C’était une bonne bande de copains du quartier Brossolette à Bron : Florence, Laurence , Stéphane, Myriam et …Nathalie , nouvelle venue dans la bande. C’était en 1982. A l’époque , le petit groupe partage à 15 ans les sorties de son âge. C’est l’insouciance : Des balades, des flirts, du camping sauvage , des baignades, mais rien de très aventureux : « Nathalie était jolie, adorable, polie et réservée » précise Florence Rouzet. « Nous l’avions intégrée dans le groupe en ce début d’année 1982″. »Elle avait des soucis dans sa famille, explique Laurence Gerona. Quand elle a disparu , elle venait à peine d’être retirée de son milieu familial pour être placée à la cité de l’Enfance , à 500 mètres de chez elle ». Une jeune fille sérieuse donc, mais en perte de repères affectifs .
Arrive donc l’impensable: Nathalie Mazot disparaît sans mot dire quelques mois plus tard, le 6 Novembre 1982, alors qu’elle se rend chez sa soeur aînée, Evelyne, qui habite alors dans le vieux Lyon. Le lendemain de la disparition , ses copains se donnent rendez -vous dans le vieux St Jean , à l’insu des parents : « C’était un dimanche, se souvient Laurence . On la cherchait partout dans les bars de St Jean avec la pétoche ». Déjà un mauvais pressentiment : Ses copains imaginent déjà à l’époque qu’elle a pu être enlevée , sans oser penser au pire . « Du haut de nos quatorze ans , on ne pensait pas à la mort » , concède-t-elle . Curieusement ,la police ne les interrogera pas à cette époque là. Ils seront entendus bien plus tard, en 2009, soit 27 ans plus tard…
C’est cette même bande de copains qui veut toujours comprendre aujourd’hui ce qui s’est passé grâce à internet et aux réseaux sociaux . Ils ouvrent une page Facebook et lançent une pétition sur Change.org . Ils veulent obtenir la poursuite de l’enquête et la reprise des fouilles interrompues jadis dans le sous-sol du vieux Lyon . Car ils en sont encore persuadés aujourd’hui , c’est bien là que se trouve Nathalie , morte et enterrée dans la cave d’un bar malfamé…
Un curieux « pardon »
Les soupçons se portent sur Evelyne ,cette grande soeur qu’admirait tant Nathalie. Une femme qui travaillait comme entraîneuse dans un bar du quai Pierre Scize et qui avait visiblement de mauvaises fréquentations . Curieusement ,elle se suicidera le 5 janvier 1983, soit deux mois plus tard, avec pour seule explication, une lettre énigmatique demandant simplement « pardon ».
Florence Rouzet revient sur la personnalité d’Evelyne, une femme très dynamique mais aux moeurs légères. Stephane Cros ,un autre membre du groupe, la décrit comme une femme sympathique mais qui parlait d’une manière assez crue , « avec une certaine gouaille ». Evelyne aurait-elle emmené délibérément sa plus jeune soeur dans un endroit mal fréquenté ou aurait-elle été abusée avec elle, piégée contre son gré dans un sordide guet-apens?Quoi qu’il en soit , Florence Rouzet ne comprend toujours pas comment cette grande soeur de 19 ans, qui annonçait son bonheur d’être enceinte juste avant la disparition de Nathalie, a pu se donner la mort deux mois après. Et pourquoi l’expression d’un tel remords ?
Tous aujourd’hui réclament la vérité. Ils veulent des investigations plus poussées dans la cave de cet ancien bar de Lyon , dont les murs ont déjà été sondés mais qui n’aurait pas encore livré tous ses secrets. Ils comptent sur la mobilisation de tous pour obtenir de la justice des fouilles approfondies, en souvenir de Nathalie . La cour d’appel de Lyon doit dire le 30 juin si l’enquête doit encore se prolonger, 33 ans après cette mystérieuse disparition.
Ultime demande d’une mére à la justice
A l’époque de la disparition de Nathalie, les policiers sont persuadés qu’il s’agit d’une fugue. Mais la disparition de l’adolescente n’a jamais été élucidée. La jeune fille n’a plus donné de nouvelles après avoir rendu visite à sa mère à Bron. Elle devait également ce jour-là rendre visite à sœur aînée, Evelyne. Cette dernière habitait le 5e arrondissement de Lyon. Mais Nathalie n’est jamais rentrée à la cité de l’enfance où elle était vivait. L’énigme s’épaissit lorsque deux mois après la disparition de l’adolescente, sa soeur aînée se suicide. A ses côtés, on retrouve une lettre demandant pardon.
Les investigations piétinent. En novembre 2008, la police judiciaire de Lyon décide d’exhumer le dossier afin de tenter d’élucider ce « cold case ». Une nouvelle piste surgit : des témoignages orientent l’enquête et les soupçons vers le tenancier d’un bar du Vieux-Lyon. L’ établissement situé à Saint-Paul est fréquenté par les deux soeurs. Dans le sous-sol, un mur a été construit juste après la disparition de Nathalie. Mais à l’époque, les sondages n’ont rien trouvé.
Aujourd’hui, la mère de la victime demande à la justice de reprendre les recherches et notamment de fouiller le sous-sol de ce bar du Vieux-Lyon. Yolande Guyot est persuadée que sa fille a été enterrée à cet endroit. La Cour d’appel de Lyon doit dire aujourd’hui si elle accède ou non à cette ultime requête, dernier espoir de la mère de l’adolescente. Si cette requête restait vaine, le dossier Nathalie Mazot serait définitivement clos.
Etrange message post-mortem de la soeur suicidée…La mère des jeunes filles l’attribue, sans doute avec raison, à un sentiment de culpabilité de la part d’Evelyne.
Si cette dernière a menti en prétendant dans un premier temps que Nathalie n’était jamais arrivée chez elle, elle a également menti en assurant qu’elle avait raccompagné sa soeur à l’arrêt du bus censé la ramener vers son foyer d’accueil.
La mère-dont on comprend le désarroi-semble persuadée que Nathalie a été enlevée à ce moment-là.
Cette hypothèse est plutôt incohérente puisque tous les vêtements de la disparue ont été retrouvés chez Evelyne.On imagine mal la pauvre gamine se rendant à l’arrêt du bus totalement nue!
Quant au radar utilisé par les enquêteurs, il n’a pu de leur propre aveu détecter la moindre
présence de cadavre dans la cave du bar puisqu’il aurait fallu creuser beaucoup plus profondément sous les gravts et la dalle de béton étonnamment coulée par l’ancien patron dont les déclarations fantaisistes sont inquiétaantes.
Souhaitons à cette mère, à cette famille ,sans doute négligées parce qu’appartenant à un milieu défavorisé, de connaître un jour la vérté, quelle qu’elle soit.