C’est l’histoire insolite d’un cheminot polonais plongé dans le coma depuis 1988. Victime d’un choc contre un wagon, il avait développé une tumeur au cerveau à la fin des années 80, ce qui l’avait conduit progressivement à cesser de pouvoir parler et bouger. Inconscient pendant 19 ans, Jan Grzebski, 65 ans, vient de sortir de son coma, et il n’en revient toujours pas de voir son pays transformé : finie la période communiste, l’URSS n’est plus, la Pologne est membre de l’Otan et elle est même entrée dans l’Union européenne.
« Ce qui m’étonne aujourd’hui, dit-il, ce sont tous ces gens qui se promènent avec leurs téléphones portables et ne cessent de rouspéter. Moi, je n’ai pas à me plaindre », se réjouit celui qui a aussi découvert, à son réveil ses onze petits-enfants.
L’exemple de cet homme, que la presse considère d’ores et déjà comme un (quasi)miraculé, repousse les frontières connues de la médecine et de la science. Il jette également un pavé conséquent dans la mare de l’euthanasie. Car l’homme a par ailleurs expliqué à une chaîne de télévision polonaise que pendant tout ce temps il avait été capable d’entendre les commentaires de ceux qui l’entouraient, en particulier les commentaires des médecins :
« J’ai tout vu, j’ai tout entendu, les médecins qui me donnaient un mois ou deux à vivre, mais je n’ai pas pu réagir », a t’il ainsi affirmé aux journalistes.
Jan Grzebski est de même persuadé que s’il est encore vivant, sa vie, c’est à sa femme, Gertruda, qu’il la doit.
« C’est elle qui a toujours pris soin de moi, c’est elle qui m’a sauvé la vie ».
Effectivement cette dernière, pendant 19 ans, a fait le travail de toute une équipe d’un service de soins intensifs et reconnait aujourd’hui avoir défié l’avis du corps médical pour obtenir qu’on garde en vie son mari.
« J’ai beaucoup pleuré et j’ai beaucoup prié. Ceux qui venaient nous voir, posaient la question: quand va-t-il mourir? Mais il n’est pas mort ».
Un coma est considéré comme prolongé au-delà de 3 semaines. Cet état se caractérise par une perte des fonctions dites de « relation » – conscience, mobilité, sensibilité – mais avec une conservation de la vie végétative. Rappelons que chaque année dans le monde, environ 180 000 à 250 000 personnes plongent dans le coma. La vie de chacun d’entre eux est également suspendue à un fil.