Il fait une chaleur étouffante ce 4 août 1892, et il n’est pas encore midi. Un homme âgé fait la sieste dans un fauteuil du salon. A l’étage, sa femme est étalée sur le sol de la chambre d’ami, morte depuis une heure et demie, tuée par la même arme qui est sur le point de le frapper dans son sommeil.

« L’inspection des victimes nous apprend que Mme Borden a été tuée à l’aide d’un instrument terrible et aiguisé, lui ayant infligé dix-huit coups à la tête, treize d’entre eux lui fracassant le crâne ; et à l’étage du dessous, allongé sur le sofa, se trouvait le corps mort et mutilé de Mr Borden, avec douze coups portés à la tête, dont quatre lui ayant fracassé le crâne. » (Extrait de la plaidoirie de George D. Robinson, avocat pour la défense de Lizzie Borden)

L’affaire Lizzie Borden a fasciné pendant plus d’une centaine d’années. Le caractère sanglant de ce double meurtre à la hache ayant pris place dans un environnement respectable de la fin du 19ème siècle est surprenant, et au-delà de cela, le caractère inattendu de l’accusé. Car l’accusé n’est pas un maniaque de la hache, ou tout autre monstre barbare. Non, l’accusée est une jeune femme d’une vingtaine d’années, catholique pratiquante et respectable, Lizzie Borden, la fille du couple assassiné. Il s’agit d’une affaire où l’accusé ne sera pas jugée coupable, une affaire dont les preuves n’étaient que circonstancielles, une affaire qui sera resté à la une des journaux pendant plusieurs semaines, une affaire qui a divisée l’opinion publique quant à la culpabilité présumée de l’accusée.

De cette affaire reste aujourd’hui une comptine chantonnée dans les cours de récréations :

Lizzie Borden took an axe

And gave her mother forty whacks.

And when she saw what she had done,

She gave her father forty-one.

En français :

Lizzie Borden prit une hache

Et donna quarante coups à sa mère.

Et quand il vit ce qu’elle avait fait,

Elle en donna quarante et un à son père

Le Premier Meurtre

A environ 11h10, le 4 août 1892, au 92 Second Street de Fall River, dans le Massachusetts, Bridget Sullivan, la femme de ménage des Borden qui se reposait dans sa chambre au grenier est réveillée en sursaut par le cri de Lizzie Border, « Maggie, descend vite ! Père est mort ! Quelqu’un est entré et l’a tué ! »

Andrew Borden, 70 ans, était l’un des hommes les plus riches de Fall River, admiré pour son sens du business. Il vivait avec sa seconde femme et ses deux filles dans une petite maison située près de ses propriétés commerciales. Quand Bridget arrive au rez-de-chaussée, elle trouve Lizzie à l’entrée du salon, l’empêchant d’entrer dans la pièce. Lizzie lui demande d’aller chercher le docteur. Bridget traverse la rue pour prévenir le médecin de famille, Dr Bowen, mais celui-ci est absent. Bridget retourne chez les Borden et Lizzie l’envoie chercher une amie, Miss Alice Russell, habitant à un pâté de maisons de là.

Le Second Meurtre

La voisine, Mme Adelaide Churchill, interpellée par les allées-venues de Bridget demande à Lizzie ce qui ne va pas. Cette dernière lui annonce que quelqu’un a tué son père. Mme Churchill lui demande alors où se trouve Mme Borden. Lizzie lui répond qu’elle ne sait pas et Bridget n’a pas pu trouver le Dr Bowen. Mme Churchill lui propose de demander à son homme de main d’appeler de l’aide. C’est à 11h15 que la station de police, située à 400 mètres de là, reçoit un message sur l’incident.

Après avoir envoyé son homme de main et informé un passant de l’incident, Mme Churchill rentre dans la cuisine des Borden, où se trouvent le Dr Bowen, Bridget et Lizzie. Bridget s’inquiète de ne pas savoir où se trouve Mme Borden. Mme Churchill lui propose d’aller à l’étage voir si elle ne serait pas rentrée. Bridget l’accompagne. En arrivant en haut des escaliers, les deux femmes aperçoivent le corps de Mme Borden sur le sol de la chambre d’ami. Elles se dépêchent de redescendre, criant « Il y en a un autre ! »

Abby Borden était une petite femme obèse de 64 ans, célibataire jusqu’à l’âge de 36 ans, avant de marier Andrew Borden. Elle était dévouée à sa demi-sœur, Sarah Whitehead, pour laquelle elle faisait figure de mère. Lizzie n’était pas vraiment proche d’elle, l’appelant « Mme Borden », plutôt que « Mère » depuis plusieurs années.

Entre-temps, Alice Russel était arrivée, et le Dr Bowen, parti télégraphier l’horrible nouvelle à la grande sœur de Lizzie, Emma, était revenu et avait repris son examen du corps d’Andrew Borden. Celui-ci se trouvait sur le canapé, les pieds posés au sol, la tête légèrement tournée vers la droite et le visage entaillé d’une douzaine de coupures. Un œil était coupé en deux, sortant de son orbite, et son nez avait été tranché. Le sang coulait encore des blessures. Des tâches de sang éclaboussaient le sol, le mur au dessus du canapé. L’attaque avait du provenir de derrière, alors qu’Andrew Borden dormait.

Andrew et Abby Borden
Andrew et Abby Borden

A l’examen rapide du corps de Mme Borden, le Dr Bowen observe une douzaine de coups dans le dos. L’autopsie révèlera plus tard que le corps avait reçu dix-neuf coups. Sa tête avait été broyée par la même hache ou hachette qui avait tué Mr Borden.

Le Dr Bowen fut très présent le jour du meurtre. Il fut le premier à examiner les corps. Il aura également assisté le Dr Dolan pour les autopsies préliminaires, et prescrit un tranquillisant à Lizzie. Sa présence constante de 11h30 jusqu’à la fin de la journée et sa familiarité avec la famille ont fait de lui un personnage majeur dans certaines théories développées autour du double meurtre.

Quelques minutes après avoir reçu l’appel de 11h15, l’agent de police Rufus B. Hilliard envoya l’officier George W. Allen chez les Borden. Ce dernier courut les 350 mètres jusqu’à la maison, vit le corps d’Andrew Borden, et ordonna à un passant, Charles Sawyer, de monter la garde devant la maison pendant qu’il allait chercher de l’aide au poste de police. Il ramena avec lui sept autres officiers. A 11h45, William Dolan, le médecin légiste, arriva sur la scène du crime.

L’ Enquête

Ce n’est qu’en s’appuyant sur des éléments circonstanciels que Lizzie Borden a été accusée du double-meurtre, l’arme et la raison du crime n’ayant jamais été précisément identifiées, aucune preuve physique incriminante n’ayant été retrouvée. Les enquêteurs furent également incapables de trouver plusieurs témoins pouvant corroborer l’heure et l’opportunité des meurtres.

En plusieurs semaines, les enquêteurs réussirent à établir une chronologie des évènements allant du mercredi 3 août, la veille du crime, au dimanche 7 août, le jour où Miss Russell vit Lizzie brûler une robe, un acte qui sellera son sort.

3 août

L’enquête a démontré que quatre évènements importants s’étaient produits le 3 août. Tout d’abord, Abby Borden avait rendu visite au Dr Bowen à 7h du matin, pour lui annoncer que quelqu’un les empoisonnait elle et son mari. Tous deux avaient été très malades pendant la nuit. Il lui dit que ses nausées et vomissements n’étaient pas sérieux, et la renvoya chez elle. Plus tard, le docteur rendit visite à Andrew pour évaluer son état. Ce dernier lui dit qu’il n’était pas malade et qu’il ne voulait pas payer une consultation à domicile non désirée. Bridget avait également été malade ce matin-là. Aucune preuve d’empoisonnement ne fut trouvée pendant les autopsies d’Andrew et Abby Borden.

Ensuite, Lizzie avait tenté d’acheter du cyanure d’hydrogène auprès d’Eli Bence, à la pharmacie Smith. Elle dit à Bence qu’elle voulait le poison pour tuer des insectes. Bence refusa de lui en vendre sans ordonnance. Deux autres personnes, un client et un autre pharmacien, témoignèrent par la suite de la présence de Lizzie à la pharmacie ce jour-là. Lizzie nia d’abord être allée à la pharmacie pour acheter du cyanure, témoignant qu’elle était bien sortie ce matin-là mais qu’elle ne s’était pas rendue à la pharmacie. Elle changea ensuite son histoire, disant qu’elle n’avait quitté la maison que dans la soirée.

De plus, tôt dans l’après-midi, l’oncle John Morse était arrivé. Il était venu sans bagages, mais avec le souhait de passer la nuit-là, afin de rendre visite à des amis à l’autre bout de la ville le lendemain. Lui et Lizzie témoignèrent qu’ils ne s’étaient vu qu’après les meurtres le lendemain, bien que Lizzie ait eu connaissance de sa présence en ville. Enfin, ce soir-là, Lizzie avait rendu visite à son amie, Miss Alice Russell. Selon Miss Russell, Lizzie était agitée, inquiétée par des menaces faites à son père et la possibilité que quelque chose puisse lui arriver. Lizzie était rentrée à la maison vers 21h, avait entendu son oncle et ses parent discuter dans le salon, et s’était rendue directement dans sa chambre à l’étage sans les voir.

4 août

Le matin du double-meurtre avait débuté avec Bridget remplissant ses tâches ménagères à partir de 6h15. L’oncle John était également debout. Abby descendit vers 7h, suivie par Andrew quelques minutes plus tard. Ils prirent le petit-déjeuner. Lizzie resta à l’étage pour ne descendre que quelques minutes après le départ de l’oncle John, à 8h45. Andrew partit travailler vers 9h, selon Mme Churchill la voisine. Il visita plusieurs banques où il était actionnaire, ainsi que le magasin dont il était propriétaire et qui était en travaux. Il quitta le magasin pour se rendre chez lui vers 10h40 selon l’un des ouvriers du magasin.

Juste avant 9h, Abby demanda à Bridget de nettoyer les fenêtres pendant qu’elle retournait à l’étage nettoyer la chambre d’ami où l’oncle John avait passé la nuit.

Quelque part entre 9h et 10h, Abby fut tuée dans la chambre d’ami. Elle n’était pas sortie. La note que Lizzie dit avoir été reçue par Abby, de la part d’un ami malade lui demandant de venir la voir, ne fut jamais retrouvée. Plus tard, Lizzie avoua avoir peut-être brûlé la note par inadvertance.

Andrew revint peu après 10h40. Bridget était en train de nettoyer l’intérieur des fenêtres. Parce que la porte d’entrée était fermée de l’intérieur par trois verrous, Bridget du faire entrer Andrew. Alors qu’elle déverrouillait tant bien que mal les verrous, Bridget témoigna plus tard qu’elle entendit Lizzie se moquer d’elle en haut des escaliers. Cependant, Lizzie dit à la police qu’elle se trouvait dans la cuisine au moment où son père était rentré.

Mr Borden, qui gardait leur chambre à coucher fermée à clé depuis un cambriolage l’année précédente, prit la clé de la chambre sur le manteau de la cheminée et monta à l’étage. Lizzie sortit la planche à repasser et se mit à repasser des mouchoirs. Bridget, quant à elle, se remit à nettoyer les fenêtres.

Bridget monta dans sa chambre pour se reposer vers 10h55, Andrew choisit le canapé pour sa sieste. Lizzie sortit dans le jardin, ou dans la grange, ou dans l’appartement de la grange, pour une durée de vingt à trente minutes. Ses indications étaient vagues, elle se serait rendue dans la grange pour trouver du métal à hameçon, car elle avait l’intention de rejoindre Emma à Fairhaven pour une partie de pêche. En retournant à l’intérieur, à 11h10, elle trouva son père mort.

La demi-heure qui suivit vous a été décrite dans les deux parties précédentes.

A 11h45, l’enquête débuta véritablement. L’officier Mullaly demanda à Lizzie s’il y avait des hachettes dans la maison. « Oui, dit-elle, il y en a partout. » Elle demanda ensuite à Bridget de lui montre roù elles se trouvaient. Mullaly et Bridget se rendirent dans la cave et trouvèrent quatre hachettes, une avec du sang séché et des cheveux, déterminé plus tard comme appartenant à une vache, une rouillée et deux autres hachettes recouvertes de poussière. L’une d’elle n’avait pas de manche et été couverte de cendres. La brisure semblait récente. C’est cette hachette qui fut soumise comme preuve.

A peu près au même moment, l’oncle John revint. Andrew lui avait demandé ce matin-là de revenir à temps pour le déjeuner. Il témoigna plus tard qu’il n’avait pas vu si la porte du cellier était ou non fermée.

Le sergent Harrington et un autre officier, ayant questionné Lizzie sur ses faits et gestes de la matinée, allèrent examiner l’appartement de la grange. Le sol y était recouvert de poussière, prouvant que personne ne s’y était rendu récemment.

A 15h, les corps d’Andrew et Abby furent amenés dans la salle à manger, où le Dr Dolan fit les autopsies. Leurs estomacs furent retirés et envoyés au Dr Wood, à Harvard.

Andrew Borden a-t-il abusé sexuellement de ses filles?
Andrew Borden a-t-il abusé sexuellement de ses filles?

A l’étage, le député John Fleet questionnait Lizzie. Il lui demanda si elle avait une quelconque idée de qui aurait pu commettre les meurtres. A part un homme qui s’était disputé avec son père quelques semaines auparavant, elle n’avait pas d’idées. Quand il lui demanda si l’oncle John ou Bridget auraient pu tuer son père et sa mère, elle répondit que non, l’oncle John avait quitté la maison à 8h45 et Bridget se trouvait à l’étage quand Mr Borden avait été tué. Elle lui fit également remarqué qu’Abby n’était pas sa mère, mais sa belle-mère.

Emma rentra de Fairhaven juste avant 19h. Les corps des Borden se trouvaient encore sur la table de la salle à manger. Le sergent Harrington continua de questionner Lizzie. Finalement, la police quitta les lieux, laissant derrière elle un cordon autour de la maison pour garder éloignés les nombreux curieux qui s’étaient positionnés devant la maison depuis midi. Bridget passa la nuit chez un voisin, Alice Russell dans la chambre des Borden, Emma et Lizzie dans leurs chambres respectives, et l’oncle John dans la chambre d’ami où Abby avait été tuée.

Lizzie et Emma Borden
Lizzie et Emma Borden

5 août

Le jour suivant parut le Fall River Globe une interview de l’oncle de Lizzie, Hiram Harrington, marié à l’unique sœur d’Andrew Borden, Luana, donnée la veille, où il racontait avoir discuté avec sa nièce qui ne montrait aucun signe d’émotion ou de deuil. Cette déclaration fut plus tard démentie.

Le sergent Harrington, sans relation à Hiram, interrogea Eli Bence sur la tentative d’achat de cyanure. Emma engagea Mr Andrew Jennings comme avocat. La police continua son enquête, mais rien de particulièrement important ne fut trouvé. La ville de Fall River était en émoi, et les journaux de Fall River, mais aussi de la zone métropolitaine, étaient obsédés par ce double-meurtre.

6 août

Les funérailles d’Andrew et Abby Borden eurent lieu le samedi. Le service fut mené par les révérends Buck et Judd. L’enterrement, néanmoins, n’eut pas lieu. Au cimetière, la police fut informée que le Dr Wood voulait mener une autre autopsie. Lors de cette seconde autopsie, les têtes d’Andrew et Abby furent séparées de leurs corps, la peau et les muscles retirées pour ne garder que les crânes. Des plâtres furent fait de ces cranes. Pour quelque raison, le crâne d’Andrew ne fut pas replacé dans son cercueil.

7 août

Le dimanche matin, Miss Russell trouva Lizzie en train de brûler une robe dans le four de la cuisine. Elle lui dit, « Si j’étais toi, je ne laisserai personne me voir faire cela, Lizzie ». Lizzie lui confia que c’était une robe tâchée de peinture et qu’elle était inutilisable. C’est ce témoignage qui poussa le juge Blaisdell à accuser Lizzie du double-meurtre.

Du 9 au 11 août

Le juge Blaisdell mena une enquête, à la conclusion de laquelle Lizzie fut formellement accusée du meurtre de son père et placée en détention provisoire. L’unique témoignage de Lizzie durant la procédure légal fut lors de cette enquête menée par le juge. Le jour suivant, le 12 août, elle fut traduite en justice, et plaida non-coupable. Elle fut détenue à la prison de Taunton, qui avaient des locaux pour les prisonniers féminins.

Du 22 au 28 août

L’audience préliminaire fut tenue devant le juge Blaisdell. Lizzie ne témoigna pas, mais les registres de son témoignage lors de l’enquête fut soumis par Jennings. Le juge Blaisdell jugeant sa culpabilité probable, Lizzie fut menée devant le Grand Jury.

Du 07 novembre au 2 décembre

Le Grand Jury entendit le dossier de Lizzie Borden pendant la dernière semaine de sa session. Le procureur Hosea Knowlton finit sa présentation et, à la surprise de tous, invita l’avocat de la défense, Jennings, à présenter un dossier pour la défense. Cela ne s’était jamais vu dans l’Etat du Massachusetts. Un procès eut donc lieu devant le Grand Jury. Au début, il semblait apparent que les charges retenues contre Lizzie seraient abandonnées. Mais le 1er décembre, Miss Russell témoigna avoir vu Lizzie brûler sa robe. Le jour suivant, Lizzie fut reconnue coupable de 3 chefs d’accusation de meurtre. Bizarrement, elle fut accusée du meurtre de son père, du meurtre de sa belle-mère, et du meurtre de ses deux parents. Le procès fut annoncé pour le 05 juin 1893.

Le Procès

En plus du registre officiel du procès lui-même, deux livres retracent le procès, celui d’Edmund Pearson, The Trial Of Lizzie Borden, et celui de Robert Sullivan, Goodbye Lizzie Borden, le premier étant un récit au jour-le-jour, tandis que le second tient plus d’une analyse légale.

Le procès dura 14 jours, du 5 au 20 juin 1893. Après une journée de sélection du jury, composé de fermiers et de commerçants, l’accusation prit environ 7 jours pour présenter son dossier.

L’attaque

Hosea Knowlton était un attaquant réticent, forcé à tenir ce rôle par le timide Arthur Pillsbury, procureur général du Massachussetts, qui aurait dû être le principal avocat de l’attaque. Alors que la date du procès de Lizzie approchait, la pression des partisans de Lizzie se faisait de plus en plus sentir sur Pillsbury, notamment des groupes de femmes et des organisations religieuses. Pillsbury nomma Knowlton procureur du district de Fall River, à la tête de l’attaque, et lui assigna William Moody, procureur du district du Comté d’Essex, pour l’assister. Peu après le procès, Knowlton sera nommé procureur général à la place de Pillsbury.

Moody, selon Sullivan, était l’avocat le plus compétent impliqué dans le procès Borden. Il était le plus exhaustif dans son questionnement des témoins, contrairement à Knowlton qui se lançait généralement une piste avant de l’abandonner rapidement. Les arguments de Moody pour faire admettre les preuves étaient également impressionnantes, même s’ils ne suffirent pas à convaincre les trois juges. Son argument d’ouverture présentant les problèmes que l’attaque utilisera pour démontrer la culpabilité de Lizzie fut clair, solide et logique. Moody sera plus tard élu trois fois au Congrès, nommé Secrétaire de la Marine, puis procureur général. En 1906, le président Roosevelt le nommera juge à la Cour Suprême des Etats-Unis.

Dans son argument d’ouverture, Moody présenta trois points. Tout d’abord, Lizzie voulait tuer son père et sa belle-mère et avait planifié ses actes. Ensuite, c’était bien elle qui le savait tués, et enfin, son comportement et son témoignage contradictoire prouvaient qu’elle n’était pas innocente. Durant sa présentation, Moody jeta une robe sur la table des attaquants, une robe qu’il présenterait plus tard comme preuve. Quand la robe glissa de la table, le papier recouvrant les crânes des victimes s’envola. Lizzie s’évanouît.

Pour prouver le motif du double-meurtre, Knowlton et Moody appelèrent plusieurs témoins à la barre, afin d’établir que Mr Borden avait l’intention de réécrire son testament. L’ancien testament ne fut jamais retrouvé, ou n’existait tout simplement pas. Le nouveau testament, selon l’oncle John, laisserait 25’000 dollars à chacune de ses filles, Emma et Lizzie, et le reste de ses propriétés, équivalent à un montant d’un demi-million de dollars à l’époque, dix millions aujourd’hui, à Abby. De plus, Knowlton développa le motif additionnel que Mr Borden avait l’intention de céder sa ferme à Abby. Knowlton attaqua ensuite la « prédisposition » de Lizzie envers les meurtres.

Le samedi 10 juin, l’attaque essaya de faire admettre le témoignage donné par Lizzie durant l’enquête du juge. Robinson objecta, car il s’agissait du témoignage de qui quelqu’un qui n’avait pas encore été accusé officiellement.

Le lundi, quand le procès reprit, les juges refusèrent l’admission du témoignage contradictoire de Lizzie.

Le mercredi 14 juin, l’attaque appela Eli Bence, le pharmacien, à la barre et la défense objecta. Après avoir entendu les arguments des deux parties quant à la pertinence de la tentative d’achat de cyanure par Lizzie, les juges décidèrent le lendemain que le témoignage de Mr Bence et toute la question de la soi-disant tentative d’achat de cyanure n’était ni pertinente, ni admissible.

Lizzie a été jugée pour meurtre
Lizzie a été jugée pour meurtre

La Défense

Jennings était l’un des citoyens les plus influents de Fall River. Il avait été l’avocat d’Andrew Borden, et à partir du jour des meurtres, il était devenu le conseiller et l’avocat de Lizzie. C’était un homme taciturne, qui ne parla jamais de l’affaire Borden dans les trente années qu’il a vécu après sa conclusion. Sans l’ombre d’un doute, c’est Jennings, et son jeune collègue, Melvin Adams, qui furent derrière le rejet du témoignage qui aurait été très endommageant pour Lizzie.

Néanmoins, même avec son manque d’expérience professionnelle, le troisième avocat de la défense, George Robinson, amena une personnalité remarquable et respectée à la procédure. Le fait qu’il ait placé le juge Dewey à la Cour Supérieure ne gênait pas leur cause.

En grande partie, la défense appela plusieurs témoins pour vérifier la présence d’un jeune homme mystérieux dans le voisinage des Borden, et Emma Borden pour vérifier l’absence de motif pour Lizzie en tant que meurtrière.

Emma Borden est une sorte d’énigme. Elle est décrite comme quelqu’un de timide, en retrait, petite, ordinaire, alors âgée de 43 ans. Elle soutenait Lizzie pendant le procès, bien qu’un témoin, un garde de prison, témoigna avoir vu Lizzie et Emma se disputer lors de la visite de cette dernière à la prison.

Après le procès, elle et Lizzie vivront ensemble à Maplecroft. Alors que Lizzie serait dans l’impossibilité de se rendre à l’église à cause de son ostracisme, Emma, contrairement à vie d’avant le procès, devint une pratiquante dévouée.

Le lundi 19 juin, l’avocat de la défense Robinson présenta son argument de clôture et Knowlton débuta son argument de clôture pour la partie adverse le lendemain. On demanda ensuite à Lizzie si elle avait quelque chose à dire. Pour la première et unique fois du procès, elle parla. Elle dit « Je suis innocente. Je laisse mes avocats parler pour moi. » Le juge Dewey, qui avait été nommé à la Cour Supérieur par le gouverneur Robinson, annonça ensuite les charges au jury, qui étaient en fait un second résumé du dossier de la défense, remarquable par la faveur portée à celle-ci.

A 15h24, le jury prêta serment, reçu le dossier et se retira dans une autre pièce pour délibérer. A 16h32, presque une heure plus tard, le jury revint avec son verdict. Lizzie fut jugée non-coupable des trois charges portées contre elle. Le jury fut largement remercié par la cour, et libéré.

L’Après-Procès

Cinq semaines après le procès, Lizzie et Emma achetèrent et emménagèrent dans une maison victorienne de 13 pièces, au 306 French Street, dans le quartier résidentiel à la mode de Fall River, « The Hill ». Peu après, Lizzie nomma la maison « Maplecroft ». C’est autour de ce période-là, que Lizzie commença à se faire appeler « Lizbeth ».

En 1897, Lizzie fut accusée du vol de deux peintures, évaluées à moins de 100 dollars, de la boutique Tilden-Thurber de Fall River. L’affaire fut résolue en privé.

En 1904, Lizzie rencontra une jeune actrice, Nance O’Neil, et pour les années qui suivirent, Lizzie et Nance furent inséparables. A la même période, Emma déménagea ; à-priori offensée par la relation de sa sœur avec l’actrice. Emma resta la famille du révérend Buck, puis, vers 1915, déménagea à Newmarket, dans le New Hampshire.

Lizzie décéda le 1er juin 1927, âgée de 67 ans, après une longue maladie attrapée à la suite d’une opération. Emma décéda neuf jours plus tard, à la suite d’une mauvaise chute dans les escaliers de sa maison. Elles furent enterrées ensemble dans le caveau familial, aux côtés d’une sœur décédée durant sa jeune enfance, de leur mère, leur belle-mère et leur père décapité.

Lizzie et Emma, toutes deux, cédèrent leurs propriétés à des œuvres de charité, celle de Lizzie allant à des organisations s’occupant du bien-être des animaux, et celle d’Emma à plusieurs organisations humanitaires de Fall River.

Bridget Sullivan décéda en 1948 dans le Montana, près de vingt après le décès des sœurs Borden.

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Author: Reynald

J'ai crée ce site en 2004 car j'étais un passionné de paranormal et je voulais partager ma passion avec les gens qui ont la même passion. Bonne lecture.

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