Au tribunal de la ville d’Exeter au début du XVIIIème siècle, capitale du comté du Devon en Angleterre, renferment le très intéressant compte rendu du retour d’un fantôme dont le but était de faire éclater la vérité sur son crime.
Le personnage principal de cette histoire est un garçon de quatorze ans nommé Richard Tarwell, qui travaillait pour les Harris, une riche famille du Devon…
Le chef de famille occupait un poste important à la cour du roi. Il lui était souvent demandé de passer de longues périodes à Londres, loin de ses propriétés dans le Devon…
Celles-ci étaient laissées aux soins de son maître d’hôtel, Richard Morris, qui était dans la famille depuis de nombreuses années et considéré par celle-ci comme entièrement digne de confiance.
En 1730, George Harris était à Londres lorsqu’il reçut une lettre urgente de Morris lui demandant de revenir immédiatement. Harris s’arrangea pour se libérer de ses obligations gouvernementales et se précipita dans le Devon, où Morris le vit et lui raconta ce qui s’était passé.
Quelques jours plus tôt, il avait été tiré d’un profond sommeil par des bruits inexplicables. Il descendit l’escalier à pas de loup et entendit à travers la porte fermée de l’office un bruit de bois fracassé, comme si quelqu’un ouvrait de force les caisses qui renfermaient la précieuse argenterie de la famille Harris. Il entendit aussi les voix de deux hommes…
D’abord, Morris pensa que les voleurs devaient être deux laquais car il était sûr que personne n’aurait pu s’introduire dans la maison sans forcer une porte, ce qui aurait fait beaucoup de bruit et réveillé toute la maisonnée…
Morris était tellement en colère à l’idée que ces deux hommes avaient trahi leur employeur qu’il entra en trombe dans l’office sans s’inquiéter une seconde de sa propre sécurité. A sa grande surprise, Morris découvrit que les deux hommes qui s’attaquaient aux caisses n’étaient pas des laquais mais deux personnages d’allure brutale qu’il n’avait jamais vus. Et avec les voleurs, il y avait le garçon de quatorze ans, Richard Tarwell…
Tarwell était un jeune garçon que Morris avait embauché à peine quelques semaines plus tôt pour aider aux cuisines. La famille du garçon vivait dans la région, et il semblait suffisamment digne de confiance quand il avait pris ses fonctions. Il semblait aimer son travail. La nuit il dormait dans un petit placard à côté de l’office…
Morris en conclut qu’il avait dû faire entrer les voleurs. Et fut retrouvé le lendemain matin, ligoté et bâillonné dans l’office, lorsque d’autres domestiques s’étonnèrent de ne pas le voir se présenter au petit déjeuner…
Après le cambriolage, on ne retrouva aucune trace de l’argenterie, des deux voleurs ni de Richard Tarwell. Le père du garçon clama l’innocence de son fils mais, en l’absence du garçon pour raconter sa version des faits, il fut présumé coupable…
George Harris prit le cambriolage avec philosophie, et retourna à Londres poursuivre son travail pour le roi. Il lui fallut attendre plusieurs mois avant de revenir dans ses propriétés du Devon. Le premier soir après son retour, il suivit le maître d’hôtel à travers la maison lorsque celui-ci verrouilla les portes et fenêtres pour s’assurer qu’un tel évènement ne se reproduirait pas. Il fut émerveillé par le soin extraordinaire que mettait l’homme de confiance dans sa tâche, et monta se coucher…
Cependant, ce soir là quelque chose d’étrange commença à tracasser Harris, il se tourna et se retourna dans son lit pendant quelques temps en s’efforçant de formuler ce qui l’inquiétait, mais finit par renoncer et s’endormit…
Soudain, au milieu de la nuit il se retrouva pleinement éveillé sur son lit, avec se tenant au bout, un jeune garçon. Il savait qu’il n’avait jamais vu ce garçon auparavant, cependant il comprit d’une certaine façon qu’il s’agissait de Richard Tarwell…
Au début Harris pensa que le garçon s’était caché dans la maison depuis le vol, mais lorsqu’il lui parla, le jeune homme d’une grande pâleur resta immobile et se contenta de hocher la tête de temps à autre…
La silhouette de Richard Tarwell glissa vers la porte, faisant signe à Harris de la suivre. Pour la première fois, Harris réalisa que le jeune homme qu’il voyait n’était pas en chair et en os, mais un fantôme. Curieusement, il ne ressentit aucune peur car, comme il le déclara par la suite, le spectre ne semblait pas lui vouloir de mal…
Tous deux descendirent et sortirent de la maison par une porte latérale, et Harris pu constater qu’elle n’était pas verrouillée. Pourtant, il avait vu Morris fermer cette porte le soir même. Une fois dehors, le fantôme conduisit Harris à une centaine de mètres, jusqu’à un grand chêne, dont le tronc était caché par d’épais buissons. Parvenu à l’arbre, le jeune garçon s’immobilisa et désigna du doigt le sol, puis disparut…
Harris regagna la maison, et très tôt le lendemain matin, alla réveiller ses deux laquais. Ils se vêtirent, allèrent chercher des outils et commencèrent à creuser près du vieux chêne, où ils découvrirent les restes en décomposition du cadavre de l’adolescent…
Harris comprît que Richard Tarwell était innocent du vol, et que le complice des voleurs ne pouvait être que Morris le maître d’hôtel. Il se souvint alors de ce qui l’avait tracassé la veille, lorsque Morris avait verrouillé la maison, il conservait les clés toujours sur lui pendant la nuit, ce qui signifie que si Tarwell avait été complice du vol, il aurait du s’introduire dans la chambre du maître d’hôtel pour y voler les clés, puis ressortir sans le réveiller…
Or Morris avait révélé auparavant qu’il avait entendu les voleurs depuis sa chambre, ce qui signifie que son sommeil de devait être extraordinairement léger.
En présence des gendarmes, Morris fut confronté aux restes du jeune homme disparu et s’effondra. Il confessa le cambriolage avec ses deux complices. Après avoir récupéré l’argenterie, les voleurs auraient dû emmener la marchandise à Plymouth, la vendre puis envoyer sa part à Morris pour les avoir fait entrer…
Mais les voleurs avaient étés trop bruyants, ils avaient réveillé Richard Tarwell qui dormait dans le placard juste à côté, le jeune homme s’était levé et avait vu la scène, alors l’un des complices avait du le réduire au silence. Le corps fut enterré près du vieux chêne, et bien que le meurtre ne fasse pas partie du plan original, une fois qu’il fut produit, les trois complices eurent l’idée de mettre le cambriolage sur le compte du jeune garçon disparu…
Morris attendit en vain sa part du butin, car ses complices l’avaient trahi et disparurent avec la marchandise et l’argent. Il finit par endosser seul le crime, et fut pendu…
Le lien : http://www.voxspiriti.com/histoires-de-fantomes-richard-tarwell.php
signé: Castor