Aileen Carol Wuornos, née le à Rochester dans le Michigan et morte le à Starke en Floride, est une tueuse en série américaine, surnommée « La Demoiselle de la Mort ».
Elle est condamnée à la peine de mort par injection létale pour l’assassinat d’au moins sept hommes en Floride entre novembre 1989 et novembre 1990. Selon elle, ces derniers l’auraient violée ou auraient tenté de le faire alors qu’elle exerçait son activité de prostituée. Elle est reconnue coupable et condamnée à mort pour six des meurtres, un des corps n’ayant jamais été retrouvé, et est exécutée par injection létale le à la prison d’état de Floride, à Starke dans le comté de Bradford.
Biographie
Enfance
Aileen Carol Wuornos est née sous le nom de Susanne Carol Pittman à Rochester dans le Michigan. Elle a un frère aîné prénommé Keith, né en . Sa mère, Diane Pratt, a 15 ans lorsqu’elle épouse Leo Dale Pittman le . Moins de deux ans après cette union et deux mois avant la naissance de Wuornos, Pratt divorce. Pittman est un pédophile, violeur d’enfants, qui a passé la majeure partie de sa vie à aller en prison et à en sortir. Wuornos n’a jamais rencontré son père car, quand elle est née, il était en prison pour viol et tentative de meurtre sur un petit garçon de huit ans. Leo Pittman est étranglé par un codétenu en 1969. En janvier 1960, Pratt abandonne ses enfants, les laissant avec leurs grands-parents maternels d’origine finlandaise1, Lauri et Britta Wuornos à Troy (Michigan). Keith et Aileen sont adoptés légalement le 18 mars 1960 par la famille Wuornos et prennent leur patronyme.
Dès son plus jeune âge, Aileen Wuornos a des relations sexuelles avec de multiples partenaires dont son propre frère. à l’âge de quatorze ans, elle tombe enceinte, déclarant que la grossesse est la conséquence d’un viol par un inconnu. Elle donne naissance, le 23 mars 1971, à un garçon à la Maison des Mères Célibataires de Détroit. L’enfant est immédiatement placé afin d’être adopté. Le 7 juillet 1971, Britta Wuornos décède d’une cirrhose du foie après que Aileen et son frère sont mis sous tutelle. Lorsqu’elle atteint ses quinze ans, son grand-père la chasse de la maison et Aileen Wuornos commence à subvenir à ses besoins comme prostituée.
Premiers délits
Le , elle est interpellée dans le comté de Jefferson dans le Colorado, pour conduite en état d’ivresse, comportement contraire aux bonnes mœurs et tir au pistolet de calibre 22 à partir d’un véhicule en mouvement. Elle est condamnée par défaut puisqu’elle ne se présente pas au tribunal.
En 1976, elle fait de l’auto-stop jusqu’en Floride, où elle rencontre Lewis Gratz Fell ( — ), âgé alors de 69 ans et président d’un yacht-club. Ils se marient la même année, l’annonce de leur union est même publiée dans les pages du journal local. Cependant, Aileen Wuornos continue à être régulièrement impliquée dans des altercations au bar local et est finalement envoyée en prison pour violence. Elle frappe également Fell avec sa propre canne, ce qui le conduit à demander une injonction à son encontre, à la suite de laquelle elle retourne dans le Michigan.
Le , elle est arrêtée dans le Comté d’Antrim (Michigan) pour voie de fait et trouble à l’ordre public après avoir provoqué un esclandre dans un bar, et après qu’elle a lancé une boule de billard à la tête d’un barman. Trois jours plus tard, le , son frère Keith meurt d’un cancer de la gorge. Wuornos bénéficie des 10 000 $ de son assurance-vie qu’elle dilapide en quelques semaines. Wuornos et Fell divorcent le 21 juillet après neuf semaines de mariage.
Le , elle est arrêtée à Edgewater en Floride pour l’attaque à main armée d’un commerce de proximité. Elle est condamnée à une peine de prison ferme le et est libérée le .
Le , Aileen Carol Wuornos est de nouveau arrêtée après avoir tenté de déposer des chèques contrefaits dans une banque de Key West. Le , elle est suspectée du vol d’un revolver et de munitions dans le comté de Pasco.
Le , elle est arrêtée à Miami pour vol de véhicule, résistance à l’arrestation et obstruction à l’enquête par production de fausses informations (elle avait déclaré se nommer Lori Grody qui était en fait le nom de sa tante). La police de Miami découvre un revolver de calibre .38 ainsi qu’une boîte de munitions dans la voiture volée.
Le , des shérifs adjoints du comté de Volusia retiennent et interrogent Aileen Carol Wuornos après qu’un compagnon masculin l’a accusée d’avoir sorti une arme à feu dans sa voiture et de lui avoir réclamé 200 $. Un pistolet de calibre .22 et une boîte de munitions sont retrouvés sous le siège passager que Wuornos occupait.
Durant la même période, Aileen Carol Wuornos rencontre Tyria Moore, une femme de ménage dans un hôtel, dans un bar gay de Daytona. Elles s’installent ensemble, Aileen assurant le quotidien par ses revenus provenant de la prostitution. Le , la police de Daytona reteint les deux femmes pour un interrogatoire à la suite d’un nouvel incident dans un bar où elles sont accusées de coups et blessures avec une bouteille de bière.
Le , elle accuse un conducteur de bus de Daytona d’agression. Elle déclare qu’il l’a poussée hors du bus après une altercation. Moore est enregistrée comme témoin de l’incident.
Meurtres
Richard Mallory, 51 ans, était le propriétaire d’un magasin de réparation électronique de Clearwater, en Floride. Il lui arrivait de fermer boutique brusquement et de disparaître durant quelques jours pour se saouler et trouver des filles… Il avait divorcé 5 fois, et changé les serrures de son appartement 8 fois en trois ans. Il ne gardait ses employés que le temps d’éponger le retard qui s’était accumulé durant sa dernière « escapade », rompant leur contrat lorsque les commandes reprenaient un cours normal. Ses seules constantes étaient l’alcool, la pornographie et les prostituées.
Ainsi, lorsqu’il n’ouvrit pas son magasin, début décembre 1989, personne ne s’en étonna vraiment. Personne n’était d’ailleurs assez proche de lui pour remarquer son départ. Il fallut attendre la découverte de sa Cadillac, quelques jours plus tard, abandonnée dans un bois en dehors de Daytona (dans le comté de Volusia), pour que l’on commence à se poser des questions. Son portefeuille et ses papiers personnels étaient éparpillés à côté du véhicule, ainsi que des préservatifs et une bouteille de vodka à moitié vide. Les policiers trouvèrent des taches de sang derrière le siège conducteur.
Douze jours plus tard, le 13 décembre, deux hommes cherchaient de la ferraille le long d’une route proche de l’Interstate 95, au nord de Daytona Beach, dans le Comté de Volusia, lorsqu’ils découvrirent un corps enveloppé dans un vieux tapis. Les empreintes relevées précautionneusement sur les mains déjà décomposées permirent d’identifier Richard Mallory. Il avait été tué de trois balles d’un calibre .22.
Plusieurs mois d’investigation sur son style de vie et parmi ses connaissances douteuses ne produisirent aucune piste intéressante. Les enquêteurs soupçonnèrent durant un moment une strip-teaseuse dénommée « Chastity » (sic) mais finirent par abandonner, par manque de preuve.
Charles « Dick » Humphreys, 56 ans – le 19 mai 1990 : Humphreys était un commandant en retraite de l’U.S. Air Force, un ancien enquêteur de mauvais traitements aux enfants pour le compte de l’état de Floride et un ancien chef de la police. Dick Humphreys ne rentra jamais chez lui après son dernier jour de travail au « Département de la Santé et des Services de réhabilitation » de Floride, à Sumterville. Spécialisé dans les affaires d’enfants maltraités, il était sur le point de déménager au bureau d’Ocala. Il avait 56 ans et avait d’abord été chef de la police dans l’Alabama. Il célébra son 35ème anniversaire de mariage le 10 septembre et disparut le lendemain. Le soir du 12, son corps fut découvert dans le Comté de Marion. Il avait été abattu de six balles de calibre .22, une septième avait traversé son poignet. Sa voiture fut retrouvée le 19 septembre dans le comté de Suwanee, les plaques d’immatriculation manquantes.
Le 1er juin 1990, un autre corps nu, ne portant qu’une casquette de baseball, fut découvert dans les bois du Comté de Citrus, en Floride, à 60 km au nord de Tampa. Les enquêteurs trouvèrent, entre autres, des préservatifs sur le sol.
La police soupçonna d’abord Matthew Cocking, le géomètre qui avait découvert le corps : il portait un pistolet sur lui et lançait des obscénités ou des injures à quiconque lui posait des questions sur sa découverte.
Mais l’identification du corps une semaine plus tard comme étant celui de David Spears, 43 ans, originaire de Bradenton, en Floride, innocenta Matthew Cocking. David Spears était un chauffeur de poids lourd que l’on avait vu pour la dernière fois le 19 mai, alors qu’il allait rendre visite à son ex-épouse à Orlando. Son pick-up avait été découvert une semaine plus tôt sur le bord de l’Interstate 75, dans le comté de Marion, les portes ouvertes et sans ses plaques d’immatriculation. On avait également volé sa boîte à outils.
Le 6 juin, 45 km plus au sud, dans le Comté de Pasco, un autre corps nu fut découvert à quelques kilomètres de l’Interstate 75. Il était tellement décomposé que les médecins légistes ne parvinrent pas à relever d’empreintes digitales et ne purent déterminer la date du décès. Les neuf balles enlevées du corps étaient rongées par la décomposition, mais l’on put établir qu’elles provenaient d’un calibre .22.
Le corps fut plus tard identifié comme celui de Charles Carskaddon, 40 ans, un monteur de rodéos originaire de Booneville (Missouri). Il avait disparu depuis le 31 mai 1990, sur la I-75, alors qu’il allait voir sa fiancée à Tampa. Le 7 juin, son véhicule fut retrouvé dans le comté voisin de Marion. On avait volé plusieurs objets à l’intérieur, dont un pistolet de calibre .45.
Le 4 juillet 1990, une voiture zigzagua sur la State Road 315, près d’Orange Springs (comté de Marion), sortit de la route et termina sa course dans des buissons. Rhonda Bailey, qui était assise sous son porche et avait vu l’accident, affirma que deux femmes émergèrent de la voiture, jetant des canettes de bières dans les bois et s’insultant l’une l’autre. La brune ne disait pas grand-chose, mais la blonde, dont le bras saignait à cause de l’accident, criait sur l’autre.
La blonde remarqua que Rhonda Bailey les avait vues et la supplia de ne pas appeler la police, affirmant que son père vivait tout près. Elles remontèrent dans la voiture, dont le pare-brise était à présent brisé, et sortirent le véhicule des buissons. Mais elles n’allèrent pas bien loin et abandonnèrent la voiture endommagée au bord de la route pour partir à pied. Un pompier volontaire d’Orange Springs fut prévenu par un passant et se rendit sur les lieux. Il croisa les deux femmes et leur demanda si elles étaient « celles de la voiture ». La blonde jura et lui répondit par la négative, assurant qu’elles n’avaient pas de voiture et n’avaient besoin de rien. Il les laissa partir. Les adjoints du shérif du Comté de Marion trouvèrent la voiture, une Pontiac Sunbird grise de 1988. Le pare-brise et les vitres avant étaient brisées. Il y avait des taches de sang un peu partout, à l’intérieur, une empreinte sanglante sur une poignée de porte, et les plaques d’immatriculation avaient disparu. Une recherche basée sur le numéro d’identification du véhicule (gravé sur le châssis) révéla que le véhicule appartenait à Peter Siems, qui avait disparu le 7 juin 1990, après avoir quitté sa maison de Jupiter, en Floride, afin de se rendre chez des amis, dans l’Arkansas. Siems, 65 ans, était un commerçant à la retraite devenu missionnaire, qui passait le plus clair de son temps dans une mission chrétienne d’aide aux nécessiteux. John Wisnieski, de la police de Jupiter (à 300 km au sud d’Orange Springs), qui enquêtait sur la disparition de Siems depuis le début, envoya un télétype national contenant les descriptions des deux femmes (fournies par le pompier qui les avait croisées), un résumé de son affaire et des portraits-robots au « Bulletin d’Activité Criminelle de Floride ».Sans trop d’espoir.
Eugene Troy Burress, 50 ans, se rendit tôt le matin du 30 juillet à son emploi de livreur à la Gilchrist Sausage. Lorsqu’il ne revint pas de son circuit de livraison, sa directrice tenta de se renseigner et découvrit que Burress n’avait pas fait sa toute dernière livraison. Le soir, elle et son époux firent le tour de la ville à sa recherche. À 2h du matin, l’épouse d’Eugene Burress déclara à la police qu’il avait disparu.
À 4h du matin, les adjoints du shérif du Comté de Marion découvrirent son camion sur le bord de la State Road 19, à 30 km à l’est d’Ocala. Il n’était pas fermé et les clés n’étaient plus sur le tableau de bord. Le corps de Burress fut trouvé par une famille qui pic-niquait dans la Ocala National Forest, 4 jours plus tard, non loin de la Highway 19, à une douzaine de kilomètres de son camion.
La chaleur et l’humidité de la Floride avaient accéléré la décomposition, excluant toute identification, mais l’épouse de Burress reconnut son alliance. Il avait été abattu de deux balles d’un pistolet de calibre .22, une dans le torse et l’autre dans le dos. Non loin, la police trouva ses cartes de crédit, ses factures et un sac d’argent liquide d’une banque locale, vide. Le premier suspect de l’inspecteur John Tilley fut un vagabond nommé Curtis Blankenship. Il avait fait du stop sur la Highway 19 le jour de la disparition de Burress et avait été pris non loin du camion abandonné de la victime. Il devint toutefois évident, à mesure que l’enquête avançait, que Blankenship n’avait rien à voir avec le meurtre. Mais Tilley ne trouva pas d’autre suspect.
Walter Jeno Antonio, 62 ans – le 19 novembre 1990 : le corps en partie dénudé d’Antonio a été retrouvé le même jour près d’une route d’exploitation forestière dans le comté de Dixie.Il était chauffeur de camion, travaillait parfois comme vigile et était réserviste de la Police du comté de Brevard. Il avait été abattu de quatre balles de calibre .22.Sa voiture fut découverte cinq jours plus tard, dans le comté de Brevard, 300 km plus loin. La police détermina qu’on lui avait volé une chevalière en or, son badge de la police, sa matraque, ses menottes et sa torche. Il avait été tué de quatre balles. Sa voiture fut retrouvée, cinq jours plus tard, dans le comté de Brevard.
Interpellation et procès
Aileen Wuornos et Tyria Moore avaient abandonné la voiture de Peter Siems, après avoir été impliquées dans un accident de la circulation, le 4 juillet 1990 ; c’est à cette occasion que la police scientifique retrouva une empreinte palmaire de Wuornos au niveau d’une des poignées de porte. Les témoins de l’accident, qui avaient vu les passagères fuir du véhicule, se firent connaître auprès de la police et fournirent des descriptions des fugitives ce qui aboutit à une campagne médiatique afin de les localiser. La police avait également retrouvé des objets personnels des victimes dans des monts de piété, ces derniers étaient recouverts d’empreintes digitales correspondant à celles retrouvées dans les voitures des victimes ainsi que dans le rapport de police établi lors de la seconde interpellation de Wuornos de 1976.
Le 9 janvier 1991, Aileen Carol Wuornos fut arrêtée la première, lors d’une interpellation spectaculaire, dans un bar de motards, « The Last Resort » dans le comté de Volusia. La police localisa Moore, le lendemain à Scranton en Pennsylvanie. Celle-ci accepta d’obtenir les aveux de Wuornos en échange d’une procédure d’immunité judiciaire complète sur le ou les crimes dans lesquels elle aurait été impliquée. La police ramena Moore en Floride, où elle fut logée dans un motel. Suivant les instructions de la police, Moore téléphona à Wuornos à plusieurs reprises, lui demandant notamment son aide et qu’elle la disculpe. Trois jours plus tard, le 16 janvier 1991, Wuornos avoua les meurtres. Elle prétendit que les hommes avaient tenté de la violer et qu’elle avait agi par auto-défense.
Le 14 janvier 1992 débuta le procès concernant le meurtre de Richard Mallory. Bien que des délits antérieurs ne puissent normalement pas être évoqués lors d’un procès criminel, utilisant la jurisprudence Williams de l’état de Floride, l’accusation put néanmoins produire des preuves liées aux autres crimes afin de démontrer que le même modus operandi avait été suivi pour tous ces meurtres. Wuornos a été reconnue coupable du meurtre de Richard Mallory, le 27 janvier 1992 grâce au témoignage à charge de Moore. Lors de la sentence, les psychiatres, présentés par la défense, ont déclaré que Wuornos était instable mentalement et qu’ils avaient diagnostiqués des troubles de la personnalité avec des désordres mentaux assimilés à la schizophrénie. Aileen Wuornos fut une première fois condamnée à la peine capitale le 31 janvier 1992.
Le 31 mars 1992, Wuornos plaida coupable pour les meurtres de Charles Humphreys, Troy Burress et David Spears, déclarant qu’elle souhaitait « être droite vis-à-vis de Dieu ». Lors de sa déposition devant la Cour, elle déclara, « Je voulais vous rappeler que Richard Mallory m’a vraiment violée comme je l’avais précédemment déclaré. Mais les autres ne le firent pas. Ils ont seulement commencé à le faire ». Le 15 mai 1992, Aileen Wuornos fut de nouveau condamnée trois fois à la peine capitale.
En juin 1992, Wuornos plaida à nouveau coupable pour le meurtre de Charles Carskaddon et fut condamnée à la peine de mort pour la cinquième fois au mois de novembre 1992. La défense tenta durant le procès de prouver que Mallory avait essayé de commettre un viol dans un autre état, et qu’il avait été remis en liberté conditionnelle avec une grande mansuétude par l’institution de remise de peine de l’état du Maryland alors que celle-ci aurait du veiller à la prévention de nouvelles agressions sexuelles par ce dernier. La défense obtint et présenta les rapports de cette institution démontrant que, de 1958 à 1962, Mallory fut soumis à un traitement chimiothérapeuthique et mis sous observation à la suite de présomptions d’agressions dans l’intention de violer, et qu’au total il suivit huit années de traitement en contrepartie de sa liberté conditionnelle. Le juge refusa que ces éléments soient retenus par la Cour comme des preuves et rejeta la requête de Wuornos qui demandait un second procès.
En février 1993, Wuornos plaida coupable pour le meurtre de Walter Jeno Antonio et fut condamnée, une sixième fois, à la peine capitale. Aucune charge ne fut retenue contre elle pour le meurtre de Peter Siems puisqu’on ne retrouva jamais le corps de la victime.
Wuornos raconta plusieurs versions incohérentes à propos des meurtres. Elle affirma initialement que les sept hommes l’avaient violée alors qu’elle effectuait son activité de prostituée, puis elle se rétracta sur ses déclarations d’auto-défense. Durant un entretien accordé au documentariste Nick Broomfield, alors qu’elle pensait que les caméras et micros étaient débranchés, elle déclara à ce dernier qu’il s’agissait bien d’auto-défense et qu’elle ne devrait pas être présente dans le couloir de la mort, où elle séjournait depuis deux ans à ce moment, et qu’elle souhaitait mourir.
Exécution
L’appel de Wuornos auprès de la Cour Suprême des états-Unis fut rejeté en 1996. En 2001, elle annonça qu’elle ne ferait plus appel de sa condamnation à la peine capitale. Elle fit une requête auprès de la Cour Suprême de Floride pour se séparer de son conseil juridique et pour arrêter tous les appels, déclarant, « J’ai tué ces hommes, je les ai volés alors qu’ils étaient froids comme la glace. Et je le referais de nouveau. Il n’y a aucune raison de me garder en vie ou quoi que ce soit, car je tuerai encore. J’ai de la haine qui suinte de tous mes pores… j’en ai assez d’entendre cette chose, « elle est folle ». J’ai été examinée tellement de fois. Je suis compétente, saine et j’essaie de dire la vérité. Je suis celle qui déteste le plus fortement la vie humaine et je tuerais de nouveau. » La défense a soutenu qu’elle n’était pas en état pour eux d’honorer une telle requête.
Le Gouverneur de Floride, Jeb Bush, mandata 3 psychiatres afin d’avoir un entretien de 15 minutes avec Wuornos. Les questions auxquelles devaient répondre ces experts ont permis de conclure que la condamnée comprenait qu’elle allait mourir et pour quels crimes elle allait être exécutée. Tous 3 la jugèrent apte mentalement à être exécutée.
Wuornos accusa, lors de la dernière interview accordée au journaliste Nick Broomfield le 8 octobre 2002, les gardiennes de la prison d’avoir abusé d’elle. Elle les accusa de souiller sa nourriture, en crachant dedans, en lui servant des pommes de terres cuites dans de la saleté ou de la nourriture mélangée avec de l’urine. Elle s’est plainte également d’avoir surpris des conversations « tendant à la pousser à bout pour qu’elle se suicide avant son exécution » et « souhaitant me violer avant l’exécution ». Elle s’est plainte également de fouilles en étant dénudée, de se faire passer, à chaque fois qu’elle devait quitter sa cellule, les menottes si fermement que ses poignets en étaient meurtris, de coups de pied lancés contre la porte de sa cellule, de fréquents contrôles des fenêtres par les gardiennes, de pression basse de l’eau, de moisissures sur son matelas et de « miaulement de chat… avec le dégout et une pure haine à mon encontre. »Wuornos menaçait de faire la grève des douches ou des plateaux-repas quand certains fonctionnaires étaient de service. « En attendant, mon estomac gargouille et je prends des douches au lavabo de ma cellule. »
Son avocat déclara que « Madame Wuornos souhaitait seulement avoir un traitement approprié, un traitement humain jusqu’au jour de son exécution, » et « si ses allégations ne correspondaient pas à la réalité, celle-ci était vraisemblablement sujette à des hallucinations qui font qu’elle croit vraiment en ce qu’elle a écrit. »
Durant la dernière période de son appel, elle a accordé une série d’entretiens à Nick Broomfield. Dans le dernier d’entre eux, peu de temps avant son exécution, elle prétendit que son esprit était contrôlé par la « pression sonique » afin de la faire paraître folle ; elle a décrit sa mort imminente comme un voyage avec des anges à bord d’un vaisseau spatial. Lorsque Broomfield a essayé de la faire revenir sur ses déclarations précédentes relatives aux meurtres de ses victimes à la suite de réactions d’auto-défense, Wuornos devint livide, le maudit et mit fin à l’entretien. Elle commença ses invectives à Broomfield en disant : « Vous m’avez cassée, toi, la société, les flics et le système. Une femme violée va être exécutée et servir à écrire des livres, à faire des films et de la merde. » Ses derniers mots adressés à la caméra furent « Merci beaucoup, la société, pour expédier mon cul par voie ferrée. » Broomfield rencontra plus tard Dawn Botkins, un ami d’enfance de Wuornos, qui lui dit : « Elle est désolée, Nick. Ce n’est pas à toi qu’elle a fait un doigt d’honneur. Elle a fait un doigt d’honneur aux média et également aux avocats. Elle savait que si elle en disait plus, cela pourrait faire une différence pour son exécution imminente, aussi elle décida de ne pas le faire. »
Aileen Wuornos a été exécutée par injection létale le 9 octobre 2002 à la prison d’état de Floride (condamnée initialement à la chaise électrique, Aileen Wuornos opta pour l’injection létale devenu deuxième mode d’exécution légale en Floride en 2000). Elle fut la 10e femme à être exécutée aux états-Unis, depuis que la Cour Suprême a rétabli la peine capitale pour les femmes en 1976, et la 2e exécutée en Floride. Elle refusa son dernier repas et prit, à la place, une tasse de café. Sa dernière déclaration avant son exécution fut « Oui, je voudrais juste dire que je navigue avec la roche, et je reviendrai, comme la Fête de l’Indépendance avec Jésus. Le 6 juin, comme dans le film. Grand vaisseau mère et tout, je reviendrai, je reviendrai. »
Après l’exécution
Après son exécution, Aileen Wuornos fut incinérée. Ses cendres furent rapportées par Dawn Botkins dans son Michigan natal et il les dispersa sous un arbre. Elle avait demandé que la chanson Carnival de Natalie Merchant, l’ancienne chanteuse du groupe 10,000 Maniacs, soit jouée lors de ses obsèques. Lorsqu’on lui demanda pourquoi sa chanson passait en bande-son lors de la diffusion du générique de fin du documentaire de Nick Broomfield Aileen: Life and Death of a Serial Killer, Natalie Merchant commenta : « Quand le réalisateur Nick Broomfield m’a envoyé une cassette de son film, je fus si troublée par le sujet traité que je n’ai même pas osé la regarder. Aileen Wuornos était une torturée, a mené une vie de torturée qui dépasse mes pires cauchemars. Je n’étais pas d’accord jusqu’à ce que l’on m’ait dit qu’Aileen avait passé tant d’heures à écouter mon album Tigerlily dans le couloir de la mort et qu’elle avait demandé que la chanson Carnivalsoit jouée à ses obsèques que j’ai accordé l’autorisation pour l’utilisation de la chanson dans le film. C’est très étrange de penser aux endroits où va ma musique une fois que je l’ai composée. Si elle a pu lui apporter du réconfort, je dois être reconnaissante. »
Broomfield déclara plus tard :
« Je pense que cette colère s’est développée en elle. Et qu’elle subsistait par la prostitution. Je pense qu’elle a fait beaucoup de rencontres terribles sur les routes. Et je pense que cette colère s’est répandue. Et finalement elle a éclaté. Avec une violence incroyable. C’était sa façon de survivre… Je pense qu’Aileen a vraiment cru qu’elle avait tué pour se défendre. Je pense que quelqu’un qui est profondément psychotique ne peut faire la différence entre quelque chose qui menace réellement sa vie et un désagrément mineur , si vous disiez une chose avec laquelle elle n’était pas d’accord, elle pouvait entrer dans une colère noire à ce sujet. Et je pense que c’est pourquoi les choses se sont déroulées ainsi. En même temps, quand elle n’était pas dans ces humeurs extrêmes, il y avait une humanité incroyable en elle. »