Une étrange affaire ! Tout commence en août 1989. La famille Munier tombe sous le charme de la ferme des « Parliers » à Viel-Saint-Remy, dans le Porcien. Michel loue la grande bâtisse à bon prix. Il y emménage avec sa femme et ses trois enfants.
Les ennuis commencent dès le premier jour : dans la maison, les robinets ne coulent plus.
Pour tirer l’affaire au clair, Michel se rend à la source qui alimente la ferme. Son fils et un ami l’accompagnent.
Ils ont 800 mètres à parcourir. Soudain, Michel Munier « s’envole ». Le fermier est violemment projeté contre un arbre, dix mètres en contrebas. Son fils échoue un peu plus loin dans des bosquets.
Alertés, les pompiers arrivent, dubitatifs. Michel à huit cotes cassées. Au retour, le véhicule de secours s’égare dans la campagne. Quand ils arrivent enfin à la caserne, les pompiers constatent que leur matelas coquille a été crevé et que l’une des armatures du brancard qui a transporté le blessé est tordue. Incidents rarissimes et inexpliqués.
Pour la famille d’agriculteurs, ce n’est que le début des ennuis.
À son retour d’hôpital, cinq des chèvres du fermier succombent à un mal mystérieux. Mais comme « il ne croit pas, dit-il, aux histoires de fantômes », Michel se réinstalle sereinement dans sa nouvelle ferme.
« Des aboiements bizarres »
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1989, les événements se précipitent. Les trois enfants sont couchés. Il est presque minuit. Les parents sont plongés dans leurs comptes. Soudain, un vacarme assourdissant provient du premier étage. « Les enfants chahutent », songe leur père qui décide d’y mettre bon ordre. Or à l’étage, les trois enfants dorment à poings fermés. « Alors, ce sont des rats », grommelle le fermier avant d’aller rejoindre son lit.
La journée a été fatigante. Le convalescent et son épouse ne tardent pas à s’endormir profondément. Au beau milieu de la nuit, un bruit infernal retentit au rez-de-chaussée. « On aurait cru que quelqu’un avait lancé un seau en fer sur le carrelage », précisait à l’époque Michel Munier. « Les chiens se sont mis à pousser des aboiements bizarres. Je n’ai jamais entendu des chiens gueuler comme ça ! » C’est la goutte d’eau… Le chef de famille embarque les siens dans la voiture et quitte « la demeure interdite ». Il est 3 h 30 du matin.
Le lendemain, les Munier redéménagent dans leur ancienne ferme. « Je ne suis pas trouillard pour deux ronds, mais là, c’est vraiment trop ! Quand nous sommes partis, il y avait au rez-de-chaussée une atmosphère glaciale, insoutenable. Non, on ne peut vraiment pas vivre dans cette maison », racontait à l’époque l’agriculteur.
Autre phénomène troublant : les multiples apparitions, près de la maison, d’une jeune fille dont la présence avait intrigué le fermier. « Elle avait l’air d’une clocharde. Un peu soignée, elle aurait pu être jolie. Quand elle m’a vu après mon accident, elle a eu l’air sidérée de me voir là… ». Des experts du paranormal – sérieux ou fantaisistes – ont tenté de percer le mystère de Viel-Saint-Rémy. L’une des thèses est que l’abondance des sources, dans ce coin retiré du Porcien, ait pu modifier les champs magnétiques. Un spécialiste expliquait aussi les tapages nocturnes par la présence de Poltergeist, des esprits frappeurs… Mais vingt ans après, le mystère reste entier.
Jean-Christophe LeBlévec