Simone Weber, née en 1929 à Ancerville (Lorraine), est une criminelle française qui a été condamnée le 28 février 1991 à une peine de vingt ans de réclusion pour le meurtre de son ancien amant Bernard Hettier, disparu près de six ans auparavant. Elle a toujours nié être l’auteur de ce meurtre malgré un faisceau d’indices convergents.
Simone Weber est sortie de prison en 1999 et vit auprès de sa sœur à Cannes. Le 7 juillet 1985, l’Est républicain publie un avis de recherche au sujet d’un contremaître âgé de 55 ans et divorcé, Bernard Hettier, disparu alors depuis deux semaines. La police est rapidement sur la piste d’une ex-maîtresse, Simone Weber, qu’on a aperçue en train de le menacer de mort, un fusil à la main, le 22 juin, c’est-à-dire le dernier jour où il a été vu en vie. Plusieurs autres indices orientent l’enquête vers elle : un arrêt maladie prétendument envoyé par Bernard Hettier à son employeur se révèle ne pas lui avoir été prescrit en réalité, mais à celui du gendre de Simone Weber ; mieux encore, on retrouve chez elle une quarantaine de timbres en caoutchouc permettant d’établir de faux documents médicaux. Des témoins, les Haag, déclarent le 23 juin 1985 l’avoir vue descendre de chez elle dix-sept sacs poubelle, après qu’elle eut fait dans la nuit un vacarme considérable, « comme si elle passait l’aspirateur ». Or, la veille de la disparition de Bernard Hettier, Simone Weber avait loué une meuleuse à béton à six mille tours par minute, qu’on lui aurait volée ; malheureusement pour elle, on retrouve la meuleuse dans sa voiture, avec un morceau de chair encore accroché à un disque.
Le véhicule de M. Hettier a également disparu. Des conversations téléphoniques entre Simone Weber et sa sœur Madeleine, qui demeure sur la Côte d’Azur, permettent aux enquêteurs de comprendre que les deux femmes emploient un code pour en parler, l’appelant « Bernadette ». Les policiers commencent à avoir des doutes quand dans les conversations elles échangent de prétendus résultats du loto avec des numéros supérieurs à quarante-neuf. Rapidement les enquêteurs comprennent qu’il s’agit de numéros de cabines téléphoniques destinées à passer des communications dont elles souhaitent qu’elles ne soient pas écoutées, avec l’heure de l’appel. Le juge d’instruction Gilbert Thiel est désigné par les sœurs comme « le shériff ». La voiture est retrouvée plusieurs semaines après la disparition, dans un box loué par Madeleine à Cannes. Entre-temps, Simone avait demandé à sa sœur de faire disparaître des pièces à conviction (chéquiers, passeport, autres documents) et cette dernière s’exécute. Madeleine sera inculpée pour recel de preuves, obstruction à l’action de la justice, et destruction d’éléments de preuve dans le cadre d’une affaire criminelle. On retrouve finalement dans la Marne le tronc de Bernard Hettier, enfermé dans une valise lestée d’un parpaing.
L’instruction de l’affaire sera très longue, le juge Thiel cherchant à explorer au maximum toutes les pistes pour conclure qu’une seule d’entre elles est crédible, à savoir que Simone Weber est l’auteur d’un homicide, même si les preuves matérielles, apparemment accablantes, sont juridiquement minces. L’enquête sur la disparition de Bernard Hettier permet également de s’intéresser au passé de Simone Weber. On s’aperçoit alors qu’elle est veuve de Marcel Fixard, 81 ans, un militaire à la retraite, veuf et sans enfants. Bien que celui-ci soit décrit comme en pleine santé pour son âge, il meurt brusquement trois mois après leur mariage secret en 1979. Elle avait été sa dame de compagnie, puis son épouse. Le juge Thiel restera persuadé, sans pouvoir le prouver, que Simone Weber a empoisonné M. Fixard pour récupérer son héritage. L’enquête prouvera que ce dernier n’était pas l’homme qui s’était présenté le jour du mariage, et qu’il ignorait donc qu’il était marié.
Le procès de Simone Weber devant la cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle est l’occasion de multiples coups d’éclat de l’accusée. Elle récuse elle-même des jurés femmes. Elle insulte copieusement certains témoins. En entendant l’avocat général requérir contre elle une peine de vingt ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté de dix-huit ans, elle éclate de rire. La cour la reconnaît finalement coupable d’avoir découpé le corps de son ancien amant à la meuleuse à béton mais sans reconnaître la préméditation, et la condamne à une peine de vingt ans de réclusion. Cependant, Simone Weber qui a usé pas moins de vingt-cinq avocats (de Gilbert Collard à Jacques Vergès), a toujours soutenu que ce n’est pas elle qui avait découpé son ex-amant à la meuleuse. Une fois libre, elle le redit à la télévision.