Le 5 décembre 1945, à 14 heures, cinq bombardiers américains «Avenger» formant l’escadrille 19 quittent leur base de Fort Lauderdale en Floride. C’est un vol d’entraînement de routine et les conditions de vol sont excellentes. A15h45, le chef de l’escadrille, le lieutenant Charles Taylor, envoie le message suivant:
Tour de contrôle: à vous. Répondez vite. Nous sommes perdus. Aucune terre en vue… je répète… aucune terre en vue.
Nous sommes perdus. Aucune terre en vue…
Donnez votre position.
Difficile de vous l’indiquer. Nous ne savons pas au juste où nous sommes. Je crois que nous sommes perdus.
Dirigez-vous vers l’ouest.
Impossible de savoir où est l’ouest. Tout est confus. étrange. Nous ne savons plus quelle est notre position. Même l’océan a l’air bizarre.
Au bout de quelques minutes, on entend:
«Ne cherchez pas à me rejoindre! Ils ressemblent à… ».
Puis, plus rien.
Un aviateur de la base qui s’apprêtait à atterrir, le lieutenant Robert Cox entend ces messages. Il tente d’entrer en contact:
Escadrille 19, quelle est votre altitude? Je me dirige vers le sud et vais essayer de vous rejoindre.
Taylor reste silencieux. Au bout de quelques minutes, le lieutenant Cox entend:
«Ne cherchez pas à me rejoindre! Ils ressemblent à …»
Puis, plus rien. Il est alors 16 h 300.A peu près au même moment, un hydravion de sauvetage Martin Mariner chargé de retrouver l’escadrille 19 approche de l’endroit d’où venaient les appels et disparaît à son tour. Pendant plusieurs jours, la marine et la garde côtière mobilisent plus de 100 avions et navires pour passer au peigne fin presque 100,000 milles carrés. En vain. Une disparition de plus à mettre sur le compte du mystérieux triangle des Bermudes.
Personne ne sait rien du déroulement de la mission avant le commencement des communications radio dramatiques qui ont annoncé le début de la tragédie. Il faut bien comprendre qu’en 1945, les avions sont loin d’avoir l’équipement de nos machines actuelles, dont notamment le GPS, il est presque impossible de nos jours à un pilote de se perdre, si son équipement de navigation est en ordre et est employé correctement. En 1945, pour un avion voler au-dessus de la mer, le pilote doit connaître son point de départ, combien de temps et la direction vers laquelle il a volé. S’il fait une erreur dans ses calculs de navigation, au dessus de l’océan sans aucun point de repère, il est perdu !
Il y a environ une heure et demie que le vol 19 a quitté la base, le Lieutenant Robert Cox intercepte une transmission radio du leader Charles C Taylor. Ce dernier indique que les compas (boussole) ne fonctionnent pas, mais qu’il pense être quelque part au dessus des Florida Keys (les Florida Keys sont une longue chaîne d’îles au Sud de la Floride), à noter que les Avengers ne sont pas équipés d’horloge de bord, et que le leader n’a pas de montre ! (C’est du moins ce qui est admis comme réel).
Les transmissions radio sont fortement perturbées à ce moment par des stations radios commerciales émettant de Cuba, ce qui n’arrange rien à la situation qui doucement va virer au drame. Sur base des indications de Taylor, le lieutenant Cox l’invite alors à voler vers le Nord, vers Miami, s’il est sûr qu’il est au-dessus des Florida Keys. Mais apparemment le leader est déjà arrivé à un point de confusion tel qu’il ne sait vraiment plus déterminer sa position. C’est pourtant un pilote expérimenté, il commet alors une méprise fatale, il pense être au-dessus des Florida Keys, mais en réalité, il se trouve au-dessus des Bahamas !
Et voilà l’erreur mortelle qui se commet, en virant vers le Nord au-dessus des Bahamas au lieu des Florida Keys, Taylor entraîne sa formation, assurément vers le Nord, non vers les terres salvatrices de Floride, mais en direction de la pleine mer ! Le leader ne s’est pas rendu compte avoir volé aussi longtemps à l’Est vers les Bahamas, pour une raison indéterminée il croit s’être dirigé vers le sud, vers les Florida Keys. Cette pensée à laquelle s’est fermement accroché Taylor pour le reste du vol va avoir des conséquences fatales.
A 16h45, pour le personnel tentant de le guider par radio, les raisons de la perdition de Taylor entraînant ses hommes avec lui étaient devenues évidentes. Il est invité à passer le commandement du vol à un de ses élèves, mais il a apparemment refusé. Et pendant ce temps, l’éloignement progressif rend les communications de plus en plus faibles.
Le soleil doit se coucher à 17h29, et la situation est au plus grave, le crépuscule approche, le personnel constate avec horreur que le Lieutenant Taylor et ses appareils n’ont aucune idée de leur position et qu’ils sont complètement perdus. De plus les interférences atmosphériques des signaux radio s’intensifient avec le coucher du Soleil et les communications deviennent presque impossibles. A ce moment, ils entendent le Lieutenant Taylor hurler qu’ils volent au Nord- Nord-est pendant une courte période, puis feront route au Nord.
A 17h15, un bref message de Taylor annonce, dirigeons maintenant vers l’Ouest, une autre communication entre les avions captée au sol émanant du leader dit, qu’ils doivent se joindre, et que dès que l’un d’entre eux manque de carburant, ils descendent tous ensemble. Le soleil est maintenant couché sur Fort Lauderdale, de plus, un mauvais temps se déplace vers le Nord et la situation est en pleine urgence. Absolument plus personne n’est capable de savoir où se trouve le vol 19 et les spéculations vont bon train pour savoir où ils peuvent être.
A 18h00, pendant une courte période les communications s’améliorent, le leader est invité à commuter sa radio sur 3000 kilocycles, la fréquence de secours, il refuse de crainte de perdre le contact avec sa formation. Hélas, les interférences des radios commerciales cubaines qui continuent de plus belle perturbent la liaison chancelante due à la charge statique et aux conditions atmosphériques, le vol 19 est coupé du reste du monde !
Le centre d’évaluation de frontière de mer ComGulf, pense qu’il à la position approximative du vol, soit à l’Est de la nouvelle plage de Smyrna en Floride, et loin au Nord des Bahamas.
Il faut remarquer que contrairement à ce qui a parfois été rapporté, depuis le début des difficultés, le temps est maussade, il pleut et le soleil a été plutôt rare.
A 18h20, il est enfin décidé d’envoyer du secours pour tenter de retrouver le vol 19, il s’agit de la formation 49, un hydravion Mariner, qui se dirige vers la supposée dernière position des appareils en perdition.
A 19h04, la dernière transmission du vol 19 est entendue, puis plus rien, la nuit d’encre de la pleine mer et les éléments déchaînés se referment sur la formation en détresse. Les avions ont du carburant pour voler jusque 20h00 !
Le sort s’acharne sur les équipages du vol 19 et la formation 49, le Martin Mariner en mission de secours, ne s’est pas rendu au point programmé et toutes les communications radio avec l’appareil sont interrompues, une nouvelle angoisse vient s’ajouter à l’inquiétude déjà au paroxysme des membres au sol.
A 19h50, l’équipage d’un bateau rapporte avoir vu une énorme boule de feu provoquée par l’explosion d’un avion. Il se rend sur les lieux et découvre une grande tache de pétrole, et ce qui ressemble à des débris d’avion, aucune trace des corps des membres de l’équipage à la surface. L’équipage du navire abandonne rapidement les recherches, les conditions météorologiques sont devenues épouvantables, il est impossible à n’importe qui de récupérer quoi que ce soit, mais nul doute qu’il s’agisse du Mariner. La position du crash est : 28°59’N – 80°25′ W.
Cet avion à la réputation d’être une « bombe volante » qui peut exploser à la moindre étincelle, la spéculation sur sa disparition est la suivante, l’un des hommes de bord, ignorant que la carlingue contient des vapeurs d’essence allume une cigarette, provoquant l’explosion de l’appareil en plein vol !
Et le vol 19 ? Continuant à errer en pleine tempête, dans la nuit, sans point de repère, la fin est inéluctable. A court de carburant, ils s’abîment dans les flots glauques et bouillonnants, en plein orage, engloutis par des vagues atteignant 50 pieds de haut et sont probablement envoyés par le fond en quelques secondes.
Il est possible que le Lieutenant Taylor se soit trouvé dans la région de Freeport, car il est improbable qu’il confonde les Bahamas avec Florida Keys, vu la différence de taille et même Freeport est nettement plus grand. A remarquer également, l’importance des distances entre les terres éparpillées dans cette zone.
Il faut effectivement que les conditions météorologiques aient été mauvaises pour se perdre et ne pas pouvoir voler à vue. Au niveau de la mer l’horizon forme un cercle parfait or la distance en kilomètres de l’observateur à l’horizon est obtenue en multipliant l’altitude de l’observateur exprimée en mètres par 12,5, puis en prenant la racine carrée de ce produit. Si Taylor avait eut une excellente visibilité, en prenant de l’altitude, il aurait eut de fortes chances de trouver un point de repère.
Toutes les vastes recherches entreprises par des bâtiments de surface et les avions pour les retrouver menées jusqu’au soir du 10 décembre 1945 se sont avérées négatives, rien n’a permis de localiser l’endroit exact de la disparition du vol 19, ni retrouver la moindre épave. Les recherches ont été abandonnées tant la mer était mauvaise. Il est supposé qu’ils se sont écrasés quelque part à l’Est de la péninsule de Floride.
La position du vol 19 ?
En 1991, cinq Avengers ont été retrouvés par 600 pieds de fond, le long de la côte de Floride par un bateau de récupération. L’examen des avions a prouvé que ce n’était pas le vol 19. A ce jour l’endroit où repose les avions et leurs équipages est toujours le secret du Triangle des Bermudes.
Conclusion
Comment cette tragédie s’est-elle transformée en mystère du Triangle des Bermudes ? Après enquête et recherches, la Marine à conclu à l’accident, provoqué par la confusion de Taylor. La mère du leader a refusé d’accepter cela et finalement a réussi à obliger la Marine à changer le rapport et l’erreur humaine a été modifiée en causes ou raisons inconnues. Cela a épargné les sentiments de cette femme, mais a brouillé les faits réels, le mystère du vol 19 était né.
Des questions
Pourquoi tous les compas des avions ne fonctionnaient-ils pas ? En effet cinq avions cela fait cinq compas de navigation, ce serait une invraisemblable coïncidence que tous tombent en panne en même temps !
Pourquoi, le Lieutenant Charles C.Taylor, n’avait-il pas sa montre, alors qu’il sait pertinemment qu’il n’y a pas d’horloge dans le cockpit de l’Avenger ? Il sait qu’il a besoin de chronométrer ses temps de vol pour ses calculs de navigation ! Pourquoi les élèves pilotes, déjà confirmés puisqu’ils volent seuls, ne sont -ils pas capables de faire une navigation qui est la base élémentaire du pilotage, en qualité d’élèves rien ne les dispensaient de faire leur propre navigation en parallèle avec le leader. Avaient-ils tous également oubliés leurs montres ?
Pourquoi, lorsqu’il s’est rendu compte qu’il était sans boussole et risquait la perdition, le Lieutenant Charles C Taylor n’a t’il pas fait un 180° pour voler en sens inverse ? En regardant sa jauge de carburant, et connaissant la consommation moyenne de son avion, sa vitesse de croisière, il pouvait estimer son temps de vol et la distance parcourue, certes d’une façon approximative, mais néanmoins sur des bases concrètes et mathématiques et non intuitives. N’oublions pas que ce leader était un pilote expérimenté.
Pourquoi n’a-t-on pas lancé des recherches dès le début, au moment où l’on savait qu’ils étaient bel et bien en état de perdition, mais avaient encore assez de carburant. Plusieurs avions auraient pu décoller en prenant chacun une des directions des supposées positions afin de tenter de les retrouver et de les ramener. Il semble bien que là aussi, il y a eut une lenteur de réaction qui n’a pas arrangé la situation.
En réalisant ce dossier, je tentais d’établir que la disparition du vol 19, n’avait rien de mystérieux et était finalement un drame de l’aviation. Et puis en fin de parcours toutes ces questions sont apparues d’elles-mêmes sans les chercher. Le fait que l’on ne sache pas donner des réponses nettes à des questions aussi simples, finalement renforce peut-être le Mystère du Triangle des Bermudes.
Rien ne « colle » vraiment dans cette sombre histoire, plus on scrute les faits, plus on se rend compte que des zones d’ombres subsistent, il est aussi possible que toutes les communications radio n’aient pas été rapportées.
Peut-on raisonnablement envisager que le Lieutenant Taylor, un pilote confirmé, responsable de la vie des hommes de sa formation, soit parti en mission sans le plus élémentaire des matériels pour voler soit : sa montre, une carte de la région et son plan de vol. Ensuite peu importe que son compas de navigation tombe en panne, les avions sont équipés maintenant comme à cette époque d’une boussole au tableau de bord qui est justement destinée à naviguer » à l’ancienne » en cas de panne du compas et de la centrale de navigation!
Il faut bien admettre que s’ils se sont perdus, c’est que les compas et les boussoles ne fonctionnaient plus et qu’elle est donc la cause de ce dysfonctionnement généralisé ? Une multitude de facteurs sont venus s’ajouter à cela, et là il faut bien dire qu’ils ne sont en rien mystérieux. Les éléments atmosphériques déplorables les ont empêchés de prendre un repère visuel tant qu’il faisait jour, et quand le soleil s’est couché plus rien ne pouvait les sauver. Les mauvaises liaisons radiophoniques, suite à la distance, le mauvais temps, et les intrusions des radios commerciales cubaines n’ont fait qu’aggraver la situation.
On peut s’imaginer la détresse des ces hommes, dans un avion, le carburant diminuant sans cesse, enveloppés par la nuit noire déchirée par les éclairs de l’orage, la tempête secouant les appareils comme des brindilles, sans moyen de navigation matérielle, ni point de repère possible, ils savaient pertinemment qu’ils allaient mourir en s’écrasant sur une mer en furie. Ils se sont battus jusqu’au bout, contre le destin et les forces de la nature, mais cette fois les hommes ont perdu !
La légende du triangle des Bermudes
En 1952, un journaliste s’étonne, dans une revue confidentielle, du nombre inhabituel d’accidents survenant dans un périmètre compris entre Porto Rico, la Floride et les Bermudes. L’hypothèse d’un phénomène paranormal refait surface en 1964, le climat de l’époque étant favorable à toutes les élucubrations. Un article d’Argosy Magazine où l’auteur Vincent Gadis emploie pour la première fois l’expression Triangle des Bermudes. Ce dernier affirme que de nombreuses disparitions d’avions et de bateaux, dans ces mers étranges, sont inexpliquées.
L’idée chemine dans les esprits, de 1969 à 1974, des livres et des documentaires sont consacrés à cette légende. On suppose que des êtres technologiquement supérieurs, d’une grande intelligence, s’emparent des avions et des bateaux ! Les extraterrestres sont associés à ce phénomène et malheur à qui s’aventure dans la région. En fait, il n’en est rien, cette région du globe étant très fréquentée, et la météo changeant rapidement, les courants marins difficiles, font qu’il y a des accidents, mais pas plus qu’ailleurs.
En vérifiant les archives de la Lloyd’s de Londres, qui analyse les naufrages et les fortunes de mer, des chercheurs assidus prouvèrent qu’il n’y avait pas plus d’accidents maritimes dans cette zone que dans le reste de l’Atlantique.
Zone mystérieuse
Depuis sa découverte par Christophe Colomb, des centaines de navires et d’avions ont disparu dans la région des Bermudes. Vers 1800, le «Pickering», un bateau américain, disparaît sans raison dans cette zone. En 1854, on perd la trace du «Bella», un navire britannique qui faisait voile vers la Jamaïque. En 1866, c’est la «Lotta», un trois-mâts suédois, suivi deux ans plus tard du «Viego», un navire marchand espagnol. En 1880, l’«Atalanta», un navire-école britannique avec ses 290 élèves-officiers et tout son équipage, disparaît à son tour. Suivront ensuite nombre de navires dont en 1884, le «Miramon», une goélette italienne et, en I902, le trois-mâts allemand la «Freya». Dans ce dernier cas, les dégâts laissent supposer qu’il avait été pris dans une tempête alors qu’aucune n’avait été signalée dans la région.
En 1918, c’est le tour du «Cyclops», un gros navire charbonnier avec une radio à bord. Aucun S.O.S. n’a été envoyé. Plus tard, l’avion Star Tiger qui assure la liaison Açores-Bermudes s’évanouit un jour de janvier 1948, après avoir envoyé le message suivant: «Conditions météo excellentes. Arriverons à l’heure prévue. Attendons les instructions pour l’atterrissage.» La tour de contrôle répond, en vain.
En décembre 1948, le pilote d’un Douglas DC 3 annonce «Nous approchons de l’aéroport. Nous apercevons les lumières de Miami… Tout va bien.» On ne retrouvera jamais le DC 3. Plus troublant est le cas d’un appareil de la Eastern Airlines qui, pendant dix minutes, s’évanouit totalement des écrans de la tour de contrôle de Miami. ?? bord, personne n’a rien remarqué d’anormal; mais lors du débarquement, les montres des passagers retardent toutes de dix minutes.
Mais toutes ces disparitions n’ont acquis une certaine célébrité qu’en 1964, alors que paraît dans la virile revue d’aventure «Argosy», un article sur «le Triangle des Bermudes». Succès boeuf. Le mythe est définitivement lancé au point qu’aujourd’hui, on risque dangereusement de disparaître corps et biens dans la montagne de livres et de documentaires qui ont poussé sur cette zone où tout s’anéantit.
Précisons immédiatement qu’il y a du flottement dans le triangle qui devient un trapèze chez certains auteurs, atteint les Açores chez l’un, ne dépasse pas les Bermudes chez l’autre, etc… Grosso modo, toutefois, la zone aurait plus ou moins la forme d’un triangle reliant les Bermudes, Porto Rico et la Floride. Ce triangle est «le théâtre de disparitions qui dépassent le seuil de probabilités» peut-on lire dans l’épicé «Argosy». «La fréquence, le nombre et les circonstances de ces disparitions dépassent de loin le simple hasard», précise Charles Berlitz, auteur du premier livre sur le sujet. «Anormalement élevées», dit Yvan T. Stevenson. «Sans cause apparente, de façon arbitraire et sans aucun signe avant-coureur», écrit Wallace Spencer dans «Limbo of the Lost». Mais alors, comment expliquer ces disparitions?
Les explications ont varié avec les années; au siècle dernier, on faisait état de «serpents de mer», d’immenses «tortues» ou même de créatures démoniaques. Depuis, les hypothèses sont devenues plus complexes.
Pour Charles Berlitz, des sources d’énergie entreraient en activité à l’occasion de mouvements des fonds marins et détruiraient les avions et les bateaux qui passent par là. Yvan T. Sanderson auteur de «Invisible Residents», prétend qu’une civilisation évoluée vivant sous l’océan, enlève les êtres humains de cette région pour constituer un musée vivant de la planète Terre. D’autres auteurs, plus «scientifiques», y voient l’effet d’une anomalie dans le champ magnétique terrestre ou de «trous noirs» qui ralentit ou accélère le temps, projetant les objets des environs dans une quatrième dimension. Plus inquiétant encore, une douzaine de ces zones encerclent notre planète.
Précisons d’abord un détail savoureux. La plupart des tragédies rapportées se produisirent en dehors de la zone des Bermudes. Quant à cette partie de l’Atlantique, particulièrement fréquentée et météorologiquement instable, elle ne reçoit pas plus que sa part normale de désastres et d’accidents.
Le Service américain des garde-côtes a déclaré que sur 150 000 bateaux qui traversent la zone du triangle chaque année, 10 000 seulement envoient des messages de détresse et 100 font naufrage.
En 1975, 21 bâtiments disparurent sans laisser de trace au large des cotes américaines, dont 4 dans le Triangle. En 1976, les chiffres étaient 28 et 6. Ouragans, tempêtes expliquent une bonne partie de ces disparitions sans compter que l’influence du Gulf Stream est assez forte pour emporter un navire loin de sa route ou pour disperser une épave en moins de temps qu’il n’en faut à un fumiste pour decouvrir un Atlante.
Plusieurs disparitions ont été inventées de toutes pièces, ou tout au moins détournées de leur route maritime. Des exemples: le navire britannique « Bella », disparu en 1854 entre Rio de Janeiro et la Jamaïque n’a jamais existé. Les chantiers de Liverpool ont bien construit un «Bella» en 1852, mais il n’a jamais coulé. Le bateau-école «Atalanta», peut avoir coulé n’importe où entre les Bermudes et l’Angleterre; on n’en a rien retrouvé. Le trois-mâts allemand «Freya», a bien coulé en 1902, mais dans l’océan Pacifique… Il était carrément hors triangle comme le «USS Cyclops», qui a sombré le long de la côte atlantique des ??tats-Unis.
Quant au «Lotta», au «Viego» et au «Miramon», pour ne citer que ces chers disparus, impossible d’en retrouver la trace dans les archives maritimes. C’est en tirant les épaves par les cheveux qu’elles sont devenues des «bateaux mystères». Un bibliothécaire a mis de l’ordre dans tout cela.
Dans «Le mystère du Triangle des Bermudes la solution», Lawrence Kusche, bibliothécaire à l’Université d’Etat de l’Arizona, a démontré que la plupart des grands mystères du Triangle ne paraissent mystérieux que grâce à des citations tronquées, des distorsions ou des omissions de faits. Dans presque tous les cas, les conditions météo, l’erreur humaine ou l’incident technique constituent la cause réaliste des mystérieuses disparitions. D’ailleurs, la plupart de ces naufrages n’ont pas fait les manchettes en leur temps; ils ne sont devenus des «mystères» qu’à partir du moment où a été lancée la mode du Triangle des Bermudes.
Mais qu’en est-il des avions disparus, le Star Tiger, le Douglas DC-3, et surtout l’escadrille 19 ? «Conditions météo excellentes. Arriverons à l’heure prévue», aurait dit le pilote du Star Tiger approchant des Bermudes. Pure invention. Rien de la sorte ne figure dans le rapport d’enquête ni dans les conclusions de l’enquête publique parues dans les journaux de l’époque. Par contre, on a appris que le pilote avait été gêné par des nuages bas et des vents violents pendant tout le vol et qu’il manquait de carburant.
Dans de telles conditions, un simple incident – une panne de moteur, par exemple – a pu avoir des conséquences catastrophiques. Mais alors, le fameux DC-3 ?
Selon la légende, avec 27 passagers à bord, l’avion quitte San Juan, Porto Rico, à destination de Miami. Le pilote signale qu’il n’est plus qu’à 80 km de Miami et qu’il aperçoit déjà les lumières de la ville. La tour de contrôle lui transmet les instructions pour l’atterrissage, aucune réponse… L’avion disparaît près de la côte, et, pourtant, on ne le retrouvera jamais.
En fait, lorsque le capitaine Robert Linquist signale sa position -80km de Miami-, il précise que sa radio est défectueuse; mais il ne fait aucune allusion aux lumières de la ville, détail pittoresque ajouté par certains auteurs. Au cours du vol, le pilote avait dû faire face à un vent du nord-est. ?? l’approche de la Floride, la direction des vents change soudainement et la tour de contrôle de Miami en avertit aussitôt le pilote.
Mais, sa radio fonctionnant mal, il est vraisemblable qu’il n’a pas reçu le message, raté la péninsule de la Floride et qu’il s’est engagé sans retour au-dessus du golfe du Mexique. Par ailleurs, on a inventé de toutes pièces le gag des voyageurs dont les montres retardaient.
Mais peut-on nier que la disparition de l’escadrille 19, 5 bombardiers, 28 hommes d’équipage, y soit bizarre. C’est pourquoi, dans le film la, «Rencontre du Troisieme Type», les pilotes réapparaissent dans le désert du Mexique, après une absence de plus de trente ans.
Rappelons les grandes lignes: météo excellente, pilotes expérimentés, vol de routine, appels angoissés à la tour de contrôle, océan bizarroide…
En réalité, si le ciel est effectivement clair lorsqu’ils décollent de Fort Lauderdale, une tempête se déclenche soudain et les conditions de vol deviennent vite difficiles. Le lieutenant Taylor est le seul pilote expérimenté mais c’était son premier vol dans cette zone aux conditions météorologiques changeantes.
Ensuite, il n’y a jamais eu de communication avec la tour de contrôle de Fort Lauderdale. Par contre, on a intercepté une communication radio entre deux membres de l’escadrille. Taylor croyait survoler l’archipel des Keys de Floride. Malheureusement, il se trompait; son escadrille se trouvait au-dessus des Bahamas. Il a sans doute tenté un amerrissage forcé…» Au cours de l’enquête, des experts affirmèrent qu’un TBM ne pourrait tenir en équilibre sur les vagues déchaînées plus d’une minute. Quant à l’hydravion Mariner envoyé à 19h27, au secours des Avenger, Kusche fait observer que, pour accroître leur autonomie, les Mariner sont littéralement bourrés d’essence, au point d’avoir été qualifiés de «citernes volantes». Un bateau marchand, le «S Gaines Mills» a observé une explosion dans le ciel ce jour-là à 19h30.
Plutôt que de regarder la vérité en face jusqu’à ce qu’elle cligne des yeux, les auteurs « initiés » osent écrire: « C’est peut-être que l’esprit humain n’est pas encore assez avancé pour comprendre les forces qui s’exercent dans le Triangle. » Celles qui s’exercent dans leurs cerveaux ne doivent pas rencontrer beaucoup d’obstacles.