Le soir du 14 avril 1912, la station de télégraphie sans fil de Terre-Neuve capte ce message :
» Avons touché iceberg 41° 46° nord 50° 14° ouest. Sommes fortement endommagés. Accourez aide. »
A quelques 500 km au sud-est, le Titanic, le plus grand paquebot du monde, coule, avec 2 201 passagers et membres d’équipage, alors qu’il accomplit sa première traversée entre Southampton et New York.
Le Titanic c’est littéralement éventré contre un iceberg et c’est un « vulgaire morceau de glace » qui va engloutir l’une des plus grandes fiertés de l’époque.
La White Star Line
A cette époque, la White Star Line est une des plus importantes compagnies maritimes. Fondée au 19e siècle par Thomas Ismay, cette entreprise britannique appartient depuis le début du 20e siècle à des Américains. En effet, en 1904, Joseph Bruce Ismay, le fils aîné du fondateur – qui avait repris les rênes à la mort de son père – vend la compagnie à l’International Mercantile Maritime, un trust américain regroupant plusieurs sociétés. Ce trust appartient en grande partie au financier J. Pierpont Morgan.
Fort de ce nouveau soutien financier, Bruce Ismay, qui demeure directeur de la White Star Line, compte bien résister à ses concurrents et gagner la bataille de l’Atlantique.
En 1907, à l’occasion d’un dîner en compagnie de Lord James Pirrie (patron de la Harland & Wolff), il projette donc de mettre en service, entre 1911 et 1914, trois super paquebots: l’Olimpic, le Titanic et le Gigantic.
Le 31 juillet 1908, le projet est approuvé et une entente est signée avec le constructeur.
Comme par le passé, la construction des trois paquebots de la White Star Line est confiée à la Harland & Wolff de Queen Island, près de Belfast, en Irlande du Nord. Fondée en 1847, cette entreprise, qui emploie plus de 14,000 personnes et qui peut fabriquer huit navires à la fois, est le plus grand chantier naval du monde. Les plans des trois paquebots sont dessinés par son équipe d’ingénieurs, dirigée par Thomas Andrews.
Un chantier grandiose
C’est le 31 mars 1909 que débute la construction du Titanic. Juste à côté l’Olympic est déjà en chantier depuis trois mois. Deux ans plus tard, soit le 31 mai 1911, la coque du Titanic étant terminée, on met le navire à flot. Pour lui permettre de mieux glisser vers l’eau, on enduit sa coque de 20 tonnes de savon et de suif. Cinq remorqueurs le tirent et le stationnent le long d’un quai. Cependant, le navire est loin d’être fini; Plusieurs mois de travail sont encore nécessaires pour installer les équipements intérieurs.
Le 18 septembre 1911, la White Star Line annonce que le voyage inaugural débutera officiellement le 20 mars 1912, mais un imprévu l’oblige à repousser la date du départ.
En effet, l’Olympic, qui est en service depuis 1910, est entré en collision avec un autre bateau, le croiseur Hawke, et doit donc être réparé. Deux mois plus tard, il reprend la mer, alors que l’on s’affaire à mettre la touche finale au Titanic. La construction du transatlantique se termine donc le 31 mars 1912. Les premiers essais se déroulent au début d’avril. Une fois les tests effectués, le Titanic prend la route de Southampton afin d’entreprendre son voyage inaugural.
Un navire dit insubmersible
Avec sa double coque en plaque d’acier rivetées et ses 16 compartiments séparés par 15 cloisons étanches, le Titanic offrait une sécurité maximale. Si jamais un des compartiments était touché, on pouvait fermer les cloisons depuis la passerelle à l’aide d’une commande électrique. En cas d’entrée d’eau massive , on pouvait également les fermer manuellement ou automatiquement par l’intermédiaire de flotteurs de sécurité.
Le transatlantique était aussi muni de huit pompes offrant une capacité d’évacuation de 400 tonnes d’eau à l’heure. Avec un tel système, le Titanic était pratiquement insubmersible. Deux compartiments pouvaient en effet être inondés sans que le navire soit en danger, les autres assurant sa flottabilité.
En outre, le Titanic était doté d’un système de navigation à la fine pointe de la technologie, pour l’époque. Ses dimensions colossales le mettaient également à l’abris des tempêtes les plus violentes. Le paquebot disposait aussi de détecteurs de fumée dans les endroits névralgiques. La sonnerie d’alarme assurait une intervention rapide des employés en cas d’incendie. pour clore le tout, un appareil de détection acoustique permettait de repérer des obstacles immergés. Pas étonnant qu’en 1912 le Titanic ait été en quelque sorte considéré comme un chef-d’ouvre de l’architecture navale!
Des innovations remarquables
D’autres innovations techniques faisait du Titanic une véritable réussite. Contrairement aux autres paquebots, il disposait de deux machines à vapeur classiques de 15,000 chevaux et d’une turbine à basse pression de 16,000 chevaux. La puissance totale transmissible aux hélices était de 46,000 chevaux. La vapeur était produite par 29 chaudières et 159 foyers.
L’énergie électrique, qui était nécessaire à l’éclairage (10,000 ampoules) des lieux et au fonctionnement des divers appareils (pour la cuisson, le chauffage, la réfrigération et l’aération), était assurée par quatre dynamos d’une puissance de 400 kilowatts.
Le Titanic disposait aussi d’un système téléphonique très avant-gardiste pour l’époque. Il s’agissait d’une installation double composée d’un central réservé à la navigation et d’un système interne. Le premier reliait entre eux la passerelle de commandement, la plage avant, le nid-de-pie, la salle des machines et le compartiment arrière. Le second, d’une capacité de 50 lignes, permettait aux clients occupant les cabines de luxe de communiquer avec les différents services (bar, restaurant, etc.). Le Titanic possédait de plus une installation T. S. F. (téléphone sans fil) de type Marconi, d’une grande puissance, qui permettait d’émettre et de recevoir des messages télégraphiques.
Le Titanic appareillera le 10 avril 1912 de Southampton au Royaume-Uni pour se rendre à Cherbourg en France et à Queenstown pour prendre des passagers. Il quittera Queenstown le 11 Avril 1912 avant de prendre la mer une dernière fois ….
Un véritable palace flottant
Avec ses 269 mètres, ses 46 328 tonnes, sa technologie et son style le plus moderne faisaient du Titanic le plus gros et le plus luxueux de tous les autres navires. Il était tellement gros que des nouveaux quais ont été édifiés de chaque côté de l’Atlantique pour recevoir l’Olympic, le Britannic et le Titanic en plus d’une cale sèche spéciale pour les constructions. Même le Maurétania et le Lusitania ne lui arrivaient à la cheville. Seul un navire lui ressemblait beaucoup, l’Olympic(C’était son sistership, son navire jumeau.)
De dimensions colossales, le Titanic comprenait huit ponts principaux (le pont bain de soleil, le pont promenade, le pont à verrière, le pont supérieur, le pont salon, le pont principale, le pont central et le pont inférieur). A son bord, on trouvait de luxueuses installations et d’imposants ornements où se mêlaient presque tous les styles européens des XVIIe et XVIIIe siècles.
Les passagers du Titanic étaient divisés en trois classes. La 1ère classe, constituée des personnes les plus riches comme le Colonel John Astor, le collectionneur Georges Widener et les rois des chemins de fer Charles H. Hays et John Thayer qui sont situés entre les ponts A à C, la 2è classe était constituée de riches banquiers et commerçants comme l’historien Lawrence Beesley et le révérant Carter , et la 3è classe, constituée de gens ordinaires était considérée comme les rebuts de la société qui sont situés entre les ponts E et G du navire. On n’aurait donné aucune chance aux 3è classes pour sauver les 1ère et 2è classes.
L’organisation sociale à bord
A bord du Titanic se trouvaient 2200 personnes, incluant l’équipage. Leur répartition sociale représente bien la répartition des richesses qui prévalait en Angleterre de l’époque. Les billets de première classe coûtaient 4000$, ce qui reviendrait à 50000$ aujourd’hui. En troisième classe, ils s’élevaient à 50$, l’équivalent de 625$ actuels.
Ils étaient 325 à prendre place en première classe. On y trouvait M. et Mme Straus, propriétaires des célèbres magasins Macy’s de New York, Benjamen Guggenheim, Arthur Ryerson, le Roi de l’acier, et M. et Mme Astor, dont la fortune était évaluée à 100$ millions. On pouvait également y croiser John B. Thayer, surnommé le Roi du chemin de fer. Des aristocrates, comme Sir Cosmo Gordon et son épouse, Lady Duff Gordon, figuraient sur la liste des invités, tout comme Charlotte Cordeza, qui réclamera plus tard pas moins de 177352$ pour la perte de ses valises. Edith Russel, une autre richissime passagère, possédait une seconde cabine, uniquement pour ses vêtements. La légende veut qu’avant de monter dans un canot de sauvetage Mme Russel ait envoyé un garçon de cabine récupérer, au risque de sa vie, un cochonnet de plâtre qui jouait une petite musique lorsqu’on en remontait le mécanisme…
S’il n’y avait que 205 passagers en deuxième classe, la troisième, elle, en accueillait plus de 706. Dans cette section, les hommes étaient regroupés à l’avant du navire et voyageaient à six ou huit par chambre, alors que les femmes dormaient dans une inconfortable promiscuité à l’arrière. La plupart étaient des immigrants russes, suédois, norvégiens, grecs, italiens, français, allemands, syriens. Parmi eux figurait même un Japonais.
Alors qu’un seul enfant voyageant en première classe a péri au cours du naufrage, 49 bambins se trouvant en troisième classe ont perdu la vie. On comprend maintenant pourquoi plusieurs ont surnommé le Titanic le Jouet des riches. Ce véritable château flottant mesurait 291 m de long, 33 m de haut et 31 m de large. Il pesait plus de 46328 tonnes et comptait 10 ponts.
Les cabines de première classe se distinguaient par leur très grand luxe. Les salles à manger pouvaient accueillir jusqu’à 500 personnes.
La piscine creusée était la première du genre sur un navire de croisière. Les concepteurs de l’intérieur des salles de bal s’étaient inspirés du style Louis XV. Avec les dorures, les candélabres, les verreries, les boiseries, le tapis et le whisky, avec les motifs des tapisseries représentant des chérubins effleurant des harpes et des bergers jouant de la flûte, on peut dire que c’est tout ce que l’époque pouvait compter de prétentions qui a coulé avec le Titanic.
Les premières classes
En première classe, chaque cabine était unique. Les passagers de première classe occupaient la partie centrale du navire, au niveau des trois ponts supérieurs, puisque c’est là que les mouvements du bateau étaient le moins intenses. Les plus riches disposaient de luxueuses cabines, pour les quelles ils avaient parfois payé la somme faramineuse de $5,000. Aménagés sur le pont promenade, ces appartements, chacun pourvu de sa promenade privée, offraient une vue directe sur la mer. Avec leur salon, leur salle à manger, leurs chambres, leur salle de bains et leurs toilettes, ces cabines étaient aussi somptueuses que les suites des plus grands hôtels.
Chacune avait sa décoration propre. Certaines disposaient même d’un personnel de service attitré, ou encore, de chambres supplémentaires permettant à leurs hôtes de bénificier, durant la traversée, du service de leur propre femme de chambre ou valet.
Des installations luxueuses
A la mesure des aménagements privés grandioses, on trouvait au centre du navire un grand escalier à double volée avec une rampe en fer forgé et des panneaux de bois sculpté; il reliait le pont promenade au pont supérieur. Trois ascenseurs desservaient aussi les ponts donnant accès aux appartements de première classe. Sur le pont promenade, on trouvait un grand salon, une bibliothèque, un boudoir pour les femmes ainsi qu’un bar encadré de deux verandas, par lesquelles on pouvait accéder à la plage arrière et contempler la mer. Sur le pont à verrière, les passagers de première classe, protégés de la pluie et du vent pas de grandes baies vitrées, pouvaient admirer le soleil couchant.
C’était toutefois sur le pont supérieur que l’on trouvait la pièce la plus impressionnante: la grande salle à manger. Mesurant 55 m sur 28 m, elle pouvait accueillir plus de 500 convives et était dotée d’un équipement complet (fours, rôtisseries, grille-pain, cafetières, etc.). Le soir dans l’éclat des lumières et des robes scintillantes, la salle prenait un aspect féerique.
Comme tous les paquebots, le Titanic disposait de boutiques, d’un salon de coiffure, d’un cabinet médical, d’un orchestre et d’un gymnase. Ce dernier était une des grandes attractions du navire. Les passagers pouvaient y faire de la musculation, de l’aviron, de la bicyclette stationnaire, ou encore, juchés sur des chevaux mécaniques, de « l’équitation ». Très populaires, le Café parisien, le court de squash, le bain turc et la piscine de 10 m sur 5 m étaient d’autres importantes installations du Titanic.
Les classes inférieures
La plus part des cabines des passagers de deuxième classe se trouvaient à l’arrière du navire. Elles étaient desservies par un escalier et un ascenseur. Moins luxueuses que celles des premières classe, elles étaient néanmoins très confortables. Ces cabines disposaient de vrais lits, et certaines avaient même leur propre salle de bains. Une salle à manger de 20 m de longueur, une bibliothèque, un vaste salon et un fumoir étaient à la disposition des passagers. L’arrière du pont bain de soleil leur était également réservé.
Quant aux installations de troisième classe, elles étaient nettement supérieures à celles que l’on trouvait habituellement sur les paquebots de l’époque. La White Star avait en effet renoncé à entasser les émigrants dans des dortoirs de 50 personnes. Il y avait bien quelques chambres à 8 ou à 10 couchettes à l’avant du navire, mais la plus part des cabines n’en contenaient qu’entre 2 et 6. Ces cabines étaient situées à l’avant et à l’arrière du paquebot, entre le pont principal et le pont inférieur (c’est à ce dernier niveau que l’on trouvait les soutes à charbon, les chaudières et les moteurs). Les passagers de troisième classe disposaient d’une vaste salle à manger pouvant accueillir 473 personnes, d’une salle de réunion de 100 m², d’un fumoir, d’un pont promenade situé sur la plage arrière du navire et d’un espace ouvert, avec tables et chaises, situé sur le pont salon, à l’avant du paquebot.
Au coeur du navire
L’Olympic et le Titanic étaient divisés en 15 cloisons et 16 compartiments étanches. La fermeture des portes étanches se fait depuis la passerelle, manuellement ou automatiquement par l’intermédiaire de flotteurs de sécurité. On retrouve un double fond dans la partie inférieure de la coque.
Il mesurait 269 mètres de long par 28.5 mètres de large. Sa hauteur, par rapport à la ligne de flottaison, était de 19 mètres de haut au sommet de l’étrave, 22 mètres à la passerelle de navigation, 24 mètres au pont des embarcations, 42 mètres au sommet des cheminées, 30 mètres au nid de pie et de 64 mètres au sommet des deux mâts. La distance entre les deux mâts était de 183 mètres. La hauteur, du fond de la cale à la ligne de flottaison était de 10,5 mètres. Il possédait 4 cheminées rouges avec une manchette noire d’une hauteur de 22 mètres aux ponts des embarcations et de 46 mètres de haut par rapport au plancher des chaufferies. Elles avaient un diamètre de 7,6 mètres. Les trois premières étaient directement reliées aux chaufferies tandis que le 4e servait qu’à l’aération du navire.
Avec ses 6 compartiments de chaufferies, la vapeur étaie produite par 29 chaudières et 159 foyers alimentés par 13000 mètres cubes de charbon entassé dans 6 soutes.
Il était propulsé par deux machines alternatives à vapeur produisant 30000 CV et une turbine basse-pression produisant 16000 CV actionnant 3 hélices à 4 pales de 7 mètres de diamètre pesant en tout 98 tonnes. Ce qui le faisait avancer à une vitesse de croisière de 22 nouds et une vitesse maximale de 26 nouds. Il pouvait déplacer 52250 tonnes comprenant 900 hommes d’équipage, 905 passagers de 1ère classe, 564 passagers de 2e classe et 1134 passagers de 3e classe.
La coque était faite de plaques d’acier rivetées. Une double coque. Elle était peinte en noir pour la partie visible et en rouge pour la partie sous l’eau. La manchette supérieure était blancne avec un liseret jaune.
On y retrouve comme exclusivité pour ces supers-liners une station de T.S.F, un central téléphonique de 50 lignes, 4 ascenseurs et un appareil de détection acoustique d’obstacles immergés.
Voici un aperçu de la quantité de Chargement
- Provisions embarquées à Southampton :
- Viande Fraiche : 166 tonnes
- Volaille : 55 tonnes
- Poisson frais : 24 tonnes
- Bacon et jambon : 13 tonnes
- Saucisses : 5,5 tonnes
- Poisson séché ou salé : 9 tonnes
- Oeuf frais : 13 tonnes
- Lait frais : 7 000 litres
- Crème fraiche : 1 000 litres
- Farine : 37 tonnes
- Lait condensé : 2 200 litres
- Beurre : 13 tonnes
- Sucre : 5 tonnes
- Céréales : 450 tonnes
- Pommes de terre : 40 tonnes
- Oignons : 35 000
- Laitues : 7 000
- Asperges : 800 bottes
- Petits pois : 5,5 tonnes
- Tomates : 7,7 tonnes
- Pommes : 3 180 caisses
- Oranges : 180 caisses
- Pamplemousses : 80 caisses
- Citrons : 50 caisses
- Raisins secs : 450 Kgs
- Confiture : 500 Kgs
- Café : 1 tonne
- Thé : 450 Kgs
- Pain de mie : 1 tonne
- Glaces : 1 500 litres
- Bière : 15 000 bouteilles
- Vin : 1 000 bouteilles
- Alcools : 850 bouteilles
- Eau minérale : 1 200 btles
- Cigares : 8 000
- Pièces de vaisselle :
- Assiettes et plats : 57 600
- Couverts : 44 000
- Verres et récipients : 29 000
Analyse Chronologique du naufrage
Le 14 avril 1912, deux jours après l’appareillage, cinq ans après le souper au cours duquel était né le rêve, la température chute dramatiquement. Le navire approche de Terre-Neuve. A ce moment, le Titanic fend l’Atlantique Nord à une vitesse de 22 noeuds, soit 700 m à la minute.
Le Capitaine Smith
23h40 : la nuit de dimanche le 14 avril 1912, les veilleurs Fleet et Lee dans la hune du grand mat se penchent en avant, les yeux écarquillés, un iceberg sort de la brume droit devant à environ 600 mètres de la coque. Fleet se tourne et sonne trois coups de cloche.Il prend le téléphone et appelle l’officier Murdock :
Iceberg droit devant.
« Merci », répond Murdoch. Avant même de raccrocher, l’officier commande :
« La barre à bâbord toute. »
L’homme de barre tourne au maximum la barre à bâbord. Simultanément, Murdoch actionne le transmetteur d’ordres :
« Stoppez les machines, en arrière toute »
et commande la fermeture des cloisons étanches.
Après de longues secondes d’attente, le Titanic finit par se déplacer à bâbord, mais il va trop vite, il tourne très lentement. L’impact est inévitable.
23h45 : c’est l’impact. Le Titanic heurte un iceberg qui déchire la coque du navire sur plus de 90 m de long. L’iceberg éventre les 6 premiers compartiments étanches faisant pénétrer de l’eau en grande quantité. De nombreux morceaux de glace tombent sur le pont en face de la timonerie.
Le capitaine se lève au moment de l’impact et va voir ce qui ce passe à la passerelle. Il questionne l’officier Murdoch.
-Qu’est-ce qui c’est passé ?
-Nous sommes entrés en collision avec un iceberg.
-Commandez la fermeture des cloisons étanches.
-C’est déjà fait » dit l’officier Murdoch.
Smith se tourne vers l’officier Boxhall et dit :
« Allez inspecter les dégâts »
Il fait reprendre la marche avant lente. Il jette un coup d’oil sur l’habitacle de la timonerie et voit que l’indicateur d’assiette affiche une inclinaison de 5° sur tribord. Le capitaine fait alors à nouveau arrêter les machines.
0h00 : Smith se rend auprès du radio Phillips, il l’interrompt alors qu’il transemttait des messages aux familles des passagers et lui dit :
« Lancez des C.Q.D a tous les navires qui pourront nous entendre, nous sommes entrés en collision avec un iceberg et nous coulons à pic. Notre position est 41o441 Nord 50o241Ouest »
Peu après, la station télégraphique de Terre-Neuve reçoit le message suivant:
« Avons touché iceberg. Sommes fortement endommagés. Accourez. Aide. »
A ce moment, Boxhall revient de son inspection. Tout semble en ordre. Smith, douteux lui demande de faire une inspection plus approfondie avec l’ingénieur en chef Thomas Andrews qui est sur le navire.
0h15 : Ils remontent à la passerelle le visage sombre et Andrews prend la parole :
« Avec l’ampleur des dégâts, le Titanic en à pour une heure – une heure et demi à flotter, deux heures tout au plus »
.Le capitaine Edward Smith, un homme de mer expérimenté (à 62 ans, il est le capitaine le mieux payé du monde), prend la décision de faire évacuer le navire. Andrews se retourne, affolé, vers Smith et lui rappelle :
« Nous manquons de canots, il y a de la place pour seulement 1178 personnes sur 2227 passagers. Près de la moitié des passagers de ce navire sont condamnés à mort. »
Entre 0h15 et 2h17, plusieurs navires ont entendus les C.Q.D. de Phillips comme le Mount Temple qui se trouvait à 95 Km du naufrage, le Frankfurt qui se trouvait à 285 Km, le Bismark qui se trouvait à 130 Km, le Baltic qui, par chance, réussit à l’entendre vu qu’il se trouvait à 450 Km, le Virginian qui se trouvait à 315 Km et finalement le Carphatia qui part à toute vapeur après avoir capté un message
0h25 : Le Titanic envoie le premier S.O.S. de l’histoire maritime.
0h40 : les canots sont enfin parés pour l’évacuation.
0h45 : les hommes de bord reçoivent l’ordre d’avertir tous les passagers de s’habiller chaudement, de mettre leurs gilets de sauvetage et de sortir à l’extérieur. Ils font embarquer des passagers dans les canots de sauvetage.
Le premier canot est descendu. Il compte 65 places, mais seules 28 personnes montent à bord. Certain passagers regardent les premiers rescapés vers la mer en criant :
« Eh ! Quand vous remonterez à bord, n’oubliez pas de montrer vos tickets ! »
La catastrophe est inéluctable, mais la confiance règne encore. Un deuxième canot est mis à la mer avec seulement 12 passagers à bord. Bruce Ismay, le directeur de la White Star Line, prend place dans l’une des embarcations. Plus tard, il se justifiera en disant qu’il n’y avait plus de femmes ni d’enfants lorsqu’il a décidé de sauver sa peau…
Certaines personnes font néanmoins preuve de courage. Mme Straus refuse de quitter son mari, avec qui elle périra. Benjamin Guggenheim, après avoir enfilé son costume de soirée, monte sur le pont pour mourir, déclarant simplement:
» Dites à ma femme que je me suis conduit dignement. »
La loi exigeait que l’ensemble des canots de sauvetage du Titanic offrent 962 places. Il en comptait 1178. Seulement, le navire avait à son bord 2220 passagers. Autre fait qui rend le naufrage encore plus dramatique : 472 des places disponibles n’ont pas été utilisées.
Lorsque le dernier canot s’est éloigné, vers 2 h du matin
0h55 : commence la descente des canots de sauvetage. C’est alors que l’on lance les premières fusées de détresse, ce qui cause un moment de panique chez les passagers qui commencent à se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Andrews va voir les préposés aux chaloupes, fou de rage, et leur dit :
» Remplissez les chaloupes à leur nombre maximal, vous le savez qu’il manque de chaloupes «
La mise à l’eau des canots
Les canots nos 5 et 7 ont été parmi les premiers à être mis à l’eau, du côté tribord. Sous la direction de l’officier Pitman, ils allaient être amarrés l’un à l’autre pendant la nuit.
Le canot no 6 s’éloigne du bateau. A son bord, il y a, entre autres, le major Peuchen, Molly Brown, la vigie Frederick Fleet et le maître de manœuvre Hichens.
Le canot no 3 s’éloigne à son tour. Mais l’homme d’équipage et le barreur sont si peu expérimentés qu’ils reviennent accidentellement vers le paquebot en train de sombrer.
Le canot no 1, d’une capacité de 40 passagers, n’en contient que 12, dont le couple Gordon et 7 membres de l’équipage.
Les musiciens jouent sur le pont, près de l’entrée de la section première classe, du côté bâbord.
Le canot no 8 transporte 28 personnes, dont la comtesse de Rothes, qui sera plus tard au gouvernail.
Avec 56 personnes à son bord, le canot no 9 s’éloigne à tribord.
Des fusées de détresse sont lancées à partir du pont tribord.
Le canot no 12, à bâbord, transporte 40 femmes et enfants, en plus de 2 marins. Quand l’embarcation rejoint finalement le » Carpathia », venu porter secours, elle compte à son bord plus de 70 personnes.
Le canot no 14 déjà plein, un groupe de passagers cherchent à sauter dans l’embarcation. L’officier Lowe tire dans les airs pour rétablir l’ordre.
Le canot no 10 s’éloigne du côté bâbord. Il s’amarrera plus tard aux canots nos 4 et 12 ainsi qu’au canot D1.
Le canot no 16 est prêt pour la mise à l’eau, avec 56 personnes à son bord.
Le plus chargé des canots de sauvetage, le no 11, part du bateau, transportant environ 70 passagers.
Réunissant 64 personnes à son bord, le canot no 13 vient d’être mis à la mer. Des remous causés par le déséquilibre du paquebot forcent le maître de manœuvre à éloigner rapidement l’embarcation.
Les passagers et l’équipage continuent de s’agglutiner sur la poupe, au fur et à mesure qu’elle s’élève au-dessus de l’eau.
Le canot C est descendu avec 39 personnes à bord, dont Bruce Ismay, président de la White Star Line.
Le canot no 2, mis à l’eau près du pont à bâbord, s’éloigne en transportant 25 passagers. Sa capacité est de 40 places.
On refuse à John Jacob Astor l’accès au canot no 4. Il dit aurevoir à son épouse qui a pris place dans l’embarcation avec d’autres dames riches et leurs femmes de chambre.
Plus de 1500 personnes sont encore sur le bateau lorsque, vers 2 h, le canot D est prêt à être mis à l’eau, avec 44 femmes et enfants à son bord. Pour éviter une émeute, les hommes d’équipage forment un cordon et l’officier Lightroller menace la foule avec un revolver.
Les hommes d’équipage tentent de dégager le canot B du toit des appartements des officiers. L’embarcation tombe sur le pont, à l’envers, et part à la dérive, servant de bouée à 28 hommes.
Le canot A, aussi placé sur le toit des appartements des officiers, reste à la surface alors que le paquebot s’engouffre dans l’océan. Plus d’une douzaine de naufragés grimpent à bord du canot à moitié rempli d’eau.
vers 2h00 : les 16 canots de sauvetage sont occupés de passagers et s’éloignent. L’orchestre joue toujours sur le pont et 1500 personnes se trouvent alors encore sur l’épave. Ils périront tous.
2h18 : les passagers entendent des craquements entre la 3e et la 4e cheminée quand, tout à coup, le navire se coupe en deux. Plusieurs passagers sont tués lors de la coupure. La partie avant coule faisant redresser la partie arrière.
2h20 : la partie arrière coule aspirant plusieurs passagers sous l’eau. Plus de 1500 personnes sont condamnées à se noyer dans l’eau glaciale de l’Atlantique-Nord. Plusieurs passagers demandent aux commandants des canots de se rapprocher du lieu du désastre pour aller chercher leurs maris ou leurs femmes qui ne sont pas encore morts. Certains matelots, traumatisés par le naufrage refusent de bouger d’un seul pouce. Un canot se rend sur les lieux et réussit à sauver 9 personnes d’une mort certaine.
4h10 : Une lueur d’espoir surgit, les naufragés se réveillent et voient un navire apparaître dans cette matinée magnifique, c’est le Carphatia qui est finalement arrivé sur le site du naufrage. Les canots 4, 10, 12 et B arrivent en premier mais à la dernière minute, le radeau B est laissé à la dérive. Les canots 14, D et A prennent le radeau B au passage et se rendent au Carphatia. Les autres canots arriveront plus tard dans la matinée.
Des 868 survivants, 711 ont été rescapés par le Carpathia, arrivé sur les lieux du drame vers 5 h du matin. L’équipage de ce navire a mené une opération de sauvetage qui a duré sept heures. A propos de l’horreur du spectacle qui s’offrait à ses yeux, une survivante dira : « Il y avait les cris, les appels à l’aide de gens qui couraient… Nous pensions que rien, jamais, ne pourrait être pire que ces cris. Mais, après, il y a eu le silence… Le silence de la mort… »
Après le départ du Carphatia en direction de New-York avec les survivants du Titanic, le Birma, le Californian et le Mount Temple explorent les lieux du désastre. Pas un corps ne flotte à la surface, aucun débris (ils furent sans doute emprisonnés par la banquise formée pendant la nuit du naufrage). Le Carpathia arrive le 18 Avril à New-York. Ils descendent les canots de sauvetages et vont les porter au bassin no 42, où le Titanic devait accoster.
Plus d’info sur le titanic sur ce SUPERBE Site http://www.legag.com/titanic/