David Joseph Carpenter était un homme soigné, bien habillé et charmant malgré son bégaiement. On le voyait souvent promener son teckel, Herman, dans le quartier. Il partageait un foyer avec son père et sa mère partiellement aveugle. Elle aimait faire pousser des fleurs dans le jardin de devant. derrière ce charmant fils se cacher un monstre.Il aimait violer et tuer des femmes. Carpenter a été arrêté pour la première fois à l’âge de 17 ans pour avoir agressé sexuellement une fillette de 3 ans. Il a été condamné à 90 jours d’hospitalisation. Ses crimes ont continué.
Edda Kane est sortie le 19 août 1979 pour parcourir les sentiers d’un parc situé au pied du mont Tamalpais, également connu sous le nom de « la dame endormie », qui surplombe le Golden Gate Bridge de San Francisco. À 44 ans, elle était une cadre bancaire mariée au style de vie athlétique. Ce jour-là, elle n’a trouvé personne pour la rejoindre, elle est donc sortie seule pour faire de l’exercice. Mais elle n’est pas rentrée chez elle ce jour-là, et son mari, inquiet, a contacté la police. Croyant qu’elle avait des ennuis, ils ont envoyé une équipe de recherche, y compris des maîtres-chiens, au cas où elle serait tombée et se trouverait dans un endroit inaccessible. Mais malgré le fait que sa voiture soit restée intacte sur le parking, ils n’ont pas réussi à la localiser cette nuit-là.
Trouvée le jour suivant, Edda était morte. Elle avait été attaquée par derrière et avait une blessure par balle à l’arrière du crâne. La police a pensé, au vu de sa position à genoux, le visage contre le sol, qu’elle avait peut-être été forcée de se soumettre à son assassin, voire de le supplier pour sa vie. Le tueur avait retiré 10 dollars de son portefeuille, ainsi que quelques cartes de crédit, et avait pris ses lunettes mais avait laissé ses bijoux. C’était le premier meurtre connu à Tamalpais.
Les témoins ont décrit deux hommes seuls, l’un blond et au comportement plutôt étrange, et l’autre portant une veste bleu foncé qui le faisait apparemment transpirer. Il se cachait le visage avec, mais les gens ont estimé qu’il avait environ 35 ans.
L’autopsie a montré qu’Edda avait reçu une balle de calibre 44 et qu’elle avait été victime d’une attaque de type exécution. Pourtant, elle n’avait pas été violée, de sorte que le motif de cette attaque impensable restait un mystère. En fait, aucune personne qui connaissait Edda ne pouvait penser à une quelconque raison pour laquelle quelqu’un aurait pu vouloir lui faire du mal. Il y avait peu de preuves dans la région pour aider la police à retrouver son assassin, et le meurtre n’a donc pas été résolu. Il a secoué les personnes qui fréquentaient le parc, mais après un certain temps, les choses sont revenues à la normale. Cependant, le meurtre d’Edda Kane finit par acquérir un statut différent, car il ne s’agit plus d’un simple homicide isolé non résolu, mais du premier d’une longue série.
La principale source de cette vague de meurtres au début des années 1980 est le livre de Robert Graysmith, The Sleeping Lady, ainsi que des articles de journaux californiens, principalement le San Francisco Chronicle. Une autre source importante est le premier livre de John Douglas, Mindhunter, car il est le profiler du FBI qui s’est impliqué dans l’affaire lorsqu’il est apparu qu’un tueur en série était en liberté. Il fournit des informations importantes sur la manière dont ce tueur a été étudié, ainsi que des explications sur les raisons pour lesquelles il aurait pu être un tueur en série psychopathe.
Graysmith ouvre son livre avec la légende de la Dame endormie : un dieu du soleil est tombé amoureux d’une jeune Indienne et l’a emportée dans le ciel. Mais il a trébuché sur le mont Diablo et en retombant sur Terre, elle a été tuée. C’est à l’endroit où elle a touché le sol que la montagne est censée avoir pris la forme d’une femme endormie. Ou d’une femme morte.
Signaux mixtes
Il n’y a pas eu d’autre incident violent avant le printemps de l’année suivante, mais début mars, le corps de Barbara Schwartz, 23 ans, a été retrouvé dans le même parc où Edda Kane a été tuée. Lors d’une randonnée avec son chien le 8 mars, la jeune boulangère avait été poignardée à plusieurs reprises plutôt que tuée par balle, et ses blessures avaient été infligées à la poitrine. Mais un témoin avait assisté à tout l’épisode, et c’est elle qui a conduit les rangers sur la scène du crime.
Cette randonneuse observait à travers les arbres un homme mince et athlétique d’environ vingt-cinq ans, selon elle, qui s’approchait de Barbara Schwartz, dont le chien aboyait. Il avait un nez de faucon et des cheveux noirs, et il portait des chaussures de randonnée. À sa grande surprise, il a soudainement commencé à poignarder Barbara avec un couteau. Ils se sont battus pendant près d’une minute, puis il s’est enfui alors que Barbara tombait au sol. Le témoin a couru pour demander de l’aide, la scène de crime a donc été rapidement examinée et un rapport de témoin a été rédigé. La police a trouvé une paire de lunettes bifocales tachées de sang qui, espérait-elle, avait appartenu au tueur.
Rétrospectivement, la description du témoin s’est avérée en tout point erronée – ce qu’elle a elle-même admis par la suite – et a induit l’enquête en erreur pendant un certain temps. D’autres randonneurs avaient vu ce jour-là un homme seul, portant des lunettes, qui semblait avoir la quarantaine. Il portait un imperméable, malgré le fait qu’il ne pleuvait pas. Bien que personne ne le sache à ce moment-là, cet homme était plus probablement le meurtrier de Barbara.
Le pathologiste a compté douze blessures distinctes dans sa poitrine et il a estimé que son agresseur avait utilisé un couteau de dix pouces. Quelques jours plus tard, des enfants ont trouvé un couteau à désosser près de la scène du crime, couvert de sang. Il s’est avéré qu’il avait été acheté dans une chaîne de magasins d’alimentation, mais l’endroit précis n’a pu être déterminé. Malheureusement, un journaliste de télévision l’a manipulé, effaçant les empreintes digitales.
Les lunettes à double foyer trouvées près de Barbara se sont avérées provenir de la prison, et les enquêteurs se sont donc affairés à vérifier les listes de condamnés récemment libérés, en particulier ceux ayant un casier judiciaire de crimes sexuels et ressemblant au portrait-robot réalisé par un artiste de la police à partir du rapport du témoin. C’est à ce moment-là que le bureau local du FBI à San Francisco est intervenu, ainsi que d’autres agences. Cependant, l’enquête n’a donné aucune piste valable.
En fait, la police d’une autre juridiction a interrogé ce soir-là un homme qui prétendait avoir été blessé dans l’attaque d’un dépanneur, mais n’ayant pas accès au bulletin d’information du comté de Marin, elle n’a pas fait le rapprochement.
Bien que l’on ne puisse pas les blâmer pour cela, ils ont négligé de découvrir qu’il y avait eu un vol de dépanneur dans la région. Quoi qu’il en soit, cet homme, avec ses manières tranquilles, ne ressemblait en rien au prédateur qui avait poignardé Barbara Schwartz à mort, de sorte que le lien n’aurait probablement pas été fait cette nuit-là.
Le lendemain, l’homme blessé s’est rendu chez un optométriste – le médecin de Barbara Schwartz – pour se procurer une nouvelle paire de lunettes. Bien que la police l’ait interrogé sur l’ordonnance de Barbara, il n’a jamais entendu parler ni vu le prospectus concernant les lunettes trouvées sur les lieux. C’est regrettable, car il est probable qu’il aurait reconnu la prescription unique. Au lieu de cela, le tueur était libre de continuer.
Un de plus
De nouveau, les mois passent, puis une autre jeune femme entre seule dans le parc pour faire son jogging. Les gens avaient certainement peur de se retrouver dans les zones sauvages, mais quelques-uns voulaient démontrer que les parcs étaient en grande partie sûrs. Ils allaient bientôt apprendre le contraire.
Anne Alderson, 26 ans et ancienne volontaire du Peace Corps, a été vue par plusieurs personnes le 15 octobre, à la fin d’un long week-end de Columbus Day, et le gardien du parc s’est souvenu l’avoir vue assise seule dans l’amphithéâtre de 5 000 places pour regarder le coucher du soleil. Il a envisagé de la mettre en garde contre le danger potentiel d’être seul au crépuscule, mais a décidé de ne pas la déranger. Selon M. Graysmith, plus tôt dans la journée, ce même témoin avait également vu un homme seul dans le secteur, âgé d’environ 50 ans, qui se tenait simplement debout. Deux autres personnes, dit John Douglas, se souviennent avoir vu Anne près de la zone où Edda Kane avait été tuée plus d’un an auparavant. Puis elle a apparemment été attaquée, une cible facile, au dire de tous.
Elle aussi avait été touchée par une seule balle d’un pistolet de calibre 38, qui avait traversé le côté droit de sa tête, mais dans cet incident, il y avait une différence significative : Anne avait été violée puis autorisée à se rhabiller. Sa boucle d’oreille droite avait disparu et elle avait été plaquée contre un rocher, face contre terre. Ce qui reliait clairement ce meurtre à celui d’Edda Kane était sa position. D’après sa disposition tordue, il semble qu’elle ait également été forcée de s’agenouiller avant d’être tuée. Ce que la police ne savait pas encore, c’est qu’il y avait deux autres victimes ce week-end-là, mais que seule Anne avait été retrouvée rapidement.
Non loin de là, un double homicide commis à peu près à la même heure a permis de trouver un suspect, car les victimes avaient toutes deux été abattues par un individu apparemment dément.
Un bon suspect
Dans une maison non loin du Mont Tamalpais, le 16 octobre 1980, deux personnes sont retrouvées tuées par balles. Selon les archives judiciaires, voici ce qui s’est passé : Mark McDermand, 35 ans, et son frère, Edwin, 40 ans, résidaient tous deux avec leur mère, Helen McDermand, 75 ans, à Mill Valley. Vers 20 h 30, les adjoints du shérif sont entrés de force dans la maison à la demande d’un ami inquiet. Ils ont trouvé le corps d’un homme étendu dans un couloir à gauche du salon, qu’ils ont appris être Edwin. Il était mort depuis environ 12 heures, et plusieurs blessures par balle étaient évidentes à la tête et à la poitrine.
Dans une chambre fermée à clé se trouvait le corps d’une femme âgée, identifiée ultérieurement comme étant Helen, allongée sur le lit et recouverte d’une couverture. Le corps présentait une seule blessure par balle derrière l’oreille gauche. Huit douilles de calibre 22 étaient éparpillées sur le sol : cinq près du corps d’Edwin, une dans le salon près de la porte de la chambre d’Helen, une près d’une étagère entre les chambres d’Edwin et d’Helen, et une dans la chambre d’Edwin.
En regardant autour d’eux, les adjoints sont sortis et ont observé une petite porte cadenassée menant au sous-sol. Après avoir forcé l’entrée, ils ont découvert une note collée sur le côté intérieur de la porte, adressée à « Shitheels » et déclarant qu’au moment où la note serait découverte, ce serait « bien trop tard« . l’auteur serait trouvé dans les journaux télévisés ou sur une « dalle ». Il était signé « M. La haine. »
Ce sous-sol malodorant et sale avait été la chambre de Mark McDermand. Il semblait être un suspect probable, car il y avait des douilles de calibre 38 dans sa chambre, ainsi que trois balles de calibre 22, et des étuis de cheville pour une arme de poing et un couteau.
Le coroner a déclaré par la suite que, bien qu’il ait été impossible de déterminer l’heure exacte du décès de l’une ou l’autre des victimes, des échantillons du liquide de leurs yeux suggéraient que les deux décès avaient eu lieu trois à quatre jours plus tôt.
Quelques jours plus tard, les journaux locaux, le shérif du comté de Marin et d’autres membres de son personnel ont reçu des lettres d’un individu qui revendiquait la responsabilité du crime. Un expert en graphologie a déclaré que l’auteur de ces lettres était le même que celui qui avait écrit la note collée sur la porte de la chambre de Mark,l’auteur a affirmé qu’il ne serait pas capturé vivant. Comme il suivait manifestement les informations, la police a mis au point un plan pour l’attirer : elle a indiqué que s’il se rendait, elle le traiterait équitablement. Ils ont publié une lettre adressée à Mark, lui donnant un numéro de téléphone.
Capture
Un individu s’identifiant comme Mark McDermand a appelé le numéro le soir même, le 24 octobre. Il a dit qu’il envisagerait de se rendre, mais qu’il avait d’abord des choses à faire. Il a appelé à nouveau deux jours plus tard, décrivant les détails des meurtres. Il a dit qu’il avait essayé de tuer sa mère et son frère rapidement, mais qu’il avait fait un mauvais calcul avec Edwin et avait dû lui tirer dessus cinq ou six fois. Son motif était d’empêcher Edwin de faire du mal à d’autres personnes et d’empêcher sa mère de se rendre compte qu’il avait tué Edwin. Il a ensuite accepté de se rendre le jour suivant.
Lorsqu’il s’est approché de la police, McDermand portait une ceinture dans laquelle se trouvait un revolver de calibre 38. Il avait également un jeu de menottes pour le pouce et trois chargeurs rapides. Dans sa voiture se trouvaient un pistolet de calibre 22, un fusil de chasse de calibre 12, des munitions, une boîte métallique contenant de nombreuses seringues hypodermiques et des flacons d’insuline. Mark était diabétique.
Une fois l’enquête terminée, la police pensait avoir une bonne idée de l’histoire. Edwin avait l’habitude d’agir bizarrement et on lui avait diagnostiqué une schizophrénie. Son état s’est rapidement détérioré. Mark s’impatiente et l’appelle « ça » ou « la chose ». À une ou plusieurs reprises au cours des six mois précédant les meurtres, il avait confié à un ami, dépité, qu’il ne savait pas ce qu’il adviendrait de son frère une fois que leur mère serait partie, et qu’un jour il « mettrait fin à la misère de ‘ça' ».
McDermand avait emprunté les armes à feu qu’il avait utilisées lors des homicides, puis s’était préparé à prendre la fuite pendant plusieurs mois. Pour sa défense, il a dit qu’il avait agi en raison de capacités diminuées et a indiqué que, comme son frère et sa mère, il souffrait de schizophrénie. Il n’est guère contesté que l’état mental d’Edwin était désorganisé, et il a été prouvé que Mark avait lui aussi des maux de tête et des pertes de mémoire. Il a affirmé qu’il ne se souvenait même pas des meurtres ou, lorsqu’il s’en souvenait, qu’il avait plusieurs versions différentes.
Le jury a néanmoins déclaré Mark McDermand coupable de deux chefs d’accusation de meurtre au premier degré, et il a été condamné à la peine de mort. Pourtant, son rôle potentiel dans les meurtres de trailside a été rapidement résolu : aucune de ses armes ne correspondait aux balles utilisées sur les deux victimes abattues. Et, le plus révélateur, c’est qu’après son arrestation, les meurtres ont continué. La découverte suivante a été effrayante.
Une décharge macabre
À la fin du mois de novembre, il est apparu que le tueur avait été plus actif que la police ne le pensait. Quatre corps ont été retrouvés le même jour et les victimes semblaient avoir été tuées par paires, deux récemment et deux au moins six semaines auparavant.
Une jeune femme nommée Shauna May était censée retrouver des amis le 28 novembre dans le parc Point Reyes National Seashore pour faire une randonnée. Ce parc, situé à quelques kilomètres au nord de San Francisco, n’était pas encore devenu le théâtre d’un massacre. Comme elle ne s’est pas présentée, ses amis ont alerté les responsables du parc. Il a fallu deux jours avant qu’ils ne trouvent son corps nu. Elle avait été attachée avec du fil de fer, tuée de trois balles dans la tête, et poussée dans une tranchée peu profonde. L’autopsie a déterminé plus tard qu’elle avait été violée.
Tout près d’elle, au point de la toucher, se trouvait le corps d’une autre jeune femme, Diana O’Connell, vingt-deux ans. Elle aussi avait disparu lors d’une randonnée avec des amis. L’une d’elles se trouvait devant elle sur le chemin, l’autre un peu derrière. Aucune des deux ne l’a vue s’échapper.
Les deux victimes gisaient ensemble, face contre terre. Il semble que Diana, touchée une fois à la tête, ait été assassinée en même temps que Shauna May, puisqu’un autre randonneur avait entendu quatre coups de feu dans cette zone en milieu d’après-midi. Leurs vêtements étaient empilés sur leurs sacs à dos et une culotte était fourrée dans la bouche de Diana. Elle avait été étranglée avec du fil de fer et violée également. La police a supposé que le tueur avait interrompu l’une de ces femmes dans sa randonnée avec l’intention de la violer et que l’autre était arrivée au mauvais moment. En tant que témoin, elle a dû être éliminée elle aussi. Une enquête ultérieure a révélé qu’elles ne se connaissaient pas.
Mais la journée s’est avérée pire que ce que l’on avait prévu. Au cours des recherches, deux autres corps ont été découverts à 800 m de là – en fait, ils ont été trouvés en premier – et les deux victimes avaient reçu une balle dans la tête. Pour la première fois, l’une des victimes était un homme. Ils ont été identifiés comme étant Richard Stowers, 19 ans, et Cynthia Moreland, 18 ans.
Ils étaient fiancés et étaient partis ensemble en randonnée à la mi-octobre, dans une région que Cynthia connaissait apparemment très bien. Ils avaient été portés disparus le 11 octobre, mais n’avaient pas été retrouvés. En fait, Rick était considéré comme déserteur des garde-côtes.
Une autopsie a permis de situer l’heure de leur mort quelques jours avant celle d’Anne Alderson. Soit deux prédateurs rôdaient dans la région, soit la même personne était allée chercher des victimes dans deux parcs différents. L’analyse balistique a confirmé que le tueur d’Anne Alderson avait aussi tué May et O’Connell. Il y avait bel et bien un prédateur très mortel qui était en liberté et il ne s’arrêterait sûrement pas de ci tôt.
Dans les deux parcs, les randonneurs étaient avertis de ne pas faire de randonnée seuls, bien que le fait d’être accompagné d’une autre personne n’ait pas aidé Stowers et Moreland. Les personnes qui aimaient les sentiers naturels ont trouvé d’autres endroits où aller ou sont restées chez elles jusqu’à ce que les meurtres soient résolus.
Les personnes qui avaient aperçu une victime accompagnée de quelqu’un ont donné le peu dont elles se souvenaient, et le shérif du comté de Marin, G. Albert Howenstein Jr., a fait réaliser un dessin composite pour montrer à d’autres personnes qui s’étaient également trouvées dans la zone. Cependant, il a été difficile d’obtenir un consensus sur les caractéristiques principales. Selon Douglas, les témoins ne s’accordent pas sur des points tels que l’âge de l’homme vu avec une victime et les traits de son visage.
De nombreuses personnes se souviennent encore d’une série de meurtres dans la région qui n’ont jamais été élucidés, et Douglas indique que l’on se demande s’il ne va pas réapparaître.
Zodiac – David Carpenter
Entre décembre 1968 et juillet 1969, soit une décennie avant les Trailside Killings, un homme a abattu deux couples à Vallejo, en Californie, à deux reprises, et a appelé pour s’en attribuer le mérite. Un jeune homme avait survécu pour donner une description. Puis les rédacteurs en chef de trois journaux de San Francisco ont reçu chacun une partie d’une étrange lettre prétendant provenir du tueur de Vallejo. Il avait utilisé trop d’affranchissement et son message consistait en un cryptogramme imprimé composé de symboles et signé d’un symbole en forme de cercle croisé. Il fallait les assembler pour déchiffrer le code, ce qu’un professeur local, après un travail minutieux, a réussi à faire. Son auteur jouait manifestement un jeu sadique, puisqu’il décrivait sa joie de tuer des gens et son intention de continuer à le faire.
Ainsi commence le jeu du chat et de la souris du « Zodiac« , comme il se fait appeler. Puis il s’est attaqué à un troisième couple. Le 27 septembre 1969, Cecelia Ann Shepard et son ami, Bryan Hartnell, pique-niquaient au lac Berryessa, lorsqu’un homme portant une cagoule noire de bourreau s’est approché d’eux. Il les a poignardés, attaquant la jeune fille à plusieurs reprises, et a ensuite appelé la police pour le signaler. Il a frappé à nouveau, deux semaines plus tard, tuant le chauffeur de taxi Paul Stine. Peu après, le Chronicle a reçu une lettre avec un morceau déchiré de la chemise de Stine. Pourtant, aucune piste ne s’est avérée fructueuse, et on a spéculé que ce même tueur avait été responsable du meurtre d’une jeune femme dans une autre ville également. Le Zodiac a gardé des contacts sporadiques avec le SFPD et le Chronicle, mais ses meurtres semblaient se terminer avec sept victimes, malgré des revendications – et des menaces – plus extravagantes de sa part.
De nombreux suspects ont été identifiés, mais aucun n’a été confirmé. L’affaire s’est avérée être l’une des rares fois où un meurtrier en série semblait être très intelligent et bien éduqué, faisant de ses crimes une série de jeux à plusieurs niveaux. Le fait qu’il semble se retirer et faire profil bas est inquiétant, car s’il reste en liberté, il peut toujours recommencer, là ou ailleurs. Douglas suggère qu’il a pu être arrêté pour quelque chose, ce qui l’a empêché d’agir. Pour autant que l’on sache, il s’agissait de la même personne, fraîchement libérée, même si le mode opératoire était certainement différent. Personne n’appelait pour s’attribuer le mérite de ces meurtres, ni ne proposait de codes.
L’hiver s’est écoulé sans autre mésaventure à ce que l’on sache (on apprendra plus tard que ce n’était pas le cas), mais la police était occupée par son enquête. Ils n’avaient toujours aucune piste. C’est à cette époque que le nouvel art du profilage est apparu.
Les Profileurs
En 1980, écrit Douglas, la police de la baie de San Francisco avait demandé l’aide du FBI pour la série de meurtres commis sur des sentiers de randonnée. À cette époque, la presse avait déjà surnommé le coupable le « tueur des sentiers de randonnée ». La demande initiale a été adressée à l’agent spécial Roy Hazelwood, qui était un expert en crimes sexuels. Lui et Douglas avaient publié cette année-là un article sur le meurtre par luxure, établissant les distinctions entre les tueurs organisés et désorganisés, et Hazelwood pensait que les agressions sexuelles étaient généralement motivées par l’agression, le sexe ou le pouvoir. Les fantasmes qui surviennent autour de la puberté influencent le type de victime qu’un tueur par convoitise choisit, ainsi que son approche, ses activités sexuelles préférées, ses rituels et sa décision de compléter (ou non) l’acte par un meurtre.
Hazelwood considérait les délinquants sexuels comme étant soit impulsifs, soit ritualisés. Les délinquants impulsifs étaient opportunistes et généralement d’intelligence et de moyens économiques inférieurs, et leur comportement sexuel répondait souvent à des besoins de pouvoir ou de colère. Les délinquants rituels, quant à eux, se livrent à des paraphilies et à des comportements compulsifs qui répondent à un besoin psychologique spécifique. En centrant leur vie sur cette activité, ils ont appris à mentir et à manipuler pour la cacher aux autres et la garder secrètement active.
Hazelwood discute de l’affaire avec Douglas, qui est à l’époque le seul profileur à plein temps du Bureau sur le terrain, et ils travaillent ensemble. Ils font tous deux partie de la première génération de profileurs du FBI, un groupe d’agents d’élite triés sur le volet pour apprendre l’art de l’analyse psychologique des scènes de crime. Ils n’avaient pas encore eu d’affaires marquantes qui leur auraient valu une visibilité nationale, mais ils étaient de plus en plus souvent consultés par des juridictions locales dont les enquêteurs étaient prêts à examiner toutes les possibilités d’aide.
L’idée de base d’un profil criminel était d’acquérir un ensemble d’informations révélant un modèle commun pour une description générale d’un UNSUB (sujet inconnu) en termes d’habitudes, d’emploi éventuel, de statut martial, d’état mental et de traits de personnalité. La recherche d’une évaluation expérientielle d’un criminel à partir d’une série de scènes de crime implique une victimologie détaillée – l’apprentissage de faits significatifs sur la vie de la victime, en particulier dans les jours et les heures qui ont précédé sa mort. Leurs déplacements ont été cartographiés et les enquêteurs ont étudié toutes leurs communications personnelles pour y déceler des signes indiquant qu’ils ont pu croiser le chemin d’un suspect viable.
Douglas s’est rendu à San Francisco pour examiner les données de la scène du crime et les photos du cas, et il a déclaré que le tueur serait familier avec la région (donc un homme du coin), mais qu’il était timide, reclus et qu’il avait peut-être un défaut d’élocution. Contrairement à ce qu’avaient décidé certains psychologues locaux, qui avaient décrit le délinquant comme charmant, sophistiqué et beau, Douglas pensait qu’il serait peu sûr de lui dans les situations sociales. Il choisissait des victimes d’opportunité plutôt que de préférer un certain type de victime. Il était blanc, intelligent, ouvrier, et avait passé du temps en prison. Son mode opératoire consistait à s’approcher par derrière, si possible, et à devenir agressif pour submerger la victime. Il était « comme une araignée attendant qu’un insecte vole dans sa toile ». Il avait des antécédents d’au moins deux des trois indicateurs de fond : allumage de feu, énurésie et cruauté envers les animaux. Douglas pensait cependant qu’il était probablement dans la trentaine et qu’il avait récemment subi des facteurs de stress précipitant. Bien qu’il ait commis des viols avant cette série de meurtres, il n’avait pas tué.
Le fait que Douglas ait été si précis au sujet du défaut d’élocution a suscité beaucoup de doutes de la part des membres du groupe de travail , ils se sont demandés comment il pouvait savoir une telle chose. Douglas a expliqué que les zones de meurtre isolées, la méthode d’approche et le fait que le délinquant n’approchait pas ses victimes dans une situation sociale pour les attirer indiquaient un certain degré de timidité ou de honte. Il pense que c’est dû à une maladie physique. Le fait de dominer quelqu’un donnait au tueur un certain sentiment de compensation pour son handicap. « Il a une sorte de défaut qui le dérange vraiment », a-t-il dit.
Le profil n’offrait rien que l’on puisse appeler une piste viable à moins d’avoir un suspect, donc la police était toujours au même point. Ils avaient un type qui parcourait les zones les plus denses des sentiers de randonnée, à l’affût de victimes potentielles. Avec les nombreux kilomètres de sentiers autour de San Francisco, il n’y avait pas grand chose à faire.
Après le retour de Douglas à Quantico, le tueur a frappé à nouveau en mars 1981. Cette fois, cependant, il a fait une grave erreur. Pour lui, c’était le début de la fin, même s’il était passé dans un autre parc.
Survivant
Ellen Marie Hansen et Stephen Haertle, étudiants de premier cycle à l’Université de
Californie à Davis, faisaient une randonnée dans le parc d’État Henry Cowell Redwoods le 29 mars 1981. Cette région se trouvait à environ quatre-vingts miles au sud de San Francisco, près de Santa Cruz – une autre ville qui avait subi une série de meurtres au début des années 1970. Edmund Kemper, John Linley Frazier et Herbert Mullin y avaient tué à peu près à la même époque, Frazier visant une famille, Kemper tuant des étudiantes et Mullin s’imaginant devoir éliminer des « sacrifices » pour protéger l’État d’un tremblement de terre. Cela faisait cependant près de dix ans que tout cela était arrivé et les trois délinquants étaient en sécurité derrière les barreaux.
Steve Haertle décrira plus tard ce qui s’est passé, car il a réussi à survivre malgré les coups de feu. Un homme s’est approché d’eux, dit-il, non loin d’un pont d’observation et il avait un pistolet à la main. Il les a menacés avec et a insisté pour que Hansen le laisse la violer. Elle a refusé, et Haertle a supplié l’homme de les laisser partir, mais l’inconnu a levé son arme et, devant Haertle, a tiré sur Hansen à bout portant, deux fois, dans la tête et une fois dans l’épaule. Haertle, horrifié, n’a pas pu s’enfuir car l’inconnu lui a également tiré dessus. Cependant, les balles ont traversé son cou et il n’a pas été tué. L’homme a fui la zone tandis que Haertle cherchait de l’aide auprès d’autres randonneurs.
Il était manifestement dans une position idéale pour fournir à la police une description de cet agresseur, bien que les traumatismes liés aux armes à feu altèrent souvent la mémoire. Steve se souvient des dents jaunes tordues de l’homme et pense qu’il avait environ 50 ans et était chauve. Il avait un sac à dos et portait des lunettes noires, ainsi qu’une veste dorée avec des inscriptions dans le dos et une casquette de baseball. En outre, il avait parlé avec des phrases rapides et autoritaires. Steve estime qu’il mesurait entre 1,70 m et 1,80 m et pesait environ 80 kg.
En plus de ce que Haertle a rapporté, d’autres personnes ont également signalé un homme qu’elles ont vu sur le pont d’observation, courant après les coups de feu, et s’éloignant dans une voiture rouge de marque étrangère. Une fille pensait qu’il s’agissait d’une Fiat. Le Post Standard a indiqué qu’il y avait eu sept témoins en tout qui ont signalé l’homme à la police. La description physique obtenue différait sensiblement de celle du tueur du comté de Marin, mais pas du mode opératoire.
Si la police doit se fier aux témoins oculaires, elle sait aussi que la mémoire est délicate et que de nombreuses personnes qui croient en ce qu’elles ont vu se trompent néanmoins. Environ 80 % des personnes disculpées ces dernières années, qui ont purgé une peine de prison, peuvent attester de ces erreurs. Un homme a même vu cinq témoins faire des dépositions erronées qui l’ont lié à un meurtre.
Pourtant, les enquêteurs ont réussi à obtenir de bonnes empreintes de chaussures, de sorte que s’ils trouvaient un suspect, ils pourraient comparer sa pointure, et peut-être même ses chaussures (s’il ne les a pas jetées).
Ils ont publié le dessin composite dans plusieurs journaux, à la fois pour alerter les gens sur l’apparence de cette personne dangereuse et pour obtenir de nouvelles pistes de la part des habitants qui pourraient la connaître. Quatre jours plus tard seulement, une femme a appelé pour décrire un homme qui ressemblait à la photo. Elle avait participé à une croisière au Japon quelque vingt-six ans auparavant et avait confronté un jeune homme du nom de David Carpenter, commissaire de bord sur cette croisière, qui avait importuné sa fille par son comportement inapproprié. Elle se souvenait qu’il bégayait – le défaut d’élocution que Douglas avait suggéré – et avait la preuve de son nom à l’endroit où il avait signé le livre de sa fille.
La police a enquêté, mais il y avait beaucoup d’hommes en Californie du Nord nommés David Carpenter. Alors qu’ils avançaient dans leur enquête, le tueur lisait le journal. Il a décidé qu’il était temps de se laisser pousser la barbe. Il avait aussi trouvé le moyen d’attirer une autre jeune femme dans son filet. Cependant, cette fois, il a tué beaucoup plus près de chez lui, ce qui a conduit la police directement à lui. Soit stupide ou arrogant, il a fait une autre erreur, et pendant que la police en profitait, une jolie blonde est devenue une victime.
L’ami de confiance
Le 2 mai, Heather Roxanne Scaggs, 20 ans, a dit à son petit ami qu’elle allait voir David Carpenter au sujet d’une voiture d’occasion , soi-disant, un ami de Carpenter la vendait et il allait l’aider à l’acheter. Elle était étudiante à Econo Quick Print, où Carpenter enseignait aux gens comment utiliser les machines à écrire sur ordinateur, et il lui arrivait de la raccompagner chez elle dans une voiture de fonction. Elle avait mentionné vouloir avoir sa propre voiture, alors il lui a parlé de cette opportunité. Il lui a même proposé de lui prêter la somme qu’elle n’avait pas encore. En fait, il lui a tellement mis la pression avec des incitations supplémentaires qu’elle a fini par céder et accepter d’aller avec lui. Avant de partir, elle a donné à son petit ami, Dan Pingle, le numéro et l’adresse de David Carpenter, ainsi que l’heure à laquelle elle pensait revenir.
Mais elle n’est pas revenue à ce moment-là, ni quelques heures plus tard, alors Pingle est parti à sa recherche et a confronté Carpenter. Il a prétendu qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés ce matin-là. Pingle a alerté la police. Il savait que Carpenter avait demandé à Heather de ne dire à personne où elle allait et d’apporter 400 $ pour la voiture. Elle était dans une position vulnérable et avait même exprimé une certaine inquiétude à l’idée de partir.
La disparition d’Heather a fait resurgir le nom de Carpenter, déjà identifié comme ressemblant au dessin composite. C’était une trop grande coïncidence. Bien qu’aucun corps n’ait été retrouvé, Heather avait à peu près le bon âge pour être une victime comme celles tuées le long des sentiers de randonnée. La police a vérifié les dossiers et a trouvé l’agent de libération conditionnelle de Carpenter, Richard Wood. En écoutant leurs inquiétudes, il a commencé à faire le point. Graysmith enregistre son intuition que Carpenter pourrait être le tueur recherché par la police.
La police apprend maintenant que Carpenter n’est pas apparu dans les registres des détenus libérés lors de la première recherche, en raison d’un vice de forme. Il avait été libéré par la Californie pour purger une peine fédérale, explique Douglas, et pendant qu’il était libre, il était techniquement en détention fédérale. Si ce n’était pas le cas, il aurait pu être repéré beaucoup plus tôt.
Wood pensait qu’ils devaient garder un œil sur Carpenter, et il a fait ce qu’il pouvait pour faciliter leur accès à lui. Les détectives l’ont interrogé sur Heather et ont trouvé qu’il ressemblait au portrait-robot de la personne vue sur les lieux des meurtres de Trailside. Ils avaient également appris qu’il était un délinquant sexuel habituel, un autre élément qui n’était pas entièrement documenté dans son dossier. Le groupe de travail multi-agences s’est mis en marche pour commencer à le suivre.
« S’il vous plaît, ne me faites pas de mal »
Le FBI, ainsi que les autorités locales, ont installé un fourgon de surveillance devant la maison du 36 Sussex Street à San Francisco où David Joseph Carpenter, 51 ans, vivait avec ses parents âgés.
Ils l’ont également suivi dans les endroits où il se rendait, en particulier lorsqu’il s’associait à d’autres criminels. Graysmith inclut plusieurs photos d’une vidéo où ils l’ont surpris en train de marcher avec un sac à provisions à la main. Ils se sont approchés de lui avec précaution, en parlant doucement pour ne pas l’alarmer ou l’inciter à prendre ce qu’il y avait dans le sac. Il a semblé confus au début, mais a rapidement insisté pour obtenir un avocat. À ce moment-là, les agents lui ont dit qu’il était en état d’arrestation.
« S’il vous plaît, ne me faites pas de mal », a-t-il supplié.
Dans la voiture de Carpenter, une Fiat rouge avec un tuyau d’échappement tordu (comme l’ont décrit des témoins), la police a trouvé des livres sur les sentiers de randonnée locaux, ainsi que de nombreuses autres cartes de ce type à son domicile – plus de soixante en tout. Ils ont également retrouvé l’ancien fiancé de Carpenter, qui leur a dit que ce dernier avait perdu sa veste dorée à peu près au moment du meurtre de Hansen. Il a dit qu’elle avait été volée, bien que cela lui ait paru peu probable. Ce témoignage a prouvé qu’il avait au moins une veste dorée à cette époque, ce qui le plaçait de manière circonstancielle sur le lieu du meurtre de Hansen et Haertle.
Ainsi, Carpenter conduisait une voiture semblable à celle décrite par la victime survivante, avait le même optométriste qu’une autre victime, portait le même type de vêtements distinctifs et avait un casier judiciaire pour des crimes sexuels violents. Il souffrait également de rages explosives et avait récemment essayé de changer son « look » en changeant le type de monture de ses lunettes. En outre, plusieurs témoins l’avaient reconnu comme l’homme qui s’était trouvé dans la zone d’une attaque.
La police l’a mis en ligne, invitant tous ceux qui avaient porté plainte à participer. Steve Haertle s’est rendu au poste pour endurer l’épreuve de revoir l’homme qui l’avait abattu et avait tué sa petite amie. Malgré la barbe qui venait de pousser et qui cachait le visage de Carpenter, Steve l’a rapidement identifié comme l’auteur du crime. Le Post-Standard indique que six des sept témoins ont fait de même, bien que plusieurs n’en soient pas tout à fait certains. (Graysmith dit que trois d’entre eux ont été incapables de faire l’identification.) Une séance d’identification des voitures a également été organisée et les témoins ont identifié la Fiat. Carpenter a été formellement accusé du meurtre et de la tentative de meurtre à Santa Cruz. Lors de sa mise en accusation, il bégayait tellement qu’il a eu du mal à répondre aux questions du juge, qui s’est contenté de reconnaître que son nom était celui qui avait été déclaré.
« Le visage de Carpenter se déformait et sa tête tremblait alors qu’il s’efforçait de répondre », indique le Post-Standard. « Il a finalement réussi à prononcer un ‘oui’ après plusieurs secondes. »
Le 15 mai 1981, les journaux publient des articles sur Carpenter, le supposé tueur des sentiers. Lors d’une conférence de presse, les autorités ont répété qu’elles croyaient que le tueur de huit personnes avait d’abord torturé psychologiquement ses victimes.
Les restes décomposés d’une femme ont été trouvés dans le parc Big Basin Redwoods le dimanche 24 mai. Son meurtrier avait apparemment essayé de cacher son corps sous un tas de broussailles. Il avait enlevé ses vêtements et tout pris sauf une boucle d’oreille – ce qui ressemble à un meurtre antérieur. Une analyse des dents a indiqué qu’ils avaient trouvé Heather Scaggs. Elle a été violée et a reçu une balle dans l’oeil avec un 38. Cela fait neuf morts.
L’homme derrière le prédateur
Le 27 mai, le Syracuse Herald-Journal note que le procureur du comté de Marin, Jerry Herman, va porter des accusations contre Carpenter pour cinq autres meurtres, tous liés par l’analyse balistique aux armes de Carpenter, et il espère que des preuves seront découvertes pour au moins un autre meurtre. Il n’allait pas porter plainte pour les meurtres de Barbara Schwartz ou d’Edda Kane, car les preuves manquaient. L’une d’elles avait été poignardée avec un couteau sur lequel il n’y avait pas d’empreintes utilisables et l’autre tuée avec une autre arme, qui n’avait pas été retrouvée. Néanmoins, le bureau continuerait à enquêter.
Curieusement, Lane et Gregg indiquent que Carpenter a été un temps suspecté des meurtres du Zodiaque, mais que son écriture et ses empreintes digitales l’avaient innocenté. Quelques personnes se souviennent qu’il a prétendu à un moment donné être le Zodiac.
Quoi qu’il en soit, ses antécédents ont été minutieusement examinés. Né le 6 mai 1930 à San Francisco, Carpenter a été élevé par des parents stricts et agressifs. Son père alcoolique le battait ou le négligeait, tandis que sa mère, presque aveugle, était décrite comme dominatrice. À l’âge de sept ans, il bégayait tellement qu’il avait du mal à s’intégrer dans toute situation sociale. Il était souvent ridiculisé, ce qui le rendait douloureusement solitaire. Il ne reçoit aucune thérapie et est contraint de participer à des activités extrascolaires, comme le ballet et le piano. Il passait ses frustrations sur les animaux et mouillait aussi son lit (deux des trois indicateurs, comme l’a souligné Douglas).
Au fur et à mesure qu’il grandissait dans l’adolescence, il cherchait des occasions d’exprimer sa libido naissante et, à l’âge de 17 ans, David a été arrêté pour avoir molesté deux jeunes enfants, ses cousins. Il a purgé une peine d’un an et n’a apparemment rien appris de la California Youth Authority, car une fois libéré, il est devenu encore plus prédateur. Frasier affirme qu’il a continué à commettre des délits jusqu’à son mariage en 1955.
Carpenter a exercé divers métiers, notamment celui de commissaire de bord, de vendeur et d’imprimeur. Il avait apparemment une libido exigeante qu’il essayait de contrôler en soumettant sa femme à ses besoins constants. Ils ont eu trois enfants ensemble, mais Carpenter n’a pas pu continuer à se contrôler. En plus de ses rages violentes, il rôdait également, à la recherche d’autres femmes. Finalement, sa pulsion était si désespérée qu’il a eu recours à la violence pure et simple.
Condamné
Lors d’un incident survenu en 1960, décrit en détail par Graysmith, Carpenter s’était lié d’amitié avec une femme, l’invitant chez lui pour rencontrer sa femme et l’incluant dans certains de ses moments de fête. Un jour, il est passé la prendre, mais au lieu de l’emmener voir ca femme comme promis, il s’est rendu dans une zone boisée du Presidio et a fait comme s’il était perdu. DeAndrade s’est inquiété quand, sur le trajet, il s’est « perdu ». Elle a paniqué et a sauté de la voiture, avec Carpenter à sa poursuite. Il l’a attrapée, l’a forcée à retourner dans la voiture et l’a attachée. Il l’a frappée avec un marteau et l’a poignardée avec un couteau à steak, mais ses cris ont attiré l’attention d’un policier militaire voisin, Jewell Hicks. Il a également été attaqué avec un marteau et un couteau. Hicks a tiré deux fois sur Carpenter. Il a fallu 5 heures de chirurgie pour sauver la vie de Carpenter.
Andrade a dit à la police que, mystérieusement, le mauvais bégaiement de Carpenter avait disparu depuis qu’il l’avait prise en charge.
Lois DeAndrade aurait pu être la première victime du meurtre de Carpenter si elle n’avait pas été sauvée par un policier militaire suspicieux qui a entendu son appel à l’aide. Il cherchait la voiture de Carpenter, l’ayant repérée plus tôt, et quand il a vu ce qui se passait, il a ordonné à Carpenter de s’arrêter. Carpenter a chargé le policier armé, mais l’a manqué, alors il a riposté et a blessé Carpenter. La police militaire a alors arrêté Carpenter et l’a embarqué. La victime a survécu, mais Carpenter, qui a affirmé s’être évanoui pendant l’attaque, a été condamné à quatorze ans de prison.
Pendant ce temps, sa femme, qui avait dû supporter son caractère et ses exigences sexuelles et qui venait de donner naissance à leur troisième enfant, a divorcé. Aux psychiatres qui l’ont évalué, il a raconté toute une série d’histoires différentes sur ce qui s’était passé, allant de l’amnésie à une querelle d’amoureux. Il avait clairement appris à dire aux gens ce qu’il pensait qu’ils voulaient entendre.
En 1969, Carpenter a été libéré après seulement neuf ans. Il s’est rapidement remarié, et en moins d’un an, il a recommencé à sévir (et le mariage a échoué). Il a essayé de violer une femme en frappant sa voiture pour la forcer à en sortir. Lorsqu’elle s’est débattue contre lui, il l’a poignardée, mais elle a réussi à remonter dans sa voiture et à courir vers les secours. De toute évidence, Carpenter cherchait maintenant un moyen de violer sans retourner en prison, il était donc prêt à éliminer les témoins. Il a continué à cibler les femmes jusqu’à ce qu’il soit arrêté de nouveau à Modesto le 3 février 1970.
En attendant son procès, Carpenter a conspiré avec quatre autres détenus de la prison du comté de Calaveras pour s’évader et s’échapper. Ils ne sont pas allés bien loin et il a été condamné à sept ans de prison pour enlèvement et vol (mais pas pour des délits sexuels). Il a également écopé de deux années supplémentaires pour violation de sa liberté conditionnelle. Lorsqu’il est libéré en mai 1979, il n’est pas répertorié comme délinquant sexuel, alors qu’il l’est manifestement. En août, il avait assassiné Edda Kane.
Tout en poursuivant ses activités criminelles, Carpenter a trouvé le moyen de passer pour un citoyen normal et productif. Il a suivi des cours d’imprimerie informatique à la California Trade School, et a obtenu un diplôme. Il a ensuite trouvé un emploi d’instructeur en typographie dans une agence affiliée à l’école. Il s’est mis à la randonnée comme passe-temps, mais pas pour les mêmes raisons que la plupart des gens. Il aimait simplement l’abri que lui offrait la nature sauvage pour attraper des jeunes femmes qu’il pouvait violer et tuer sans être vu. Il restait aux tribunaux à faire en sorte qu’il retourne en prison pour le reste de sa vie.
La dernière victime
Le 16 juin 1981, dans le parc d’État de Castle Rock, des escaladeurs sont tombés sur un os de mâchoire. Sur l’insistance de connaissances, ils l’ont rapporté et la police l’a envoyé pour analyse. Il s’est avéré être humain et, après d’autres travaux, il a été identifié comme étant les restes partiels d’une lycéenne de dix-sept ans, Anna K. Menjivar, disparue depuis le 28 décembre de l’année précédente. De nombreuses personnes avaient soupçonné que Carpenter avait quelque chose à voir avec sa disparition.
Elle avait travaillé à temps partiel à la banque où Carpenter était client, et il engageait souvent la conversation avec elle. Les gens avaient l’impression qu’elle était la raison pour laquelle il venait à la banque. Mais les preuves contre lui étaient minces. Même la cause de la mort n’a pu être établie.
Pourtant, d’autres affaires pourraient être poursuivies, et peut-être cela deviendrait-il une sorte de justice pour la jeune Anna. Carpenter a été formellement accusé des cinq meurtres du comté de Marin (Anne Alderson, Diane O’Connell, Shauna May, Cynthia Moreland et Richard Stowers), de deux viols et d’une tentative de viol. La police a retrouvé le calibre 38 qu’il avait donné à un ami – un braqueur de banque qui ne voulait pas protéger un tueur et qui soupçonnait Carpenter de le piéger – et elle a maintenant tout ce dont elle a besoin pour monter un dossier solide.
Compte tenu de son caractère incendiaire dans les communautés de Santa Cruz et de San Francisco, le lieu de l’événement a été déplacé à trois cents kilomètres de là, à Los Angeles.
Le premier procès
Carpenter a insisté sur son innocence et a continué à le faire pendant deux procès.
Son premier procès a eu lieu pour les meurtres de Heather Scaggs et Ellen Hansen, et la tentative de meurtre de Steve Haertle. Il a débuté le 11 octobre 1983. Le juge a constitué un jury pour décider de sa culpabilité et un second pour décider de la peine en cas de condamnation. Avec les suppléants, cela faisait un corps substantiel de personnes auxquelles les avocats pouvaient s’adresser.
Il a fallu de nombreuses semaines avant que le procureur Art Danner puisse présenter sa plaidoirie d’ouverture en mai, qui s’est concentrée sur les témoins oculaires et les preuves balistiques. L’arme de Carpenter avait été liée à chacun des meurtres, et le témoignage de Steve Haertle identifiant Carpenter comme l’agresseur qui l’a abattu et a tué sa petite amie était convaincant. Il n’est pas surprenant qu’après six semaines de témoignages, le jury composé de huit femmes et de quatre hommes ait délibéré pendant huit heures au cours de deux jours et demi pour rendre son verdict. Le 6 juillet 1984, David Carpenter a été reconnu coupable de deux chefs d’accusation de meurtre au premier degré et d’un chef d’accusation de tentative de meurtre.
« L’accusé, chauve et à lunettes, n’a eu aucune réaction visible », a rapporté le Syracuse Post-Standard. Son avocat a pris la chose à la légère, disant que Carpenter s’attendait à être condamné et s’y était préparé. Il a également décrit son client à la presse comme un « désordre mental », admettant qu’il était un tueur mais résistant à l’idée qu’il devait être condamné à mort pour cela : Ses crimes avaient été impulsifs, pas planifiés, et il avait été incapable de se contrôler. Pourtant, aucun témoignage psychologique n’a convaincu le jury que des parents violents étaient entièrement responsables de l’évolution de ce tueur vers une telle cruauté.
Le deuxième jury a trouvé trois circonstances spéciales qui justifiaient la peine de mort : commettre des meurtres multiples, commettre pendant un viol et attendre. Carpenter devait être condamné à mort par exécution dans la chambre à gaz de San Quentin.
Mais le tribunal n’en a pas fini avec lui. Il avait un deuxième procès à venir pour les meurtres du comté de Marin – bien qu’il soit retardé de plusieurs années par des querelles juridiques. Et ce procès allait avoir un accroc inattendu et décourageant.
Cinq de plus
Le deuxième procès s’ouvre à San Diego le 5 janvier 1988. Le procureur adjoint John Posey avait un travail énorme à accomplir pour sa première affaire de peine de mort, avec plus de soixante témoins, mais il s’était préparé depuis longtemps à cette tâche. Les avocats de Carpenter étaient les défenseurs publics Frank Cox et Steve Berlin. Robert Graysmith a assisté à ce procès et en fait un récit de première main. Contrairement au procès de Los Angeles, où la défense avait présenté peu de témoins, la liste des témoins de Carpenter comptait cette fois-ci plus de trente, et il allait lui-même témoigner.
Il a fallu attendre le 10 mai, lors d’un procès qui a prouvé une fois de plus que l’arme de Carpenter était celle qui avait tué les victimes, et il a été condamné pour les cinq meurtres. Il avait présenté des alibis soigneusement construits, mais les procureurs ont prouvé que ses documents avaient été modifiés ou qu’il s’était trompé sur certaines dates.
Pendant sept jours, Carpenter est resté à la barre. Bien qu’il ait semblé calme et préparé, lisant son calendrier et sa collection de reçus, il bégayait de temps en temps lorsqu’il décrivait ses connaissances en prison et ses diverses liaisons avec des femmes. Il a également détaillé ses activités à l’époque de chacun des meurtres dont il était accusé. Pourtant, il a également montré sa colère et sa nature glissante et désinvolte.
Il n’est pas surprenant qu’après seulement sept heures, un autre jury ait également recommandé la peine de mort pour lui, ce que le juge a accepté.
Cependant, quelques mois plus tard, la présidente du jury, Barbara Durham, a révélé quelque chose qui aurait pu faire la différence. Elle a dit à des amis qu’elle avait été informée (ou avait été informée pendant le procès) de la condamnation de Carpenter à Los Angeles en 1984 pour les meurtres de Santa Cruz. Elle avait caché ce fait pendant le voir-dire (ou pendant le procès). Le juge Herbert Hoffman a dû décider s’il fallait annuler le procès et faire rejuger Carpenter. Comme il pensait que les preuves avaient été solides, la décision a été difficile à prendre.
Le 21 février 1989, le juge Hoffman a décidé que, même s’il croyait que Carpenter était certainement coupable des crimes, étant donné qu’un membre du jury avait illégalement fait référence à sa condamnation antérieure pendant les discussions, il devait ordonner un nouveau procès. Il ne cache pas qu’il considère cela comme une parodie de justice, d’autant plus que le procès a été coûteux.
En 1994, les procureurs de l’État ont demandé à la Cour suprême de Californie à San Francisco d’annuler cette décision, car les preuves de la culpabilité de Carpenter étaient accablantes. Cependant, le défenseur public adjoint de l’État a insisté sur le fait que le jury avait été contaminé et que le procès avait été essentiellement biaisé et injuste.
Le 6 mars 1995, la cour a refusé d’accorder un nouveau procès à David Carpenter. Le juge Armand Arabian a déclaré qu’il est pratiquement impossible de garder des secrets dans de telles affaires et il a estimé que les connaissances de la présidente du jury n’avaient pas indûment biaisé le jury. Ils ont donc annulé la décision du juge Hoffman – probablement sans trop de déception pour lui.
En 1997, la Cour suprême de l’État a confirmé la peine de mort pour les meurtres de Scaggs et de Hansen et, le 29 novembre 1999, elle a également confirmé la peine de mort prononcée contre Carpenter lors de son second procès. Six des sept juges ont convenu qu’il avait bénéficié d’un procès équitable pour les cinq meurtres commis dans le comté de Marin et qu’il avait été condamné correctement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours dans le couloir de la mort à San Quentin, en attente d’appels devant les tribunaux fédéraux. À 76 ans, il est actuellement le détenu le plus âgé de l’établissement.