d’un microscope électronique à transmission, et analysés par spectroscopie des pertes d’énergie, diffractométrie de rayons X et spectroscopie de structure près du front d’absorption de rayons X…
Ces trois techniques ont été des plus utiles, puisqu’elles ont permis aux chercheurs de constater la présence de nanoparticules de fer au sein des échantillons :
Des goethites αFeO(OH). Grâce à des tests immunoréactifs, il a alors été supposé qu’elles sont intervenues dans la préservation des protéines de collagène, probablement en ajoutant des liens entre leurs acides aminés. Encore fallait-il le vérifier…
Le fer est présent en quantité dans le corps des vertébrés, notamment car il entre dans la composition de l’hémoglobine, cette protéine impliquée dans le transport de l’oxygène dans le sang…
Or, le fer serait libéré à la mort de l’hôte, pouvant alors s’assembler sous la forme de nanoparticules. Pour vérifier son rôle insoupçonné d’agent de conservation, les chercheurs ont imaginé une expérience pour le moins originale…
Des vaisseaux sanguins extraits d’os d’autruche ont été immergés dans deux solutions durant plusieurs jours ou plusieurs années :
Une eau avec des solutés et un bain d’hémoglobines d’autruche et de poule…
Résultats :
Les tissus mous se sont désagrégés en quelques jours dans l’eau, alors qu’ils ont subsisté plus de deux ans dans l’hémoglobine…
Ainsi, la conservation des tissus de dinosaure nécessiterait deux facteurs :
Un enfouissement très rapide, pour limiter la dégradation bactérienne, et la présence de fer, pour fixer les protéines, comme le font les formaldéhydes des taxidermistes…
Mary Schweitzer et ses collaborateurs disposeraient déjà d’un protocole permettant d’extraire les nanoparticules de fer des échantillons, donc des protéines…
Et pourquoi pas de l’ADN. En effet, plusieurs indices suggèrent que des séquences nucléotidiques vieilles de 65 millions d’années ont également été conservées, mais cela reste encore à confirmer !…
Signé : Castor