À l’âge de seize ans, Clara Germana Cele fit un pacte avec Satan – ou, du moins, c’est ce qu’elle avoua en confession au père Erasmus Hörner, à l’école de la mission qu’elle fréquentait depuis l’âge de quatre ans. Elle commença bientôt à devenir ingouvernable, et, le 20 août 1906, au grand émoi des sœurs, elle déchira ses vêtements et cassa un montant de son lit, grognant comme une bête et semblant parler à des êtres invisibles. Dans un moment de lucidité, elle cria :
Ma soeur ! Appelez le frère Erasmus. Il faut que je me confesse et que je dise tout. Mais vite ! Je vous en pris ou Satan va me tuer. Il me tient en son pouvoir. J’ai jeté toute les médailles que vous m’aviez données.
Un peu plus tard, elle cria encore:
Tu m’as trahie. Tu m’avais promis la gloire et maintenant tu me tortures!
La tentation - Satan offre un royaume à Jésus
Souvent, Germana se trouvait soulevée de 1 mètre à 1,50 mètre du sol, parfois verticalement (…), parfois horizontalement, tout son corps flottant au dessus de son lit. Elle était alors en position rigide, et même ses vêtements ne retombaient pas comme c’eût été normal: ils restaient étroitement plaqués contre son corps et ses jambes. Si on l’aspergeait d’eau bénite, elle abaissait aussitôt, et ses vêtements reprenaient leurs plis flottants habituels. Ce genre de phénomène se produisit en présence de témoins, même étrangers à la mission. À l’église, à la vue de tous, il lui arrivait de flotter au-dessus de sa chaise. Certains, la tirant par les pieds, essayaient de la ramener en position normale, mais sans y parvenir, en dépit de tous leurs efforts.
Un autre phénomène physique qui stupéfiant les prêtres et les religieuses de la mission était son don de se muer en véritable serpent humain. Son corps tout entier devenait souple comme du caoutchouc et se tordait en sinuosités sur le plancher. Parfois son cou paraissait s’allonger, accentuant encore son apparence serpentine. Un jour qu’on essayait, elle darda la tête en un éclair contre la religieuse agenouillée devant elle et la mordit au bras. La plaie montrait l’emprunte des dents de la jeune fille et une piqûre rouge, ressemblant à une morsure de serpent.
Le 10 septembre 1906, l’Église autorisa le père Erasmus, son confesseur, et le père Mansuet, directeur de la mission, à exorciser Germana. Les rites se déroulèrent du matin jusqu’à midi, et de 15 heures jusque tard dans la nuit. Le lendemain matin, ils se poursuivirent de 8 heures à 10 heures. Sur les instances inflexibles des deux exorcistes, le démon annonça qu’il manifesterait son départ par un acte de lévitation: cela se passa dans la chapelle de la mission, en présence de cent soixante-dix témoins. On récita ensuite des prières d’action de grâces.
En janvier 1907, lors d’une absence du père Erasmus, Germana eut une rechute et fit un nouveau pacte avec le diable. Une cérémonie d’exorcisme, commencée le 24 avril, dura deux jours: une odeur nauséabonde signala le départ définitif de Satan.