La Mère Shipton prédit plusieurs événements historiques qui allaient façonner le monde moderne. Voici l’histoire d’une des plus grande prophète de l’histoire, qui marqua à tout jamais l’histoire anglaise.
Ce n’est peut-être pas une coïncidence que les prophètes et les visionnaires soient apparus aux époques les plus troubles, où de grands changements survenaient. C’est aussi durant une période comme celle là, par une nuit d’été de 1488, qu’une jeune fille donna naissance à un bébé illégitime, dans le Yorkshire.
À sa naissance, Ursula Sondheil était infirme, mais elle n’allait pas tarder à faire parler d’elle comme prophétesse sous le nom de la Mère Shipton. Elle était difforme, mais elle avait l’esprit agile. Ainsi, elle avait appris à lire et à écrire beaucoup plus rapidement que la plupart des enfants de son âge. A 24 ans, elle épousa un charpentier ordinaire du nom de Toby Shipton, de Spipton, près de York. Sa réputation de voyante ne tarda pas à se répandre dans toute l’Angleterre et en Europe. Des centaines de curieux se massaient autour d’elle, buvant ses paroles sibyllines.
La légende dit qu’elle serait née dans les cavernes près du château de Knaresborough. Cependant tous les détails entourant la naissance et l’enfance de celle qui deviendra la mère Shipton ont été transmis de bouche à oreille pendant plus de 150 ans, alors personne ne connaît les circonstances réelles entourant ses premières années de vie.
Ce que nous savons cependant, c’est que depuis 1641, plus de cinquante ouvrages ont été écrit à son sujet et que son histoire a marqué l’imagination collective pendant des siècles. Les nombreux récits, parfois peints ou même brodés, nous laisse voir l’impact qu’a eu la mère Shipton sur son entourage.
L’histoire raconte par exemple qu’un jeune noble serait venu consulter la prophète pour savoir quand s’achèvera la vie de son père. Ce dernier avait besoin d’argent, et ne pouvait plus attendre de recevoir son héritage.
La mère Shipton ne lui dit rien. Le jeune homme tomba malade peu de temps après. C’est pourquoi le père de ce dernier vint à son tour consulter Ursula, dans l’espoir qu’elle puisse l’aide à sauver son fils. Cette dernière répondit :
« Ceux qui patiente en espérant la mort des autres,
Leurs propres fins surviennent,
La terre qu’il a tant cherchée, bientôt il aura,
La terre de sa suffisance, dans sa tombe… »
Bientôt après la mort du jeune homme, la nouvelle des circonstances entourant sa mort et de la prédiction de Ursula Shipton ne fit qu’augmenter la crainte entourant cette mystérieuse femme. Cette peur était toujours présente, même longtemps avant son mariage. On raconte en effet qu’elle avait développé des dons de sorcellerie afin de se venger de ceux qui la persécutaient, ceux et celles qui se moquaient de son apparence physique. En effet, plusieurs racontaient qu’elle était la « fille du diable », une sorcière sanguinaire qui représentait un risque pour son village, et surtout pour les enfants.
La naissance et l’enfance de Ursula Sondheil
Selon les rumeurs, la mère d’Ursula se nommait Agatha et était une orpheline lente d’esprit et paresseuse. Elle préférait la prostitution occasionnelle plutôt que de travailler comme ménagère ou cuisinière. La légende dit qu’un homme l’a séduite et qu’il avait consenti à lui accorder un certain confort, en échange de faveurs sexuelles. Elle tomba donc enceinte de cet homme. Les gens ont rapportés que l’homme était aussi froid que de la glace, et qu’il ne semblait pas apprécier la tournure des évènements.
D’ailleurs, lorsqu’elle tomba enceinte, les voisins réclamèrent qu’elle soit poursuivie pour prostitution devant la justice locale. Elle dû avoir beaucoup de courage, car elle n’avait que 15 ans lorsqu’elle et son ventre énorme se retrouvèrent devant le juge. La poursuite fut abandonnée. Son amant, avait, semble t’il, enfanté deux autres femmes du village.
La légende raconte qu’elle naquit quelque part aux alentours du fleuve Nidd, par une chaude nuit de juillet, alors que le tonnerre grondait. Tout près d’un ancien site où l’eau possède des pouvoirs mystiques. La petite Ursula vit le jour dans des conditions misérables. La sage-femme qui l’accoucha aurait rapportée que le bébé était énorme et difforme.
La jeune mère était pauvre, mais son amant continua à subvenir à ses besoins. Nul ne sait comment elle fit, mais elle réussit même à convaincre un prêtre de baptisé son enfant, et ce même malgré l’opposition locale. En effet, si il était rare à cette époque qu’un enfant né illégitimement soit baptisé, celui-là avait également la réputation d’être l’enfant du diable. C’est l’abbé de Beverley qui accepta la demande de Agatha, même si cette dernière habitait à plus de 60 miles de Knaresborough.
Selon les conteurs, sa mère aurait donnée Ursula à une mère adoptive alors qu’elle était âgée de deux ans. Agatha elle, trouvera refuse dans un couvent près de Nottingham où elle passera le restant de sa vie.
Les légendes disent que la petite fille qu’était la mère Shipton était intelligente et malveillante. Une fois, alors qu’elle travaillait à l’extérieur, sa mère adoptive entendit l’enfant crier très fort. Elle tenta d’entrer dans la maison, mais une force invisible l’en empêcha. Elle demanda alors de l’aide de ses voisins, qui firent également incapables de pénétrer à l’intérieur. Un prêtre qui passait par là vit la scène. Il calma les gens et parvint à combattre la force invisible et entra dans la maison. Le berceau était vide, car la jeune Ursula, complètement nue, souriante, était assise devant le foyer. Il est possible aussi que la mère adoptive ait inventée de ces histoires comme celle là pour expliquer certaines de ses négligences.
Ursula grandit et les histoires au sujet de son adolescence et du début de sa vie adulte ne sont qu’un éloge à sa laideur. Elle doit avoir ardemment rêvée, comme toutes les autres jeunes filles de son âge, à un prince charmant. Nul n’aurait pensé assister un jour à son mariage, mais pourtant, un charpentier de métier, nommé Toby Shipton, lui demanda sa main. Plusieurs crurent qu’il avait été ensorcelé, qu’elle avait dû utilisée une poudre d’amour ou un élixir quelconque que pour le faire tomber amoureux d’elle. C’est en 1512, alors qu’Ursula Sondheil était âgée de 24 ans, qu’elle devint Ursula Shipton.
C’était une période importante pour l’Angleterre. Henry VIII, âgé de 21 ans, venait d’être couronné roi et avait déjà conquis le cœur de son peuple. Parmi ses conseillers se trouvait Thomas Wolsey, fils d’un boucher d’Ipswich, futur archevêque de York et cardinal à Rome.
La vie était probablement beaucoup plus facile pour la mère Shipton maintenant qu’elle était mariée. Elle et son mari n’avaient pas d’enfants et vivait plutôt bien. Ce fut un mois après le mariage que, pour la première fois, des voisins virent lui demander conseil. Une chemise et un jupon avaient disparus et ce vol intriguait beaucoup le voisinage car ces articles étaient plutôt dispendieux à l’époque.
Le mère Shipton déclara seulement qu’elle savait très bien qui avait volé les vêtements, et qu’elle ferait le nécessaire pour que ces biens soient rendus. Elle donna quelques indications à sa voisine. Cette dernière, comme prévu, se présenta à la croix du marché dans Knaresborough. C’est là qu’une femme se présenta, avec les vêtements disparus.
L’inconnue se mis à danser et à chanter :
« J’ai volé mes voisins, regarder moi, je suis une voleuse et je vous le montre »
Elle rendit les vêtements, fit une révérence et s’en alla.
Plusieurs évènements mystérieux du même genre ont grandement contribués à la réputation de la mère Shipton. À la même époque, elle prédis la chute du clocher de l’église locale et la mort d’un seigneur en visite dans la région. Sa réputation commença à s’étendre dans tout le Yorkshire.
C’est à cette époque que le roi Henry VIII, encouragé par Thomas Wolsey, parti en guerre et décida d’envahir la France. L’Angleterre n’avais alors aucune armée stable et un recrutement intensif commença dans tous le pays. Ses troupes essuyèrent plusieurs défaites, mais le roi était obstiné et en 1513, avec l’aide de mercenaires autrichiens fournis par l’empereur Maximilian, il remporta sa première victoire importante, bataille surnommée « The battle of Spurs (La guerre des dents) ». La mère Shipton avait d’ailleurs prédit cet évènement :
« Lorsque le lion placera sa patte sur le rivage gallique,
alors les lys tomberons sous la peur.
Les femmes de se pays verserons des milliers de larmes,
car le l’aigle princier et sa bande se joindrons aux forces du lions et renverserons tout ce qui se dressera sur leur chemin.
Bien que plusieurs sagittaires s’uniront pour défendre le pays du lys,
ils se perdront dans la confusion… »
Henry, naturellement, est représenté par le lion, le lys est le symbole de la France et l’aigle princier est l’empereur Maximilian d’Autriche.
Thomas Wolsey, qui avait convaincu le roi Henry de partir en guerre pour trouver la gloire, fut couvert d’éloge et considéré comme étant un des principaux responsables de la victoire anglaise. Pour le remercier de ses sages conseils, il fut nommé seigneur chancelier d’Allemagne et cardinal à Rome. Wolsey voulait devenir pape, et en attendant sa nomination à ce poste, il vécu comme un prince avec de nombreux domestiques. Il se fit construire une demeure encore plus grosse que celle du roi, connu aujourd’hui comme étant la cour de Hampton et à fondé l’université de l’église du Christ.
La mère Shipton le surnommait « le paon taillé » :
« Quand le paon taillé perdra ses premières plumes,
il offrira un grand spectacle à la terre entière – pendant un certain temps –,
mais il disparaîtra après quelques temps et toute sa gloire ne mènera à rien. »
Le cardinal Wolsey était cependant détesté dans tout le pays. Encore aujourd’hui, le chancelier est rarement la personne la plus populaire de son gouvernement car c’est lui qui gère les impôts. Wolsey, en l’absence du roi Henry, était maître de l’Angleterre. Des impôts de plus en plus lourds étaient exigés et la population en souffrait.
C’était des temps difficiles, les nouvelles voyageaient lentement et tout le monde s’interrogeait sur les décisions du nouveau maître du pays et sur la guerre que livrait le roi Henry et de nombreux fils, pères et frères des gens du pays. Les nouvelles ne se répandaient que par le bouche à bouche des voyageurs, les marchands ambulants et les commerçants, et trop souvent, ces informations étaient erronées ou inventés. La mère Shipton, même si elle habitait dans une maison isolée, en savait davantage que tout les autres.
De plus en plus de gens venaient consulter Ursula. Quelques fois même, des visiteurs se présentaient sous de faux noms et la prophète savait quand même exactement qui ils étaient.
Un de ces visiteurs était l’abbé de Beverley, qui, maintenant devenu vieux, commençait à craindre les réformes imposés par Wolsey aux petites communautés. Lors de sa visite, la mère Shipton n’avait pas de très bonnes nouvelles pour lui. Elle lui expliqua comment Wolsey allait affamé le royaume, en particulier les communautés plus isolées, que les pauvres et les malades ne pourrons bientôt plus trouver refuge dans certaines églises et monastère, que plusieurs d’entre eux allaient être privé d’éducation… et que le roi ainsi que son parlement renierai Wolsey au cour des prochaines années et que ce dernier allait mourir dans des conditions misérables !
Wolsey étant devenu l’homme le plus puissant et craint du royaume, plusieurs des prophéties de la mère Shipton parlaient de ses actes futurs et de sa chute. Celui-ci fut rapidement au courant de la réputation de cette prophète et qu’elle prédis sa chute. Il mandata donc 3 hommes, le duc de Suffolk, Charles Brandon, ainsi que le seigneur D’Arcy de Yorkshire et le seigneur Percy , comte de Northumberland, d’aller rencontrer la mère Shipton et de voir de leurs yeux si la rumeur était fondée, si elle était une vraie sorcière.
Lorsqu’ils se présentèrent devant la maison de la prophète, cette dernière était déjà à l’extérieur, souriante et invita les trois hommes à venir s’asseoir à l’intérieur, devant un bon feu de foyer. Une fois à l’aise à l’intérieur, un des hommes aurait dit :
«Vous ne seriez pas aussi accueillante si vous sauriez qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici…!»
« Je crois que les messagers ont le droit d’être bien accueillis…» répondit elle doucement en leur offrant de la bière.
« Vous savez pourquoi nous sommes ici ? Vous avez dit que le cardinal ne pourrait jamais voir York, et il n’a pas du tout aimé cela…»
« Je n’ai jamais dit qu’il ne pourrait pas voir York, dit elle poliment, j’ai seulement dit qu’il ne l’atteindra jamais de son vivant… »
« Bien » dit le duc avec difficulté, « il a dit que la prochaine fois qu’il viendrait dans York, vous serez brûlée sur un grand bûcher.»
« On verra bien » dit alors la prophète.
Sur ses mots, elle jeta son foulard dans le foyer. Les flammes lui touchait mais ne le brûlait pas. Elle le reprit alors et déclara :
« Non, je ne crois pas que je vais finir brûlé.»
Elle jeta un coup d’oeil sur le duc de Suffolk. Ce dernier et ses deux acolytes transpiraient la peur, cette peur de la sorcellerie. Une des hommes osa lui demander si elle savait ce que leur réservait leurs futurs. Elle devint soudainement très sombre et déclara qu’elle les voyait mort sur les routes pavées de York.
Lorsque le cardinal Wolsey fut mis au courant des dires de la mère Shipton, il décida de partir de Londres pour se rendre à York. Ce voyage était long et dangereux, ainsi sa vrai destination n’était pas York, mais Cawood, une ville à 10 miles plus au sud. Wolsey avait l’intention de monter sur la tour de Cawood, en espérant voir York à partir de cet endroit. Peut-être qu’à la lumière du jour, il arrivait réellement à voir une partie du territoire.
« Elle a dit que je n’arriverais jamais à voir York » ricana le cardinal.
« Respectueusement, elle n’a pas dit que vous ne parviendrez pas à voir York, elle a dit que vous ne l’atteindrez jamais. » le corrigea un de ses hommes.
« Et bien, allons y et brûlons la ! » rajouta Wolsey en regardant la bordure des forêts avoisinants York et quelques toitures de maison à peine visibles.
Mais alors qu’il s’apprêta à quitter Cawood, le cardinal aperçu le seigneur Percy, comte de Northumberland avec quelques gardes.
« Vous êtes venu pour moi ? » interrogea Wolsey
« Effectivement mon seigneur, le roi exige que vous retourniez à Londres pour faire face à des accusations de haute trahison. »
C’est sur la route, sous bonne escorte que Wolsey entama son voyage de retour, sans être parvenu à York. Pendant le voyage, il devint très malade et l’escorte dut arrêter dans un monastère de Leicester pour qu’il reçoive des soins. Il y perdra la raison et y mourra, dans des conditions misérable comme l’avait prédit la mère Shipton. Suite à sa mort, la réputation de la prophète allait prendre des dimensions incroyables, au point d’en faire une légende vivante.
Le parlement décida aussi que l’église avait prit trop de pouvoir, et décida de faire un ménage important. Plusieurs des fidèles de Wolsey en payèrent le prix, dont le seigneur Percy et le seigneur d’Arcy qui se firent tuer sur les routes du Yorkshire.
Henry VIII est mort le 28 janvier 1547, laissant derrière lui un pays changé, très différent de celui dont il avait hérité 40 années auparavant. La vieille puissance de l’église médiévale avait été cassée, le parlement était maintenant la nouvelle autorité.
Le fils de Henry VIII, Edouard VI avait seulement 9 ans lorsqu’il hérita du royaume. La prophète avait aussi des choses à dire à son sujet :
« Pour un prince pieux doux faire de la place,
et dans chaque église préparer un balai,
car ce prince qui ne naîtra jamais rendra les têtes rasées désespérées. »
L’accouchement du jeune prince avait été brutal, et la césarienne qu’avaient pratiquée les sages femmes avait tué sa mère, Jane Seymour. Les têtes rasés – les moines – avaient bien raison de s’inquiétés, car le conflit entre les églises protestantes et catholiques s’envenimait de plus en plus et les protestants dominaient.
« Alors les gens du peuple prendrons les armes,
Et la méchanceté de femme causera beaucoup de mal.
Fierté mortelle d’Oh ! Différends détestables d’Oh !
Frères pour regarder la vie des autres.
Mais l’ambition est tellement mortelle,
Le griffon féroce perdra sa tête.
Peu après la mort du lion,
De part une douce cruauté. »
Elle prédira aussi :
« Une dame vertueuse alors mourra,
Pour être augmenté vers le haut tellement de haut,
Sa mort causera une autre joie,
À une personne qui nuira beaucoup au royaume. »
Effectivement, la population, fatigué du chaos et de l’anarchie qui régnait, prit les armes. Des temps sombres s’annoncèrent pour l’Angleterre, les prix montaient en flèche et la population était de plus en plus pauvre. Le roi Edouard VI est mort alors qu’il n’avait que 16 ans, après seulement un peu plus de 5 années de règne. Dans une première période, son oncle, Edward Seymour, puis dans une seconde, Dudley, sont les hommes forts du pays. Ce dernier est un homme ambitieux, qui intrigue et profite des dissensions pour gouverner et s’enrichir. Il se fait nommer duc de Northumberland. Ce dernier convainc Edouard que ses soeurs (Marie, la catholique et l’aînée, et Elisabeth) sont des dangers pour la couronne et qu’il vaut mieux les déclarer bâtardes, leur bloquant ainsi la succession. À leur place, Jane Grey, une amie sincère du roi, est officiellement choisie pour succéder au trône. Le duc y retrouve son compte, car son propre fils doit ou s’est marié avec Jane.
Quand il meurt, en 1553, Jane est reconnue par le conseil de régence comme reine. Sa famille la pousse à accepter. Mais, sans appui, neuf jours plus tard, elle est chassée du trône (puis exécutée au début de l’année suivante) par Marie Tudor, la soeur du défunt roi. C’était une époque dure, la nouvelle reine étant profondément protestante, les catholiques se font persécutés dans les rues, la population est divisé et plusieurs se font même brûler vivant.
La mère Shipton la surnommera Alecto, et donnera cette prophétie :
« Alecto après avoir assumée la couronne ;
Et les mitres se lèveront, et les têtes tomberont,
À Smithfield le sang coulera.
L’Angleterre s’associera avec l’Espagne,
Certain tenterons de leur nuire, en vain.
Alecto alors de la vie se retirera,
Et le prêtre pontifical moura. »
Le sang coula effectivement à Smithfield, et lorsque meurt Marie Tudor un matin de novembre 1558. Quelques heures plus tard, un cardinal polonais important s’éteint à son tour.
La mort de Marie Tudor signe la fin d’un ère, et le début d’une autre. L’Angleterre ne serait plus jamais la même. Mais au moins, la violence a cessée et la vie semble vouloir reprendre son cour d’antan. Une nouvelle reine prend le contrôle du pays et c’est alors que débute le long règne de la reine Élizabeth I. Elle avait 25 ans lorsqu’elle prit le pouvoir et n’allait jamais se marier. Elle règnera pendant plus de 45 ans et rapportera la paix et la fierté dans son pays.
Comme elle l’avait prédit, la mère Shipton s’éteindra en 1561, à l’âge estimé de 73 ans. Elle laissera de très nombreuses prophéties sur les années à venir. Elle prédira la mort de la reine et le couronnement de James VI en 1603, ainsi que des guerres, la grande peste de 1665, l’incendie de Londres en 1666. Aujourd’hui, certaines de ses prédictions ne nous paraissent plus si obscures. Elle avait prédit, par exemple :
« Il y aura des voitures sans chevaux et le monde connaîtra la plaie des accidents. »
Elle annonça la venue du téléphone et de la télévision :
« Les pensées feront le tour du monde en un clin d’œil. »
Lorsqu’elle avait prédit : « Les hommes marcheront au-dessus des fleuves et sous les fleuves, le fer flottera sur l’eau », ses contemporains avaient dû aussi se demander à quoi elle faisait allusion. Aujourd’hui, les bateaux et les sous-marins de fer sont choses communes, mais à l’époque…
La Mère Shipton prédit plusieurs événements historiques qui allaient façonner le monde moderne. La défaite de l’armada espagnole, par exemple : « Et les chevaux de bois du monarque de l’Ouest seront détruits par les forces de Drake ». Dans un couplet plus élaboré, elle prophétisa que Sir Walter Raleigh ouvrirait le Nouveau Monde au commerce britannique :
« Sur une mer déchaînée et venteuse,
Un noble voguera
Qui ne manquera pas de trouver
Un pays nouveau et merveilleux
D’où il rapportera
Une herbe et une racine… »
L’herbe en question était évidemment le tabac et la racine, la pomme de terre.
Il est très probable que les dires de la mère Shipton aient été exagérés avec le temps, interprétés… modifiés bref, mais ce que nous savons, c’est qu’elle a sans aucun doute existée, qu’elle a marqué l’imaginaire populaire et l’histoire de l’Angleterre à tous jamais. Elle mérite, sans aucun doute son nom au rang des plus grands prophètes de l’histoire.