De nos jours, les histoires de Jack-le-Bondissant sont considérées comme des fruits de l’imagination victorienne. Une théorie a été qu’elles avaient été répandues par des domestiques ou des gens de basse extraction qui trouvaient ainsi une justification à leur propre négligence ou à leurs propres méfaits. Selon un autre théorie, ces histoires ont été concoctées pour effrayer les petits enfants qui « seraient emportés par Jack-le-Bondissant » s’ils n’obéissaient pas.
Le fait est que les apparitions de Jack-le-Bondissant ont été largement couvertes par la presse locale et nationale (bien que cela ne soit pas, non plus, une garantie de fiabilité, bien sûr!)
Personne ne sait avec certitude quand Jack-le-Bondissant a fait sa première apparition, et certaines sources indiquent que les premiers récits datent de 1817. Mais c’est en 1837 seulement que Jack-le-Bondissant devint l’objet de l’intérêt général.
A Londres, en septembre 1837, Jack attaqua trois femmes en pleine nuit. L’une des victimes, Polly Adams, raconta que sa robe avait été déchirée, ce qui avait permis à Jack de lui égratigner le ventre avec ses « doigts de fer » (apparemment une référence à de longues griffes). Par la suite, les victimes décrivirent Jack comme étant un homme grand, mince et doté d’une grande force, qui portait une cape sombre, et dont les yeux brillaient d’une lumière rouge ou orangée ; il avait aussi le pouvoir de cracher des flammes bleues.
Les agressions se poursuivirent, au point qu’ en janvier 1838, le Lord Maire de Londres, Sir John Cowan, déclara Jack-le-Bondissant ennemi public. Un groupe de vigiles fut créé dans le but de capturer Jack, mais celui-ci échappa à toutes les tentatives. Le bruit se répandit qu’il parvenait à s’échapper en faisant des bonds de 8 à 9 mètres d’un coup ! (Où donc avons-nous déjà entendu ça,?)
Le mercredi 18 février, Lucy Scales, une jeune fille de 18 ans, et sa sœur Margaret revenaient chez elles après avoir rendu visite à leur frère. Lucy marchait un peu en avant de sa sœur quand soudain, en passant devant l’entrée d’une allée, une forme surgit des ténèbres, crachant du feu au visage de la jeune fille, puis s’éloigna en faisant de grands bonds. Lucy s’effondra sur le sol, prise d’ une crise de nerfs.
Deux jours plus tard, le 20 février, Jane Alsop répondit à un violent coup de sonnette au domicile de ses parents. Sur le seuil de la porte se tenait un homme extrêmement agité qui se déclara policier, et dit « Pour l »amour du Ciel, apportez moi de la lumière, car nous avons attrapé Jack-le-Bondissant dans l’allée ! ».
Jane alla prendre une chandelle et la remit au policier, qui rejeta brusquement sa cape. Sous ce vêtement, il était vêtu très bizarrement : il portait un grand casque et un costume blanc qui lui collait au corps et qui semblait fait de toile cirée. Ses yeux devinrent rouges et protubérants quand il se mit à fixer Jane, et il commença à cracher des flammes bleues dans sa direction!
(Ici, je me pose une question à propos de cette chandelle. Est-ce qu’il lui fallait disposer d’une « flamme » pour pouvoir « cracher du feu » comme un dragon ? La présence d’une bougie ou autre flamme n’est pas mentionnée dans le compte rendu de Lucy Scales, mais il est un fait que les cracheurs de feu actuels utilisent une flamme pour enflammer les mixtures volatiles qu’ils se versent dans la bouche. Il ne semble n’y avoir aucune allusion à une odeur de gaz, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en avait pas. Les témoins peuvent avoir été trop perturbés pour s’être attachés à un tel détail.)
Enfin, Jane se trouva temporairement aveuglée, et Jack l’agrippa avec « ses doigts comme des serres », déchira sa robe, et égratigna profondément sa peau.
Naturellement, Jane cria de toute la force de ses poumons, et ses deux sœurs accoururent à la rescousse, l’arrachèrent aux griffes du monstre, et claquèrent la porte au nez de celui-ci.
Une semaine plus tard, Jack voulut réitérer son exploit, mais sa victime potentielle devait avoir entendu parler du premier incident et se tenait sur ses gardes. Jack s’enfuit, et un témoin dit qu’il y avait sur son vêtement, un écusson décoré d’une lettre « W » brodée en or (?)
On croirait voir un des « Superhéros » actuels!
Quoi qu’il en soit, les apparitions de Jack devinrent de moins en moins fréquentes, jusqu’à ce qu’en 1843 débutât une nouvelle vague de terreur. Il apparut alors dans le Northamptonshire, le Hampshire et dans la région d’ East Anglia.
On vit Jack en 1845 dans un « bas quartier » (immortalisé par Charles Dickens dans Oliver Twist), où il accula dans un coin une jeune prostituée de 13 ans, lui souffla du feu au visage, et la jeta ensuite dans un caniveau où elle se noya. C’est ainsi que Jack ne se contenta plus de terroriser les gens mais devint un meurtrier.
Il y eut des rapports isolés concernant des activités de Jack-le-Bondissant au cours des 27 années qui suivirent, mais la plupart sont douteux car les témoignages sont peu convaincants. Mais en novembre 1872, Londres fut à nouveau dans un état d’agitation extrême lorsqu’on entendit parler du « fantôme de Peckham » qui, selon les journalistes de l’époque, était aussi inquiétant et mystérieux que Jack-le-bondissant l’avait été pour la génération précédente ».
Jack fit une réapparition supposée en mars 1877 à la caserne d’Aldershot, et un soldat tira dans la direction de la forme en fuite, mais il semble que cette forme était insensible aux balles.
Dix ans plus tard, en 1887, on suppose que c’est encore Jack qui effraya plusieurs jeunes personnes dans le Cheshire en se précipitant dans la pièce où elles étaient assemblées. Il balaya tous les bibelots du manteau de la cheminée puis disparut en courant. Le bruit courut que cette apparition avait été, en réalité, un mauvais tour joué par les fils de plusieurs hommes bien connus, qui avaient décidé que l’un d’entre eux devrait se faire passer pour le Jack original, de manière convaincante.
Plusieurs théories ont été émises quant à la personnalité de l’étrange créature qui pouvait faire des bonds gigantesques, cracher du feu, et qui avait des yeux comme des charbons ardents ; mais aucune explication satisfaisante n’a jamais pu être fournie. Personne n’a jamais été pris, personne n’a jamais été positivement identifié, en dépit des comités de vigiles mis sur pied à plusieurs reprises et destinés à capturer Jack. A de nombreuses reprises, une silhouette fuyant à grands bonds a été aperçue, mais jamais aucune explication n’a pu être donnée non plus.
Une observation m’est venue à l’esprit tandis que je réfléchissais à tout cela : c’est que Jack l’Eventreur était aussi un « Jack » et la période impliquée pourrait englober les activités de celui-ci aussi. Je possède tout une série de livres sur l’Eventreur, chacun d’eux proposant une théorie différente sur l’identité de celui-ci ; et j’ai bien sûr, ma propre théorie favorite, selon laquelle aucun des incidents n’est « anormal ». Mais cela n’exclut pas des événements anormaux de notre analyse du phénomène « Eventreur », particulièrement lorsqu’on se réfère aux incidents de la « Bête du Gévaudan » et à l’appétit vraiment féroce de cette créature! Il est certain que l’Eventreur doit avoir eu des moyens d’échapper à toute poursuite, et parmi ceux-ci, le pouvoir de sauter par dessus les immeubles, ou autres choses du genre. Et on pense que les meurtres de l’Eventreur ont commencé et se sont arrêtés de manière mystérieuse, sans aucune explication logique, sauf que l’assassin a pu se suicider, ou avoir été envoyé dans un hôpital pour aliénés, ou bien s’être rendu en Amérique ou en Australie. (ce sont là des théories qui ont été envisagées avec sérieux.)