En ce jour funeste, alors qu’il rentrait du travail, Hervé Even découvre le corps de sa femme dans une mare de sang. La jeune femme de 25 ans gît dans la cuisine. Elle a été égorgée et porte les traces de 51 coups de couteau. Une longue lame de cuisine est encore plantée dans le bas de son dos. Sa tête a été fracassée à coups de bûches. Une scène d’horreur.
Alors qu’il n’y a pas l’ombre d’un élément contre lui, ni de mobile, la justice se concentre sur le mari et le renvoie devant les assises de la Moselle. Le 30 mars 1996, Hervé Even est acquitté grâce au témoignage déterminant de la voisine qui habitait au-dessus du logement du couple. Le jour du meurtre, elle a été réveillée par un hurlement. Elle a regardé l’heure : 6 h 05. à cette heure-là, Hervé Even était à l’ouvrage dans son entreprise de cercueils.
Rebondissement apres 24 ans.
Quand une banale condamnation pour dégradation de véhicule permet de relancer l’enquête sur l’un des plus grands dossiers criminels de Lorraine. Une enquête a été rouverte sur le meurtre de Michèle Even, assommée, égorgée et frappée d’une cinquantaine de coups de couteau dans sa cuisine, le 9 mars 1991 à Bénestroff.
Confiée à la section de recherches de la gendarmerie, l’enquête a été rouverte durant l’été, a indiqué Maître Marc Hellenbrand, l’avocat du mari de la victime, Hervé Even, lui-même suspecté avant d’être acquitté du meurtre de son épouse en mars 1996.
« Ce ne serait pas permis de solliciter le procureur si on n’avait pas d’élément sérieux, laissant présumer qu’une piste a été écartée par la police et les autorités de gendarmerie à l’époque », explique Maître Marc Hellenbrand.
Même mode opératoire
L’enquête concerne un possible nouveau suspect, un homme condamné l’an dernier pour avoir vandalisé une voiture. En 2013, un gendarme qui n’était autre que le beau frère de la victime a été condamné pour harcèlement et dégradations. Quel rapport? Michèle Even avait reçu juste avant sa mort exactement le même type de menaces pour lesquelles l’homme avait été jugé et avait vu son véhicule dégradé de la même manière que le mode opératoire qu’il utilisait. L’homme aurait eu l’habitude de jeter son dévolu sur des femmes et de les menacer et des dégrader leurs biens si elles le repoussaient. Or à l’époque des faits, il aurait nourri des sentiments amoureux pour Michèle Even.
La question de la prescription criminelle
Et pire encore, le nom du retraité apparaît également dans le dossier du meurtre de Michèle Even. Mais à l’époque, ce proche de la famille n’a jamais été inquiété.
« On a des raisons de penser que des dégradations qui ont été commises sur le véhicule de M. Even et de son épouse, dans les semaines qui ont précédé le meurtre, étaient le fait d’une personne sur laquelle on n’a pas, ou peu, enquêté », reprend l’avocat. « Qui a été condamnée, il se trouve, récemment, avec un mode opératoire identique. Et mieux encore, il s’agit d’un proche de la victime ».
Même si l’enquête venait à prouver sa responsabilité, ce retraité pourrait ne jamais être jugé. Sauf dérogation, l’affaire pourrait tomber sous le coup de la prescription. Cette question risque de donner lieu à un « sérieux débat juridique, en matière criminelle, elle est de 10 ans, mais cette durée peut être suspendue en cas d’ « obstacle incontournable des poursuites au moment des faits », selon le procureur de Metz, Christian Mercuri.
Sources diverses: republicain-lorrain.fr,lefigaro.fr