Elle était caissière au supermarché Mammouth de Chalon-sur-Saône. Le 14 novembre 1986, la jeune femme quitte son travail vers 21 heures et devait rejoindre la ferme familiale à vélomoteur située à Saint-Loup-de-Varenne. Il ne lui faut pas plus d’un quart d’heure pour faire le trajet. Son cadavre sera retrouvé plus de cinq mois plus tard le 20 avril 1987 dans la rivière de la Dheune sur la commune de Géanges à 30 km de son domicile. S’il est impossible d’identifier le visage et le corps en décomposition, la famille reconnaît les bijoux à la main et le pull. L’identification formelle est réalisée grâce à l’implantation dentaire. Le meurtre ne fait aucun doute. Faute d’indices, l’enquête patauge.sylvie-aubert-a-ete-tuee-en-1986.jpg

D’intenses recherches sont alors menées : 300 personnes dont de nombreux gendarmes, quadrillent le secteur à pied. Le père de Sylvie lance un appel à la télé. En 2007 apparaît le nom d’Ulrich Muenstermann impliqué dans deux meurtres similaires de femmes. Mais la preuve de sa présence sur Chalon n’est alors pas avérée.

Grâce à l’implantation dentaire, l’identification formelle est ensuite réalisée. Le meurtre ne fait plus aucun doute.

Les parents de Sylvie Aubert / Capture d'écran - Reportage France 3

Les parents de Sylvie Aubert envisagent plusieurs scénarios. Ils avancent la possibilité que quelqu’un qui la connaissait la surveillait, lui voulait du mal. Le soir de sa disparition, alors qu’elle roulait sur une route peu empruntée, la jeune femme portait un casque, un blouson et un jean. Autrement dit, pour sa sœur, Martine Aubert, « elle était méconnaissable »… Sauf pour quelqu’un qui était au courant de son itinéraire.


Archive du journal Le Courrier de Saône-et-Loire

Martine Aubert, sœur de la victime, en 2019. Photo Emmanuelle Bouland / Le JSL
Martine Aubert, sœur de la victime, en 2019. Photo Emmanuelle Bouland / Le JSL

Faute d’indices, l’enquête tourne en rond. Quelques années plus tard, en 1996, elle se conclut par un non-lieu. Mais dix ans plus tard, pour éviter la prescription, Martine Aubert se porte partie civile, et un juge reprend l’affaire en main, avant qu’un rebondissement ait lieu. Le mode opératoire du meurtrier rappelle celui d’Ulrich Muenstermann, un tueur en série allemand de 57 ans. Ce dernier a été condamné en appel à la réclusion à perpétuité pour le viol et le meurtre de Sylvie Bâton, à Avallon, dans l’Yonne, en 1989. L’étudiante de 24 ans, qui vivait seule et avait confié à sa mère que cela l’inquiétait, avait été retrouvée morte dans sa baignoire.

Avant une longue période d’errance en Europe, dont on ne sait pas grand chose, Ulrich Muesntermann avait tué et violé une jeune femme de 25 ans, du nom de Karen Oehme, dans son pays d’origine.


Sylvie Bâton a été violée et assassinée en mai 1989, dans l’Yonne. Photo DR

Sylvie Bâton et Karen Oehme, deux femmes sportives, présentaient des similitudes physiques avec Sylvie Aubert. Aussi, elles ont elles aussi été retrouvées avec les mains ligotées par du fil de fer ou du fil électrique. Après avoir été violées, elles ont été étranglées, à l’instar de Sylvie Aubert.

Au quotidien, cette Martine Aubert, qui se refuse à voir le meurtre de sa sœur impuni, peut compter sur le soutien de l’association éponyme Christelle, dont l’une des personnes à en être à l’origine est la mère de Christelle Blétry, lycéenne tuée en 1996. Son corps avait été retrouvé le 28 décembre, au bord d’une route de campagne à Blanzy. Elle avait été violée et poignardée 123 fois. Elle aussi fait partie des « disparues de l’A6 ».

Les «cold cases» des disparues de l’A6 – Affiche réalisée par l’association Christelle

Cette association d’aide aux victimes d’agression criminelle de Saône-et-Loire, dont le président est Bernard Hommey, regroupe les familles d’une dizaine de jeunes filles tuées dans la région depuis les années 1980.

Elle a tristement vu la liste des victimes s’allonger au fil des années. Sollicitant dans un premier temps les instances politiques locales et régionales, elle a pris du poids et une dimension nationale lorsqu’elle s’est rapprochée du cabinet de l’avocat parisien Maître Didier Seban. Les ministres successifs de la Justice, Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati et Christiane Taubira, ont été saisis par l’association qui croit à l’action groupée. Les familles ont retrouvé de l’espoir fin 2011, avec le spectaculaire rebondissement de l’interpellation d’un suspect, 25 ans après le meurtre de Christelle Maillery, 16 ans. Jean-Pierre Mura sera condamné à 20 ans de réclusion, peine confirmée en appel en 2016 à Dijon.

L’affaire Christelle Bletry, jeune femme de 20 ans tuée à Blanzy en 1996 d’une centaine de coups de couteau, avait également connu un rebondissement en 2014, 18 ans après les faits, avec l’arrestation de Pascal Jardin. Condamné en 2017 à la perpétuité, il a vu sa peine confirmée en appel en octobre 2018.

Tout au long de l’année, les membres de l’Association organisent des animations, des ventes de fleurs, de brioches ou encore des dîners dansants, afin de récolter des fonds. Des activités qui semblent bien loin du combat de ces familles endeuillées, mais qui sont pourtant essentielles, notamment pour pouvoir financer les frais d’avocat et espérer un jour résoudre ces affaires.

Maître Seban, avocat de Martine Aubert, s’évertue à convaincre le juge d’instruction de pousser les investigations pour déterminer l’itinéraire d’Ulrich Muesntermann en Bourgogne, et déterminer s’il est passé par la Saône-et-Loire.

En juin 2016, la gendarmerie lance un appel pour retrouver ce culturiste admirateur de Schwarzenegger. L’homme, qui pèse 110 kilos pour 1,80 m, aurait fréquenté dans les années 1980 diverses salles de sport du Chalonnais. « Si Sylvie est tombée dans les mains de ce colosse, elle n’avait aucune chance de s’en sortir », confie alors au JSL l’aînée de la victime.

Les enquêteurs se rapprochent d’anciens adhérents du complexe sportif American Fitness, à Chalon-sur-Saône, qui auraient pu le croiser. Un numéro Vert est mis en place pour tenter de recueillir des témoignages.

En mai 2017, le Parisien révèle que les gendarmes de la section de recherches de Dijon se sont récemment rendus à Geldern (Allemagne) pour l’auditionner.

Ulrich Muenstermann, ici sur des photos prises en 2002 et en 1993. Le nom du tueur et violeur en série allemand, 58 ans, revient dans bon nombre d'affaires criminelles non élucidées. (LP/PHILIPPE DE POULPIQUET)
Ulrich Muenstermann, ici sur des photos prises en 2002 et en 1993. Le nom du tueur et violeur en série allemand, 58 ans, revient dans bon nombre d’affaires criminelles non élucidées. (LP/PHILIPPE DE POULPIQUET)

Ce dernier aurait alors nié se trouver dans le département, au moment de la disparition de Sylvie Aubert. Il aurait assuré avoir résidé au Royaume-Uni, et s’y être « marié avant de devenir électricien ». Une théorie contredite plus tard par le témoignage d’une ancienne collègue de la jeune femme, qui indique aux enquêteurs avoir reconnu le tueur, avant de préciser que Sylvie prenait parfois sa pause déjeuner avec lui. D’autres témoins assurent avoir aperçu à Chalon le camping-car Volkswagen bleu et blanc de l’Allemand, alors réparateur de télévisions. « C’est une hypothèse sérieuse. Des vérifications complémentaires sont certainement nécessaires. Ce tueur a toujours tout nié dans les affaires précédentes. C’est lorsqu’on lui met les points sur les i qu’il lâche des éléments de reconnaissance des faits », insiste alors Maître Didier Seban, auprès du Parisien.

Cette version est privilégiée, puisque les policiers vont ensuite retrouver une preuve de sa présence en Saône-et-Loire. Une fiche d’inscription dans une salle de sport, signée de sa main, prouve qu’il a séjourné à Chalon-sur-Saône en 1986. « Le mode opératoire sur les deux meurtres et le fait de le repérer dans la région en font un suspect intéressant ! », indique alors Maître Seban au JSL. Mais cette piste ne donnera jamais rien. Réputé affabulateur, le meurtrier est un suspect extrêmement difficile à cerner : c’est un véritable « bloc de béton impénétrable », qui a longtemps brouillé les pistes, et n’a été confondu que 18 ans après avoir commis son meurtre dans l’Yonne, en raison de son ADN.

Le 6 mars 2019, l’association Christelle et Martine Aubert ont participé à l’audience de la cour d’appel de Dijon, qui doit décider ou non de la fermeture du dossier.

C’est le cabinet parisien Seban, qui défend les intérêts de l’association de Blanzy, qui a plaidé devant la juridiction. Les avocats avaient fait appel du jugement de la justice de refermer le dossier, faute d’éléments probants pour le poursuivre. Les proches de la famille et des membres de l’association estiment que tout n’a pas été fait pour résoudre ce meurtre et obtenir la vérité.

La décision de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Dijon sera connue le 15 mai 2019.

Sources : Le JSL, France 3 Bourgogne-Franche-Comté, Le Parisien, l’Ina, l’association Christelle.

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Author: Reynald

J'ai crée ce site en 2004 car j'étais un passionné de paranormal et je voulais partager ma passion avec les gens qui ont la même passion. Bonne lecture.

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