Un pavé dans la marre a été jeté.
Professeur Hwang Woo-Suk La fraude du professeur Hwang Woo-Suk sur le clonage en série de cellules souches a été révélée le 12 janvier dernier.
Le professeur Hwang, figure emblématique de la communauté scientifique s’est vu en quelques jours déchu de la reconnaissance qu’il avait acquise, se faisant le cancre du monde scientifique coréen.C’est avec unanimité qu’il a reçu la nouvelle et ses propres excuses s’en sont suivies.
Né en 1953, dans une famille d’agriculteurs, il est alors loin d’être immergé dans un milieu élitiste.
Mais il a su gravir les étapes de la réussite avant de connaître celles de la gloire. Il entre à l’université nationale de Séoul, l’une des plus prestigieuses, pour y devenir vétérinaire.
Menant une vie simple et honorable, sa vie bascule tout d’un coup.
En 1999, lorsqu’il annonce qu’il a cloné une vache, il est alors pris dans un véritable maelström.
Ces fausses déclarations ne s’arrêtent pas là.
En février 2004, une recherche publiée dans la revue Science, dirigée par une équipe de chercheurs de l’université de Séoul, sous la houlette du professeur Hwang, déclare avoir réussi le premier clonage de cellules souches humaines.
Les données ont en réalité été falsifiées.En mai 2005, c’est une autre étude toujours parue dans la revue Science qui déclare avoir réussi le premier clonage en série de cellules souches.
Il ne s’agissait en fait que d’un duplicata de photos et les données ADN ont été une nouvelle fois falsifiées.
En juin 2005, dans la revue Nature, une autre étude décrit le clonage d’un chien, celui-ci existe bien.
Ces fausses déclarations ont forgé le succès international du professeur Hwang, et des milliards ont été injectés pour la recherche sur les cellules souches.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui?
Une image maculée du monde scientifique coréen et des questions soulevées d’une particulière importance.
Au-delà d’une volonté de se poser en maître incontournable de la recherche, comment des études d’une telle ampleur ont pu passer au travers les mailles du filet de revues scientifiques aussi sérieuses et reconnues?
Comment les experts nommés pour vérifier la véracité de ces expériences ont-ils pu être dupés?
C’est le monde scientifique dans son entier qui est aujourd’hui pointé du doigt.
La volonté de publier toujours plus constitue l’épée de Damoclès des revues scientifiques qui permettent de rapporter beaucoup d’argent à la communauté lorsqu’elles publient des premières.
Quant aux comités de révisions, censés vérifier les assertions avancées par les chercheurs, ils semblent avoir bâclé leur travail.
L’article du professeur Hwang a été accepté 58 jours après sa réception, tandis que la moyenne est de 81 jours.
Certains journaux ont prévu des réformes dissuasives pour éviter de telles dérives. Parmi l’une des conditions obligatoires, les co-auteurs doivent détailler leur contribution à la recherche. Si certains extrapolaient, ils doivent savoir que les autres le sauraient.
Dans le cas du professeur Hwang, on ne sait pas qui de son équipe était au courant de quoi, puisque les revues Nature et Science n’ont pas encore prévu de telles conditions, cela ne saurait sûrement tarder?
Il existe par ailleurs une réglementation internationale adoptée par l’UNESCO le 11 novembre 1997 prévue dans «la déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme».
Cela n’empêche pas certains affriandés par la gloire et l’argent d’outrepasser ces clauses internationales.
L’exemple du professeur Hwang, désormais acculé à l’opprobre, sera-t-il suffisant pour montrer que la tricherie se retourne un jour ou l’autre contre celui qui n’a pas su rester humble et honnête?