Imaginez une histoire de fantôme qui soit étudiée, analysée par les plus hautes autorités médicales militaires. Imaginez que les médecins, au terme de leur enquête aient publié un communiqué selon lequel ils avoueraient : « Ce phénomène ne peut être expliqué que par une action surnaturelle ». Vous seriez certainement convaincu de la réalité possible de cette histoire. Et bien la voici…Vers la fin de la première guerre mondiale, l’Allemagne avait organisé le blocus de l’Angleterre. Elle cherchait à reconquérir une suprématie sous-marine bien compromise : c’est ainsi que le gouvernement impérial construisit 23 sous-marins ultra-modernes pour l’époque. L’un de ces U-Boote, l’U.B. 65 parut, dès le début de la construction, victime d’une véritable malédiction. Jugez en plutôt : quelques jours seulement après sa mise en chantier, survint un premier accident : une poutre d’acier se détacha inexplicablement d’un échafaudage et s’abattit sur deux ouvriers qui furent tués sur le coup. Quelques jours plus tard, une explosion se produisit dans la salle des machines. Trois ouvriers moururent asphyxiés. Sur le gigantesque chantier, le bruit commença à courir que le sous-marin avait le mauvais œil.
Les plus extravagantes histoires se racontaient dans les bistrots du port où circulaient les marins. Le futur équipage du sous-marin fut extrêmement impressionné par ces mauvais augures. Et c’est sans enthousiasme qu’il prit possession de l’U.B. 65 dès que celui-ci fut achevé. Le lancement, des 23 submersibles fut présidé par l’amiral von Schroder en personne. Il exhorta par un discours ardent les nouveaux équipages à combattre vaillamment pour rendre à l’Allemagne sa force maritime. L’U.B. 65 était commandé par le capitaine de corvette Bartenbach. C’était un homme de grande valeur, qui ne se laissait pas émouvoir par les sornettes : bien sur il avait entendu parler de la « malédiction » de son sous-marin. Mais de mémoire d’officier, on n’avait jamais vu, ni en Allemagne ni ailleurs, de sous-marin hanté. D’ailleurs, le capitaine Bartenbach avait bien d’autres soucis : une quarantaine de milliers de mines avaient été disposées par les anglais au large de Bruges. Pour expliquer les « étranges » accidents qui avaient endeuillé le chantier, Bartenbach penchait pour l’hypothèse de sabotages. Mais l’équipage ne croyait pas à cette explication. Pour eux, une fois pour toutes, l’U.B. 65 avais le « mauvais œil ». Une extraordinaire tension régnait sur le bâtiment tandis qu’il gagnait pour la première fois la haute mer.
Mais les plus sceptiques sur le sort de l’U.B. 65 durent convenir que le sous-marin était parvenu, sans encombre à atteindre le large. Hélas…! Ils s’étaient réjouis trop tôt : l’U.B. 65 était encore en surface et s’apprêtait à effectuer sa première plongée quand le capitaine Bartenbach ordonna à un mécanicien de vérifier une dernière fois la coque. L’homme terrifié n’eut pas le courage d’accomplir cette mission pourtant anodine : il préféra se jeter à l’eau et périr….! Cela situe le climat qui régnait à bord du sous-marin. Cela accrédita davantage la thèse de la malédiction : un vieux loup de mer ne se jette pas à l’eau sans raison, s’il a toute sa tête. Et s’il n’a plus toute sa tête, c’est que des évènements surnaturels se sont produits. Le capitaine Bartenbach n’en donna pas moins l’ordre de plonger. Le sous-marin descendit d’une quinzaine de mètres, puis, à l’effroi de tous, il n’obéit plus aux commandes. Dérivant lentement, il posa doucement sa coque sur le fond marin de la mer du Nord. Toutes les tentatives pour sortir de ce mauvais pas échouèrent : le temps passait. L’oxygène se faisait rare. Malgré le courage des officiers, la panique s’emparait de l’équipage. Dans un désordre indescriptible, dans un concert de lamentations, les marins s’apprêtaient à mourir sans avoir combattu.
Mais brusquement, à la stupéfaction de tous, après 12 heures d’immobilité inexplicable, sans que l’on sache pourquoi ni comment, lentement, avec des grincements effrayants, le sous-marin sortit de sa prison de sable et remonta à la surface. Le capitaine Bartenbach donna l’ordre de regagner le port, au grand soulagement de l’équipage prêt à la rébellion. Remis en cale sèche, le bâtiment fut longuement inspecté par des ingénieurs et des techniciens sans qu’ils puissent trouver la moindre explication aux avaries du submersible. On procéda donc à son remontage et à son réarmement. Au cours de cette opération, une torpille explosa sans raison, en tuant cinq hommes d’équipage et le second lieutenant. C’en était trop. Le commandant dut employer toute sa persuasion, menacer des plus graves sanctions pour constituer un nouvel équipage. Ces hommes endurcis aux pires atrocités par 4 années de guerre sans merci, rompus à tous les dangers, qui avaient frôlé la mort sur tous les fronts, dont le courage, et quelquefois l’héroïsme, ne pouvait être mis en cause, ces guerriers refusaient de monter à bord de l’U.B. 65. Le capitaine Bartenbach finit, après bien des péripéties, à constituer un nouvel équipage composé de têtes brûlées, de vieux baroudeurs qui n’avaient plus rien à perdre et prétendaient ne plus rien craindre. C’est alors que l’histoire devient véritablement incroyable : quelques jours après l’inhumation du lieutenant en second, alors que le sous-marin était encore en cale sèche, pour d’ultimes vérifications, un marin de garde surgit de l’habitacle. En proie à une terreur folle, il se mit à hurler :
– Je l’ai vu ! Il est revenu ! Il est sur le pont…Le mort est revenu !!
Les officiers se précipitèrent. Au fond du sous-marin, il découvrirent un autre marin, prostré : lui aussi avait aperçu le second lieutenant debout à l’avant du navire, les bras croisés, le regard fixe. Le commandant qui se refusait à croire à ce genre de « bêtise », ordonna que l’on garde la plus grande discrétion sur cette prétendue apparition. Il ne voulait pas ajouter à la peur de l’équipage, la veille du départ, en portant crédit à une stupide histoire de fantôme. Le lendemain, l’un des deux marins témoins de l’apparition du lieutenant disparut. Nul ne le revit et il fut porté déserteur. L’U.B. 65 reprit la mer. Tout sembla se passer normalement. Le sous-marin coula un cargo anglais et refit surface sans difficulté. Le lendemain, alors que l’équipage, rassuré, fêtait bruyamment cette première victoire, un guetteur donna l’alerte : là, à l’avant du navire, se dressait la silhouette menaçante du lieutenant. Le fantôme de l’U.B. 65 apparut à plusieurs hommes qui s’étaient précipités sur le pont. Le premier lieutenant, plus courageux que les autres, s’avança d’un pas et appela le « fantôme ». Mais aussitôt, l’apparition s’évanouit. La stupeur la plus compréhensible régnait sur l’équipage. Personne ne ferma l’œil de la nuit. Le lendemain l’U.B. 65 remporta deux nouvelles victoires. Cependant, dans le secret de sa cabine, le commandant rédigea un rapport destiné à l’amirauté. Cette fois, il dut avouer que quelque chose d’étrange, d’inhabituel, d’inconcevable se passait à bord.
A son retour à bord, l’amiral procéda aux interrogatoires : ce qu’il entendit le troubla si profondément qu’il fit venir un prêtre pour exorciser le sous-marin. Et il accorda à l’équipage une permission exceptionnelle. C’est dans un climat indescriptible que l’U.B. 65 entreprit sa deuxième traversée, au cours de laquelle il s’illustra et rempaorta plusieurs victoires sur la flotte britannique. Mais, à bord, les apparitions du « fantôme » se multipliaient. La silhouette du second lieutenant apparaissait souvent, entre deux combats. Un deuxième commandant remplaça le capitaine Bartenbach, dont les nerfs finirent par flancher. Le commandant Schelle était réputé pour sa rigueur, son autorité et son courage sans égal. Il dut se rendre à l’évidence : le « fantôme » apparaissait toujours. Quelquefois il visitait les couchettes où les marins effrayés le voyaient surgir au beau milieu de la nuit. Au printemps 1918, la situation à bard de l’U.B. 65 était devenue insupportable. Un marin, devenu, fou, se taillada les veines, un autre se jeta à la mer. Le commandant Schelle dut se rendre à l’évidence : des évènements surnaturels inexplicables perturbaient la vie à bord du sous-marin. A la lecture de son rapport, l’Amirauté prit la décision sans précédent dans les annales de la marine : l’ordre fut donné de disperser l’équipage avec interdiction de divulguer à qui que ce soit cette histoire de fantôme ! Au début de l’été 1918, l’Allemagne avait définitivement perdu la bataille des mers. L’U.B. 65 reprit une dernière fois le combat. Le commandant Schelle s’était entouré d’un équipage jeune et combatif qui n’avait jamais entendu parler du fantôme.
On ne revit jamais l’U.B. 65. Le 31 juillet 1918, l’amirauté publia le communiqué suivant :
« Un de nos sous-marins, l’U.B. 65 est porté manquant et doit être considéré comme perdu. Il avait à son bord 34 hommes d’équipage ».
Avec une discrétion que l’on comprendra, l’amirauté ne faisait pas allusion au 35° homme : le lieutenant en second dont le fantôme accompagnait ce dernier voyage. Or, le plus extraordinaire, reste ceci : le 10 juillet 1918, le lieutenant d’un sous-marin américain L. 2, en plongée dans la Manche, nota dans son rapport sa rencontre avec un U.B. allemand, numéro 65. Le sous-marin ennemi se trouvait immobile, en surface. Le lieutenant aperçut dans un périscope, la silhouette d’un homme debout, regardant la mer. Croyant à une ruse, le lieutenant américain mit son bâtiment en position d’attaque et s’apprêtait sans délai à lancer une torpille, lorsqu’une énorme explosion souleva l’U.B. 65 qui sombra aussitôt. C’est le seul témoignage qui demeure sur la disparition inexplicable de l’U.B. 65 et du « fantôme » qui était à son bord.
Comme quoi les fantômes aiment aussi les sous-marins…Ça coule de source..!
L’équipage de la dernière patrouille
MÜNCHMAYER Henry Ltnt. z.S. WO
SCHNABEL Fritz Mar.Ing.d.R. LI
BAAR Albert Heizer
BAUER Paul Heizer
BOCK Richard Matrose
BROSE Anton Steuermann
DEUTSCHBEIN F. O.Masch.mt.
DIETRICH Eugen O.Heizer
EGGERS Willi Masch.Mt.
ELSNER Wilhelm Masch.Mt.
EPPEL Ludwig Heizer
FASSBENDER Paul Heizer
GLOGAU Paul F.T.Maat
HALL Joseph Heizer
HARDENBERG P. Matrose
HESS Alfred Matrose
JÜNGST Friedrich F.T.Gast
KARRENBAUER Heizer
KIST August O.Heizer
KLUSMANN W. Heizer
KNOF Arthur Btsm.Mt.
KROLL Eduard Masch.Mt.
KÜLPMANN Joseph Matrose
LUDWIG Karl Masch.Mt.
REDIECK Otto Matrose
REINKEN Bernhard Ob.Btsm.Mt.
RICHTERS Friedrich Matrose
SANDER Paul Masch.Mt.
SCHEIN Hans Btsm.Mt.
SCHMIDT Fritz O.Btsm.Mt.
SCHUG
Johann Matrose
SIEGEL Eduard Heizer
STEINFELD P. Masch.
VESPERMANN E. O.Matrose
WENDE Hermann Masch.Mt.
WILSKY Karl Masch.Anw.
En août 2004, selon certaines sources l’épave de l’UB-65 est découverte à 6 milles dans le N de Padstow sur un fond de 60 mètres par Innes Mc Cartney et son équipe et formellement identifiée par ses hélices tout comme par son armement. Selon sa description, l’épave est relativement bien conservée mais plusieurs panneaux sont ouverts, ce qui accréditerait l’idée que l’équipage a tenté de l’évacuer. Le bâtiment ne présente aucune trace d’explosion tant interne qu’externe. On suppose que le sous-marin pourrait être celui qui le 14 juillet a coulé au canon dans ces parages le Maria Jose, un pêcheur portugais mais rien ne vient confirmer cette action et les raisons pour lesquelles l’UB-65 a disparu resteront vraisemblablement à jamais ignorées.
Mais rien est moins sur.